Abandonner les combustibles fossiles et trouver des solutions alternatives qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre étaient au centre de la « Journée de la décarbonisation » vendredi à la Conférence des Nations Unies sur le climat en Égypte.Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de 2015 et prévenir les pires effets de la crise climatique, le monde doit abandonner les combustibles fossiles le plus rapidement possible, a déclaré Selwin Hart, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’action climatique.
« Il n’y a aucun argument autour de la science. Mais bien sûr, les pays en développement, en particulier les plus pauvres, auront besoin d’aide pour faire la transition vers un avenir basé sur les énergies renouvelables », a-t-il expliqué.M. Hart, qui est originaire de la petite nation insulaire de la Barbade et a agi en tant que négociateur dans le passé lors de plusieurs conférences des Nations Unies sur le climat (COP), a souligné que l’accent devrait être mis sur l’élimination des obstacles auxquels les pays en développement sont confrontés pour accélérer leur transition vers énergies renouvelables. « Par exemple, le coût du capital. Les investissements dans les énergies renouvelables, de par leur nature, sont à forte intensité de capital. Quatre-vingt pour cent de l’investissement doit être initial, car il faut acheter les panneaux solaires, le stockage des batteries et l’installation, et cela coûte cher », a-t-il souligné, ajoutant toutefois que les coûts de fonctionnement sont nuls car il n’est pas nécessaire d’acheter du pétrole ou du diesel pour alimenter une centrale d’énergie renouvelable.
Une comparaison frappante
L’expert a donné un exemple frappant des conditions injustes auxquelles sont confrontés les pays du monde en développement en matière de transition énergétique.« Je vais comparer l’Algérie et le Danemark. Le Danemark possède l’un des pires potentiels d’énergies renouvelables [tandis que] le potentiel d’énergies renouvelables de l’Algérie est probablement 70 fois plus élevé. Mais le Danemark a sept fois plus de panneaux solaires que l’Algérie. La raison en est le coût du capital », a-t-il expliqué, faisant référence au rendement attendu par ceux qui fournissent du capital aux entreprises.La communauté internationale doit tout faire pour résoudre ce problème, a-t-il déclaré. Pour M. Hart, la mobilisation des milliers de milliards de dollars nécessaires pour effectuer la transition devrait être l’objectif, au lieu d’injecter des capitaux dans de nouveaux projets de combustibles fossiles, qu’il considère comme un risque réel qui pourrait conduire à investir dans des actifs bloqués ou à transférer des dettes aux générations futures.
« Les combustibles fossiles sont une impasse, comme l’a dit un Secrétaire général… Nous devons augmenter le déploiement des énergies renouvelables à environ 60% de la capacité énergétique totale au cours des huit prochaines années, ce qui signifie environ un triplement de la capacité d’installation au cours de cette décennie », a-t-il ajouté.Et pour l’expert, c’est plus que possible, car le monde a triplé sa capacité d’énergie renouvelable au cours de la dernière décennie.
« Nous devons juste le refaire cette décennie. Les technologies sont là, la finance est là. Cela doit simplement être déployé au bon endroit, là où se trouvent les émissions et là où se trouvent la croissance démographique et la demande énergétique », a-t-il insisté.
Décarboniser l’industrie
La décarbonisation est un raccourci pour trouver des modes de vie et de travail alternatifs qui réduisent les émissions et capturent et stockent le carbone dans nos sols et notre végétation. Elle nécessite un changement radical de notre modèle économique actuel, axé sur la croissance à tout prix. Vendredi était la « Journée de la décarbonisation » à la COP27 à Charm El-Cheikh. Un nouveau rapport des Nations Unies souligne l’importance d’une action rapide et à grande échelle pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre des pays à forte intensité énergétique, qui représentent environ 25% des émissions totales de CO2 dans le monde et 66% dans le secteur industriel. L’étude pointe du doigt l’industrie du ciment, la sidérurgie, la chimie et la pétrochimie comme les principaux émetteurs et identifie les mesures pratiques clés pour leur permettre de passer à une économie neutre en carbone.« L’adoption d’approches d’économie circulaire pour aider à réduire les besoins en nouveaux matériaux sera cruciale à cet égard. Les solutions doivent être mises en œuvre sans délai », a déclaré la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies, Olga Algayerova, dans un communiqué.La principale recommandation est en effet « une économie circulaire du carbone », basée sur la réduction, la capture, la réutilisation et l’élimination du carbone, ainsi qu’un élan d’innovation et de recherche pour relever le défi posé par le besoin de hautes températures et les processus chimiques requis qui sont actuellement atteints le plus efficacement par la combustion de combustibles fossiles. Une autre recommandation clé est la création de secteurs industriels pour « partager les émissions » et réduire les coûts, créant des emplois verts et durables. Parallèlement, un plan directeur pour accélérer la décarbonation de cinq secteurs majeurs – l’électricité, le transport routier, l’acier, l’hydrogène et l’agriculture – a également été présenté ce vendredi par la Présidence de la COP27. Les gouvernements représentant plus de la moitié du PIB mondial, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont défini un plan d’action de 12 mois avec 25 actions collaboratives à mettre en œuvre d’ici la COP28 pour aider à rendre les technologies propres moins chères et plus accessibles partout.
- Pour approfondir voir aussi sur le site de l’ONU : Pour un climat vivable : les engagements en faveur du zéro émission nette doivent être étayés par des mesures crédibles