Face à un pétrole cher et bientôt rare, les projets de substitution par des plantations énergétiques font des agrocarburants une filière à la fois séduisante et controversée. En effet les enjeux sont multiples et touchent : à l’indépendance énergétique, à la souveraineté alimentaire, à l’industrialisation, au développement économique local, à la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Au Cambodge, au Bénin, au Mali et au Niger, le GERES souhaite montrer l’efficacité et la pertinence d’une stratégie de proximité comme levier de développement local en zone rurale.
ONG créée à Marseille en 1976, le GERES (Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités) mène des projets de développement durable innovants en région PACA et dans les pays du Sud. Préserver l’environnement, réduire les inégalités et la précarité tels sont les enjeux auxquels cette association tente de répondre en portant des projets d’efficacité énergétique, de mise en place d’énergies renouvelables et de développement d’activités économiques. Les programmes bénéficient de l’expertise terrain des collaborateurs du GERES et de leurs partenaires locaux. Concernant les agrocarburants, le GERES appuie la mise en place de filières raisonnées dite “de proximité” à base d’huile végétale pure obtenue par extraction, décantation et filtration à partir de graines oléagineuses non comestibles comme la pourghère (jatropha curcas). Dans cette logique de proximité, la production de carburant et la consommation se fait dans la même zone ce qui conduit à des retombées économiques essentiellement locales, réduisant ainsi la dépendance énergétique et garantissant des prix de carburant moins volatiles que les produits pétroliers. La production d’agrocarburant associée à un plan de développement énergétique local (électrification et services connexes) est donc un bon moyen d’améliorer les conditions de vie des zones rurales productrices. Cette approche qui recherche une valorisation locale permet aussi d’accroître la plus value au bénéfice des producteurs et consommateurs locaux. (par expemble le paiement des services rendus en graines ou en huile). Dans ce cadre, la taille des projets “agrocarburants” peut même garantir un impact positif sur l’environnement naturel et social en respectant les espaces naturels (biodiversité) ainsi que les productions alimentaires et en se substituant aux cultures de rente comme le coton actuellement en crise. De plus, la Jatropha est un arbuste qui permet de régénérer des terrains appauvris ou surexploités et de lutter contre l’érosion (haie vive), en produisant en parallèle un engrai naturel issu du tourteau résiduel. Dans le contexte africain, le développement des agrocarburants peut constituer une véritable opportunité de réduire la pauvreté énergétique rurale et améliorer les conditions de vie, tout en ayant un impact positif sur l’environnement. A lire sur le sujet : – Les biocarburants, un remède durable ? – L’Inde étudie l’arbre à pétrole – Madagascar carbure au vert