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Responsabilité Sociale des Entreprises

Core Values : les nouvelles frontières de l’entreprise

La RSE s'étend au-delà des frontières du développement durable

La Responsabilité Sociale des Entreprises a le vent en poupe, à plus forte raison depuis que les lois Grenelle I et II formalisent leurs obligations en la matière. Mais dans certains secteurs, la RSE s’étend au-delà des frontières du développement durable et s’intègre dans une posture spécifique au métier exercé.

Aller plus loin que les discours… et les obligations légales

Pour beaucoup de sociétés, mettre en place une politique de développement durable, c’est avant tout se conformer aux récentes obligations légales en la matière. Il s’agira alors principalement de produire un rapport sur le sujet, recensant les actions de l’entreprise. Pourtant, dès 2006, l’Organisation Internationale du Travail, à l’occasion d’une question à l’ordre du jour au Bureau International du Travail, écrivait : « La RSE est une initiative volontaire dont les entreprises sont le moteur et se rapporte à des activités dont on considère qu’elles vont plus loin que le simple respect de la loi ». Et dépasser les obligations légales pour remplir ce qu’elles considèrent être leur devoir vis-à-vis de la société est bien l’objectif de certaines entreprises, quand elles exercent par exemple dans des secteurs directement liés aux questions environnementales. En la matière, les entreprises de traitement des déchets ont un rôle essentiel à jouer. Chaque année en effet, ce sont 4 milliards de tonnes de déchets qui sont produites sur Terre, et parmi elles, seul un milliard est valorisé. Le solde est donc de 3 milliards de tonnes d’ordures, qui, année après année, viennent encombrer notre environnement, polluer nos sols, nos océans, et l’air que nous respirons. C’est cette problématique que Veolia Propreté, entreprise de gestion et de valorisation des déchets, a choisi de prendre à bras le corps en travaillant activement sur des actions de réduction et de transformation des déchets. Consciente des enjeux de cette activité, Veolia Propreté « s’engage durablement pour l’environnement » en devenant le premier opérateur à se fixer des objectifs de performance à l’horizon 2015, en matière notamment de prévention des pollutions, de préservation des ressources naturelles ou encore de lutte contre le changement climatique. Parmi ses engagements, la question de la transformation des déchets occupe une place importante. Ainsi l’entreprise annonce qu’elle produira d’ici 2015 10% d’énergies renouvelables supplémentaires à partir des déchets en comparaison avec 2011, ou encore qu’elle atteindra un taux global de valorisation matière de 30%. Elle cherche de la sorte à contribuer à la mise en place d’une économie circulaire, qui transforme le déchet en ressource. Concrètement, plusieurs projets vont déjà en ce sens : par exemple le projet Osilub pour la régénération des huiles de moteur usagées, le procédé TSA2 mis en place avec succès à Angers qui permet d’améliorer substantiellement le tri des plastiques, ou encore le développement des filières de méthanisation (unité d’Artois) pour la transformation des déchets en énergie. Un lien intrinsèque entre métier et responsabilité résumé ainsi par Veolia Propreté : « Notre responsabilité sociale et environnementale est une composante à part entière de notre offre de service ».

Répondre à ses obligations morales

C’est donc bien du côté des valeurs, de l’éthique et de la morale que se positionnent ces entreprises investies de missions sociales particulières. Pour Duong Quynh Lien, auteur d’un article sur la responsabilité sociale des entreprises : « Le recours à des questions de RSE évoque souvent un retour à la moralité ou à un contrat explicite ou implicite avec la société. Ainsi, dans la perspective de l’approche moraliste, la RSE dérive directement de la responsabilité morale de l’entreprise : l’entreprise doit agir de manière socialement responsable parce qu’il est de son devoir de le faire ». Un devoir dont il faut néanmoins prendre conscience… comme l’a fait Michelin avec une politique proactive sur les questions de sécurité et d’environnement. Le manufacturier français de pneumatiques a doté son secteur R&D d’un budget de 500 millions d’euros, et celui-ci emploie 6000 personnes dans le monde. Parmi les axes de recherche prioritaires, les questions de la mobilité plus sûre, et de la mobilité plus propre. Michelin parvient ainsi, en travaillant particulièrement sur la question de l’adhérence et des distances de freinage, à développer des gammes de pneus améliorant sensiblement la sécurité des conducteurs. Pour la mobilité plus propre, l’entreprise a fait figure d’avant-gardiste en inventant en 1992 le « pneu vert », un pneu à basse résistance au roulement qui permet de réduire la consommation de carburant de l’ordre de 5%. Des ambitions au cœur de son métier, que l’on ne peut pas dissocier de sa mission sociétale. Edouard Michelin avait d’ailleurs déclaré : « Nous avons un métier et une mission : contribuer dans la durée au progrès de la mobilité ».

Les frontières des valeurs de l’entreprise : le lien entre métier et impact sur la société

Quel est donc le rôle social de l’entreprise, et comment celle-ci peut-elle en circonscrire les contours ? Selon Marc Sabatier, consultant, « Pour initier la démarche de définition d’une stratégie RSE pérenne et porteuse de sens, il convient en premier lieu d’évaluer les enjeux propres de son entreprise par rapport au développement durable, c’est-à-dire au croisement des enjeux économiques, sociétaux et environnementaux de l’entreprise. Et pour cela, il faut repartir de ses valeurs, de sa culture, de son positionnement et de son histoire. Le socle des valeurs de l’établissement doit constituer l’ADN à partir duquel doit se construire la stratégie RSE ». Une politique éthique « sincère » repose donc sur la nature même de l’entreprise et son secteur d’activité. Pour une entreprise culturelle par exemple, la responsabilité de l’entreprise sera du côté de la préservation, de la valorisation et de la transmission du patrimoine culturel. Une mission dont s’est investi Hachette Livre, dépositaire d’un héritage culturel majeur et dont Arnaud Nourry, son PDG, assume avec une détermination peu courante. Lors de ses vœux 2012, il affirmait ainsi: « En décembre, la Commission Européenne a décidé d’ouvrir une enquête approfondie contre cinq éditeurs, dont Hachette livre, et j’ai rencontré les responsables de cette enquête pour leur dire, en face et les yeux dans les yeux, que si nous avons enfreint – ce dont je doute – les lois de la concurrence pure, ce n’est pas pour nous enrichir mais tout simplement pour préserver les conditions d’exercice du métier d’éditeur : liberté de choix éditorial, diversité des productions, vitalité et diversité des libraires et revendeurs, coexistence du papier et du numérique, contrôle du prix de vente par les éditeurs. »

Qui dit secteurs sensibles, dit responsabilités à la hauteur…

Ainsi dans certains domaines, l’entreprise ne peut pas se contenter d’être un simple acteur économique : elle doit prendre un véritable rôle social… et les responsabilités qui vont avec. En choisissant d’opérer dans la sécurité, l’environnement, la santé, ou la culture, des entreprises ont endossé des responsabilités proportionnelles à la mesure des enjeux de société. C’est aussi sur ces terrains très spécifiques, parfois, que se joue la réconciliation entre le monde de l’entreprise et l’opinion publique.

 

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