L’ancien directeur général du Fonds monétaire international, Michel Camdessus, préside l’association de préfiguration de la fondation qui doit voir le jour d’ici l’automne prochain. Celle-ci doit permettre à l’ancien chef d’état de continuer à « servir autrement » les Français.
Les statuts de l’association ont été déposés. Elle préfigure la Fondation qui s’appellera « Fondation Jacques Chirac pour le développement durable et le dialogue des cultures ». « Sur tous ces sujets, l’Afrique, le développement, l’environnement, la rencontre des cultures », il y a chez Jacques Chirac « des convictions profondes », a confié Michel Camdessus au journal Le Monde pour expliquer les raisons pour lesquelles il avait accepté ce poste. Il s’est dit persuadé qu’une « locomotive comme Chirac fera avancer les choses ».
Le diplomate Jean-Pierre Lafon, ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, est le vice-président de l’association et Valérie Terranova, spécialiste du Japon, conseillère à l’Elysée de Jacques Chirac depuis 1995, en est la secrétaire générale. Le président de la Fédération internationale des experts-comptables René Ricol en est le trésorier et le bâtonnier Bernard Vatier le conseiller juridique.
Avant sa création, les statuts de la future fondation devront être agréés par le Conseil d’Etat pour être reconnue d’intérêt public et pouvoir ainsi recevoir des fonds privés d’entreprises ou de particuliers. Elle devra s’intégrer au réseau mondial des grandes fondations comme celles de Bill Clinton ou de Tony Blair. « C’est le chef d’État au monde qui possède le carnet d’adresses le plus impressionnant », souligne Pierre Péan à La Provence édition du 16/05/07). « Il saura s’en servir. Jusqu’à son dernier souffle, il sera dans l’action. »
Avant de quitter le pouvoir, Jacques Chirac avait fait de la lutte pour la préservation de la planète, pour le développement de l’Afrique et en faveur du dialogue des cultures, les thèmes privilégiés de son action diplomatique.
Le Figaro (édition du 16/05/07) rappelle ainsi son intervention au sommet mondial du développement durable à Johannesburg en septembre 2002 : « NOTRE MAISON brûle et nous regardons ailleurs. » « Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie », prévient alors le chef de l’État, qui cède à la verve endiablée des militants associatifs.
À défaut d’être passé de la parole aux actes, au grand dam des ONG environnementales, ses prises de parole, de celle de La Haye en 2000, où il fustige « les intérêts immédiats des rentiers de l’énergie gaspillée », jusqu’à son appel à la création d’une ONU pour l’environnement lors de la Conférence de Paris en février 2007, ont ouvert la voie à une large prise de conscience. De la sienne d’abord. Car rien ne prédestinait ce fervent défenseur de l’agriculture intensive et polluante, qui ordonna par ailleurs la reprise des essais nucléaires dès son arrivée à l’Élysée, à rejoindre les bataillons des défenseurs de l’environnement. Le Figaro nous explique que sa conversion, c’est à Nicolas Hulot que le chef de l’État la doit en grande partie. « Vous avez su en nous émerveillant – le mot est faible – nous faire prendre conscience de l’extrême fragilité de la nature et de l’environnement », lui dira-t-il d’ailleurs en signe de reconnaissance, quand il lui remettra en 2003 les insignes d’officier de l’Ordre national du mérite.
Cet engagement a beau être tardif, Jacques Chirac a décidé qu’il serait son dernier combat :« Je poursuivrai mon engagement dans ces combats pour le dialogue des cultures et le développement durable », a-t-il indiqué lors de sa dernière allocution télévisée le 15 mai dernier. « Je le ferai en apportant mon expérience et ma volonté d’agir pour faire avancer des projets concrets en France et dans le monde. »
Rendez-vous est pris à la rentrée.
Lancement de la Fondation Chirac pour le développement durable et le dialogue des cultures
Dimanche 7 mars 2008 a été annoncé au journal officiel le lancement de la “Fondation Chirac pour le développement durable et le dialogue des cultures”. A la fin de son mandat présidentiel (2007), M. Jacques Chirac avait clairement indiqué qu’il souhaitait continuer à “servir autrement” les Français. De fait, cette nouvelle fondation est “reconnue comme un établissement d’utilité publique” par décret du ministère de l’Intérieur. Désormais, des fonds privés d’entreprises ou de particuliers pourront lui être versés afin de financer ses projets.
Michel Camdessus, ancien président du Fonds Monétaire International (FMI), a été associé à la création de cette organisation. Cette dernière dispose d’un “comité d’honneur” composé de membres prestigieux comme Kofi Annan, ex-secrétaire général de l’ONU, ou encore Rigoberta Menchu et Muhammad Yunus, tous deux anciens Prix Nobel de la paix.
Cette fondation agira dans les domaines de la “responsabilité écologique, de la solidarité, et du dialogue des cultures et des civilisations”. Les premiers projets vont pouvoir débuter, et parmi eux, “la création d’une banque de données audiovisuelles pour sauvegarder les dialectes et les langues vivantes en voie d’extinction”.