On le sait, les fruits issus de l’agriculture conventionnelle sont « boostés » aux pesticides. Les pommes, par exemple, subiraient une trentaine de traitements différents, parmi lesquels certains ont des effets cancérigènes probables. Alors bien sûr la culture bio est une solution. Mais au-delà de son coût pour le consommateur, elle est difficile à mettre en œuvre pour de très grandes exploitations qui fournissent notamment les grandes surfaces et totalisent, à elles seules, près de 73% des ventes de fruits et légumes en France. Conscientes de leur responsabilité sanitaire et écologique, de plus en en plus de grandes exploitations ont décidé de réagir en favorisant une agriculture raisonnée dont l’objectif premier est de réduire significativement la quantité de substances chimiques utilisées et de minimiser leur impact sur l’environnement. C’est le choix fait par Le Verger de la Blottière en Anjou qui produit chaque année 22 000 tonnes de fruits avec 16 variétés de pommes et 5 variétés de poires sur une surface agricole de 340 hectares.
Créée en 1961, cette grande exploitation familiale qui emploie 140 personnes, s’est engagée depuis longtemps dans une démarche globale de développement durable intégrant notamment la préservation des écosystèmes et de la biodiversité… A travers l’association Demain la terre qu’il a cofondé avec quatre autres producteurs en 2004, Le Verger de la Blottière s’est appuyé sur la norme SD 21000 [[norme française sur le management des entreprises et le développement durable]] pour agir sur 3 axes : favoriser la qualité des produits, préserver l’environnement et développer l’entreprise dans le respect des hommes et de ses aspirations. Tour d’horizon de quelques unes de ces actions emblématiques qui démontrent qu’entre une culture conventionnelle et une culture bio, il existe aussi une troisième voie qui concilie productivité et responsabilité environnementale et sociale. Préserver le capital naturel…- Éviter les produits de traitement : Le Verger de la Blottière pratique l’agriculture raisonnée. Dès le début du processus de production, le sol est préparé, décompacté, pour assurer une parfaite circulation de l’air et de l’eau. En effet, un degré d’hygrométrie élevé, au sol ou dans l’air, favorise le développement de moisissures ou de bactéries. De plus, 100 % des surfaces des vergers sont couverts d’engrais organiques constitués notamment par la récupération et le broyage de 200 tonnes par an de fruits (pommes et poires) impropres à la consommation. Enfin, une taille de formation et de fructification ventile et ensoleille les rameaux et les fruits. Avec cette vigilance et cette attention, les traitements sont alors restreints, en quantité et en fréquence. Résultat : 75 % des traces détectées lors des contrôles effectués sur la récolte 2008 montrent des taux de résidus 10 fois plus faibles que la limite maximale autorisée (LMR) par la commission européenne[[Analyses réalisées en Novembre 2008 par un laboratoire indépendant certifié GALYS]].
- Favoriser la biodiversité : Le Verger de la Blottière, avec l’assistance de la Mission du Bocage, a élaboré des haies entomofaunes, favorisant les essences locales (comme le sureau noir, le fusain d’Europe, le noisetier, le cassissier ou le sorbier des oiseaux) et la biodiversité. Ces 8 kilomètres de haies entourent les vergers et abritent un écosystème. Les prédateurs ainsi attirés entretiennent la chaîne alimentaire. Cet équilibre naturel préserve les arbres fruitiers de l’attaque des insectes et des nuisibles. La nature fait son travail et le Verger s’assure d’une protection rapprochée.
- Le territoire des Mésanges et des Chauve-souris : Les nichoirs à mésanges accueillent ces oiseaux qui consomment les vers et les larves présents sur les feuilles. Les mésanges réalisent en moyenne 800 tours par jour pour nourrir leurs petits. Elles nettoient ainsi le verger. Pour leur offrir le meilleur refuge qui soit, le chef de culture et son équipe ont étudié et réalisé un nichoir suivant des critères précis. Ainsi, 700 poteries façonnées par des potiers locaux, au Fuilet, sont disséminées dans la plantation. La nuit, les Chauves-souris prennent le relais. Le Verger place sur ses sites des abris à chauve-souris conçus pour répondre aux exigences biologiques et morphologiques de ces animaux. Espèces protégées, dévoreuses d’insectes, elles capturent, entre et sur les arbres, une nourriture abondante. Il faut savoir qu’une chauve-souris mange, en moyenne, la moitié de son poids en insectes. Mésanges et Chauve-souris constituent des équipes de jour et de nuit efficaces. Les arbres fruitiers sont ainsi armés écologiquement contre les prédateurs et les nuisibles.
- Économiser l’eau : L’irrigation est contrôlée et mesurée. Un tensiomètre est implanté dans le sol des vergers. Il gère les besoins en eau des arbres, mais également la qualité du sol et de ses éléments. Le goutte à goutte assure le strict besoin des plantations. Cette méthode précise et efficace économise l’eau, tout en contrôlant et maîtrisant les conditions de croissance des arbres. Le Verger de la Blottière s’est doté d’un système de filtration d’eau en circuit fermé. Ce nouvel équipement a permis d’utiliser 4 fois moins d’eau qu’en temps normal. Sans lui, les 100m3 nécessaires au calibrage des fruits devaient être renouvelés toutes les 2 semaines. Grâce à 7 filtres, l’eau est désormais changée tous les trois mois. L’eau récupérée est alors orientée vers l’étang voisin, qui lui-même sert de réservoir pour irriguer le verger. Résultat : 150 000 m3 par an ont été ainsi économisés, soit la consommation d’eau quotidienne d’une grande ville française, comme Marseille ou Lyon.
Grand jeu-concours ma planète Antarés : racontez-nous votre meilleure action écolo
Joseph et David Socheleau, dirigeants du Verger de La Blottière depuis trois générations, ont notamment choisi d’exploiter la pomme Antarés, créé en 1985 par les chercheurs de l’INRA à Angers. Cette variété de pommes allie la saveur des pommes d’autrefois et les réussites d’une recherche environnementale durable. En effet, elle résiste naturellement à certaines souches de tavelure le champignon le plus nuisible du verger ce qui permet d’alléger jusqu’à 70 % les traitements et favoriser les méthodes naturelles. Pour la saison d’Antarès 2010/2011, Le Verger a souhaité impliquer les consommateurs dans le respect de la planète. Planète Antarès est un jeu concours accessible sur www.planeteantares.com, qui permet à chacun de mettre en avant tous les jours une idée, une initiative, une action, en faveur du respect de l’environnement. Les thématiques sont classées en différentes rubriques : au bureau, en voyage, dans l’assiette… et chacun est libre de poster son message. Tous les mois, un jury de professionnels et de passionnés d’écologie se réunira pour voter pour les meilleurs messages, qui seront récompensés. J’ai le plaisir de participer à ce jury aux côtés de Fabienne Broucaret (journaliste à Néoplanète), de Andrey Garric, (journaliste qui écrit régulièrement dans Le Monde et Terre eco) ainsi que de Céline Richard, responsable de la promotion des ventes au Verger de la Blottière. Il y a six week-ends pour 2 personnes à gagner dans une cabane perchée dans un arbre … Alors on attend vos contributions !