Le nouveau rapport de l’Alliance pour la Santé et l’Environnement (HEAL) et Health Care Without Harm (HCWH) publié le 14 septembre 2010 a rendu un verdict en forme de proposition. L’amélioration de la qualité de l’air en France qui résulterait de l’adoption au niveau européen d’un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre interne de 30% au lieu de 20% d’ici 2020 permettrait d’épargner entre 1,2 et 3,5 milliards d’Euros de coûts de santé publique par an, et de 30,5 milliards d’euros pour l’ensemble de l’Europe.
« Ce rapport donne, chiffres à l’appui, une raison supplémentaire pour les décideurs politiques des pays membres de l’Union Européenne de soutenir un passage à un objectif de réduction domestique des émissions de gaz à effet de serre de moins 30 % » explique le Dr Pendo Maro, Conseiller climat-énergie pour le Health Care Without Harm (HCWH) and Health and Environment Alliance (HEAL). En effet, réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne, c’est aussi en réduire la pollution atmosphérique (particules fines, oxydes d’azote, dioxyde de soufre liés à la production d’énergie et aux transports), et donc les maladies respiratoires et cardiaques. Une meilleure qualité de l’air, c’est aussi moins de jours d’activité limitée, moins de prises de médicaments, moins d’hospitalisation et donc autant de dépenses de santé en moins. « Les médecins ont souligné trop timidement les risques pour la santé humaine d’une augmentation des gaz à effet de serre. Ce rapport leur donne l’opportunité de faire ressortir les enjeux médicaux et montre qu’un investissement maintenant peut donner un retour rapide en termes de santé. Les maladies circulatoires et respiratoires sont une cause majeure de mauvaise santé en Europe. Approximativement 230 000 personnes meurent prématurément chaque année, 30 millions de personnes souffrent d’asthme et d’autre maladie respiratoire chronique, cela signifie moins de jours pendant lesquels ils doivent rester à la maison à cause de niveaux de pollution élevés qui rend difficile pour eux de respirer à l’extérieur » précise le Dr Michael Wilks, Conseiller pour le Climat et ancien président du Comité Permanent des Docteurs Européens (CPME). Les chiffres donnent le vertige : en France, on économiserait ainsi 1,5 millions de jours d’activité en moins. Toujours pour les huit pays concernés (Allemagne, Pologne, France, Italie, Pays Bas, Belgique, Espagne, Royaume Uni), on épargnerait aux malades 1,2 million de jours de consommation de médicaments pour problèmes respiratoires. Une action rapide doublerait les bénéfices. Paul Brunel, Chargé de projet Energie Climat au WWF-France tient à préciser : « Après l’argument de l’emploi (65 000 emplois additionnels créés dans les énergies renouvelables et 60 000 dans le domaine de l’efficacité énergétique), de la compétitivité et de la baisse de nos dépenses d’importation de gaz et de pétrole, ce rapport vient ajouter un argument de poids en démontrant combien notre santé et les budgets des systèmes de santé bénéficieraient d’une telle politique climatique ». Autant d’arguments pour pousser à une adoption de cet objectif de 30% lors des prochains rendez-vous européens sur le climat : Conseil de l’Environnement le 14 octobre, réunions des Conseils des Chefs d’Etat et de Gouvernements des 28-29 octobre et négociations internationales sur le changement climatique à Cancùn au Mexique prévues en décembre. – Téléchargez l’intégralité du rapport en anglais en cliquant ici. – Téléchargez le résumé en français du rapport en cliquant ici.