Selon un nouveau rapport que viennent de publier Oxfam et le WWF, la proposition d’instaurer un système de « prix du carbone » dans le secteur du transport maritime international devra occuper une place centrale à la conférence des Nations unies sur le climat qui se déroulera en fin d’année à Durban, en Afrique du Sud. Les deux ONG appellent les dirigeants politiques, et en particulier le Président Nicolas Sarkozy, à soumettre le transport maritime international à une nouvelle réglementation internationale permettant à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur, et de lever les fonds nécessaires au financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.
Ce rapport « Sortir de la cale sèche – Pour un accord juste sur les émissions du secteur du transport maritime », montre qu’il est possible d’enrayer l’augmentation des émissions, déjà considérables, de gaz à effet de serre dues aux navires tout en levant des milliards de dollars pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique, sans porter préjudice à leur économie. L’accord proposé permettra de débloquer la situation sur les émissions du transport maritime, dans l’impasse depuis plus de dix ans. Le rapport paraît au premier jour de la réunion ministérielle sur le climat qui se tient à Pretoria. Renforcer les objectifs de réduction des émissions mondiales et trouver de nouvelles sources de financement de la lutte contre le changement climatique permettant aux pays en développement de s’y adapter sont deux des grands enjeux de la rencontre de Durban. Le transport maritime international représente environ 3 % des émissions mondiales, soit davantage que l’Allemagne et approximativement le double de l’Australie. Un navire peut, à lui seul, produire plus d’émissions en un an que nombre de petits États insulaires en développement. Selon le rapport d’Oxfam et du WWF, l’application aux combustibles de soute [[Par « combustible de soute », on entend le carburant des navires. Entre 1990 et 2007, les émissions du transport maritime ont doublé, et on estime qu’elles devraient plus que doubler d’ici à 2050.]] d’un prix du carbone fixé à 25 dollars la tonne contribuerait à réduire les émissions tout en rapportant 25 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Ces recettes permettraient d’indemniser les pays en développement du léger renchérissement des importations imputable au prix du carbone et d’injecter plus de 10 milliards de dollars par an dans le Fonds vert pour le climat. Créé l’an dernier lors de la conférence des Nations unies sur le climat, à Cancún au Mexique, ce fonds vise à financer l’adaptation des pays en développement aux changements climatiques mais il est actuellement vide. Selon le rapport, le prix du carbone n’augmenterait le coût des échanges internationaux que de 0,2 %, soit à peine 2 dollars par transaction de 1 000 dollars. L’Afrique du Sud, susceptible en conséquence d’enregistrer une hausse du coût de ses importations de 0,14 %, aurait droit à une indemnité annuelle d’environ 200 millions de dollars, tandis que le Bangladesh, où l’on prévoit un renchérissement des importations de 0,19 %, recevrait 40 millions de dollars par an, outre les financements octroyés par le Fonds vert pour le climat. Oxfam et le WWF préconisent de consacrer cet argent à renforcer la résilience des populations les plus pauvres et vulnérables dans chaque pays. Pour Tim Gore, co-auteur du rapport pour Oxfam : « Il est temps que le secteur du transport maritime fasse partie intégrante des solutions au changement climatique, au lieu de contribuer substantiellement au problème. Notre étude démontre qu’il est possible de réduire les colossales émissions de gaz à effet de serre du secteur maritime sans que les pays en développement en paient les conséquences, tout en générant des milliards de dollars destinés à l’action pour le climat dans les pays pauvres. Face à des coûts abordables, les avantages pour la planète et pour les populations les plus vulnérables aux changements climatiques sont, quant à eux, immenses. » « La conférence sur le climat qui se tiendra cette année à Durban est l’occasion idéale de conclure un accord mondial dans le domaine du transport maritime. Un dispositif de réduction des émissions maritimes et, en même temps, de financement en faveur des pays en développement doit s’imposer comme la clé de voûte d’un solide ensemble de mesures propres à engager le monde sur une voie permettant d’éviter les effets perturbateurs du changement climatique. » estime de son côté Tasneem Essop, responsable Climat au WWF. Il conclut : « Il peut s’agir d’une contribution concrète de la présidence sud-africaine visant à assurer l’échelonnement progressif des fonds issus d’une source de financement innovante. Le modus operandi du Fonds vert pour le climat sera arrêté dans le détail à Durban. Toutefois, si nous n’identifions pas les sources de financement, les coffres de la banque resteront vides. ». Après plus de dix années d’atermoiements, il existe une réelle volonté de parvenir à un accord relatif aux émissions du transport maritime en 2011. En septembre, la Banque mondiale et le FMI doivent remettre aux ministres des Finances du G20 un rapport sur les possibilités de financement de la lutte contre le changement climatique, notamment dans le secteur du transport maritime international. Lors de sa présidence du G20, la France a fait d’un accord sur les sources innovantes de financement du développement et de l’adaptation au changement climatique l’une de ses priorités. En Europe, la nouvelle proposition de veiller à indemniser les pays en développement en cas de retombées économiques d’un prix du carbone mondial dans le secteur du transport maritime gagne les faveurs des politiques. Oxfam et le WWF exhortent la présidence polonaise de l’Union européenne et des pays comme le Royaume-Uni, l’Espagne et les Pays-Bas à s’associer à l’Allemagne et à la France afin d’inscrire un accord européen sur le transport maritime au premier rang des priorités à l’approche de Durban. Alors que certains pays en développement insistent pour qu’une part importante des financements de la lutte contre le changement climatique proviennent du secteur privé, pour Pa Ousman, le Président gambien du Groupe de travail sur les pays les moins avancés aux négociations des Nations unies sur le climat, « il est urgent que de nouvelles sources de financement de l’adaptation viennent alimenter le Fonds vert pour le climat ; la taxe sur les combustibles de soute des navires et des aéronefs constitue l’une des plus prometteuses ».Télécharger le rapport
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Climat et transport maritime – ENSM
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