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Nucléaire : Sarkozy propose un acte II du Grenelle sur la sobriété énergétique

Moins de deux mois après le début de la catastrophe de Fukushima, alors que la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, présidera en juin une réunion du G8 consacré à la sûreté nucléaire, c’est depuis la salle de commande de la plus puissante centrale atomique d’Europe, à Gravelines, dans le Nord, que Nicolas Sarkozy a réaffirmé mardi matin « le choix de l’engagement dans l’énergie nucléaire » par la France.

Le Président de la République a rappelé dans un discours devant les salariés de la centrale qu’il n’avait pas été élu pour remettre en cause le parc nucléaire français et que ce dernier ne le serait pas. Il s’est par ailleurs élevé contre « le manque de sang-froid de tant d’observateurs qui ne connaissent rien au nucléaire ». Précisant son idée émise hier au cours d’un déjeuner avec les ONG du Grenelle de l’environnement, il a néanmoins proposé d’organiser « une sorte d’acte II du Grenelle sur la sobriété énergétique », mentionnant que « sur ce sujet, on peut rassembler tout le monde : que vous soyez pour ou contre le nucléaire, cette question se pose ». Vers une évaluation de la Cour des comptes du coût intégral de nucléaire français S’il a refusé l’idée d’un référendum sur « l’arrêt du renouvellement des centrales » proposé par l’Alliance pour la planète et l’interruption du chantier de l’EPR à Flamanville (bloqué lundi dernier par des militants de Greenpeace), il a en revanche accepté de confier à la Cour des comptes un audit sur le coût de la filière nucléaire. Les opposants à l’atome déplorent de longue date que le prix du kilowattheure vendu par EDF ne reflète pas la réalité du coût du démantèlement futur des centrales et de la gestion des déchets radioactifs. Dans un communiqué, le WWF se réjouit de l’accueil positif que le chef de l’Etat a réservé à sa proposition d’une mission d’évaluation du coût du parc électro-nucléaire français : « Cette demande, dont Isabelle Autissier, Présidente du WWF France et Serge Orru, Directeur général, sont à l’initiative est une première étape décisive dans l’instauration d’une connaissance plus transparente des coûts du parc électro-nucléaire français, y compris le coût du démantèlement des centrales. C’est aussi une étape nécessaire pour envisager sereinement un débat sur le mix énergétique et la révision des objectifs des politiques françaises de l’énergie, que ce soit la programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité (PPI) ou le Plan Indicatif Pluriannuel (PIP) ». « Après Fukushima, il n’est plus possible de rester camper sur des certitudes du passé. C’est ce que nous avons mis en avant auprès du chef de l’Etat. Il est temps de débattre sereinement de la politique énergétique de notre pays sans tabou. Pour cela, toutes les cartes doivent être mises sur table et une évaluation indépendante des coûts du nucléaire pour notre pays est une première étape fondatrice » remarque Serge Orru, Directeur général du WWF France. L’acte II du Grenelle sur la sobriété énergétique se fera sans le Réseau Action Climat France Mais le WWF est bien une des rares ONG à se féliciter de cette décision du Chef de l’Etat. Les organisations réunies au sein de RAC-F (Réseau Action Climat-France) refusent ainsi de participer à cette initiative du Président de la République à l’acte II du Grenelle sur la sobriété énergétique. Dans un communiqué, Greenpeace, WECF, Les Amis de la Terre, le Réseau Sortir du Nucléaire, Agir pour pour l’Environnement, le CLER écrivent : « Proposer un acte II du Grenelle sur la sobriété énergétique élude la question cruciale de la production et donc, du nucléaire. Et comment discuter d’économies d’énergie sans questionner la problématique de la production de celle-ci et spécifiquement la production d’origine nucléaire, en contradiction avec la maîtrise de l’énergie ? Par ailleurs, le Grenelle de l’environnement a déjà traité de la question de la sobriété énergétique au sein du groupe de travail climat-énergie. A cette occasion, des objectifs ont été adoptés, dans plusieurs secteurs, comme les transports ou l’habitat (réduction de la consommation d’énergie des bâtiments existants de 38% en 2020). Mais les moyens concrets d’atteindre ces objectifs font aujourd’hui cruellement défaut, notamment au niveau réglementaire (pas de seuils de performance des bâtiments, report de la taxe poids lourds, etc.), et même pire des décisions allant à l’encontre des objectifs ont été prises, notamment dans le domaine routier. Quant à la mesure phare en matière de sobriété énergétique, la contribution climat énergie, elle a tout simplement été abandonnée par le Gouvernement au lendemain de sa défaite aux élections régionales, après avoir été réduite à une simple « taxe carbone », plus favorable au nucléaire. Les ONG signataires sont demandeuses depuis longtemps d’un véritable débat sur la politique énergétique de la France, mais elles estiment que les conditions d’un dialogue objectif, bien informé et apaisé sur la production, la consommation et la gouvernance en matière d’énergie ne sont pas réunies. Au contraire, les contre-vérités prononcées par le Président de la République depuis le début de la catastrophe de Fukushima témoignent d’une volonté de couper court au débat qui émerge au sein de la société française sur des sujets aussi fondamentaux que la possibilité de sortie progressive du nucléaire, le prix de l’énergie, la sûreté nucléaire, etc. Nous ne pouvons que nous réjouir qu’un débat spontané sur l’avenir de la politique énergétique française gagne en ampleur au sein de la société et nos ONG comptent bien continuer à y participer pleinement et de manière démocratique. À cet effet, nous nous mobiliserons toujours plus pour fournir à l’ensemble des parties prenantes et, à travers elles, à tous les citoyens, toutes les informations disponibles et pertinentes sur les risques liés au nucléaire et aux énergies fossiles émergentes (gaz de schiste), ainsi que sur les enjeux énergétiques et climatiques. Nous nous attacherons également à populariser les scénarios de transition énergétique vers une société centrée sur la sobriété, l’efficacité et les renouvelables, et intégrant la sortie du nucléaire. Nous entendons que l’énergie soit bien présente au cœur de la campagne des élections présidentielles et législatives de 2012, et ferons tout pour que, à l’issue d’un véritable débat devant le peuple français, toutes les décisions qui s’imposent pour orienter enfin notre société vers un modèle peu consommateur en énergie et réellement profitable, à la fois du point de vue environnemental, sanitaire, économique et social, puissent être prises rapidement ». Puisque le démantèlement coûte trop cher…ne démantelons pas ! Même tonalité du côté de France Nature Environnement (FNE) qui dans un communiqué revient sur les déclarations de Nicolas Sarkozy : « Prenant prétexte du coût du démantèlement estimé par la cour des comptes à 63 Milliards d’euros (rapport de 2005), Nicolas Sarkozy a justifié de l’impossibilité pour la France de démanteler son parc alors même que cette somme devra être mobilisée, s’agissant d’un parc vieillissant. Cet argument semble d’autant plus fallacieux que l’Etat est déjà en train de constituer des provisions, provisions exigées par la cours des comptes en vue du démantèlement. Pour Maryse Arditi, responsable du réseau énergie : « les centrales nucléaires ont été prévues pour trente ans. EDF demande aujourd’hui une prolongation à 40 ans, mais elle prépare déjà dans ses cartons une prolongation à 50 ans. Quant aux américains, ils se dirigent tout droit vers 60 ans. A l’évidence, le monde du nucléaire nous fait ainsi comprendre qu’il ne sait pas démanteler et qu’il recule devant l’obstacle. Engageons immédiatement un grand chantier expérimental, un chantier pilote pour former les équipes, Fessenheim par exemple, avant que l’accident n’arrive. » Jusque-là, le coût du nucléaire était plutôt un argument de vente mais voici qu’il devient un outil de dissuasion massive : ne sortons pas du nucléaire cela nous coûterait trop cher ! Par ailleurs, cette vision masque une réalité : l’avenir de la filière nucléaire française peut résider dans le démantèlement, inéluctable, des centrales. Pourquoi ne pas exploiter la si fameuse expertise française et la réorienter vers l’avenir du nucléaire : sa disparition programmée ? Nicolas Sarkozy le sait, il y aura obligatoirement un « après-uranium ». Anticipons l’avenir au lieu de le subir et l’économie française en sortira grandie. Les déclarations du Président quant à un rééquilibrage d’une politique volontariste en ce qui concerne les énergies renouvelables, nous semblent contradictoires avec les faits. Les faits sont tenaces : coup d’arrêt pour la filière photovoltaïque, coup de frein sur l’éolien par l’adoption des amendements Ollier et difficulté, dans ces conditions, d’atteindre les objectifs fixés dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. Par ailleurs, il serait illusoire de penser pouvoir ménager la chèvre et le chou. En renforçant l’avantage concurrentiel dont bénéficie déjà le nucléaire, l’Etat contribue à l’asphyxie des énergies renouvelables. L’Etat français doit sortir de sa posture de VRP du nucléaire pour assumer sa responsabilité publique, collective, internationale, anticiper la fin de l’uranium et entamer une véritable rupture dans sa stratégie énergétique. La question n’est pas de savoir s’il faut sortir du nucléaire mais bien de savoir comment et à quel rythme », conclut FNE.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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