Depuis le sommet de Copenhague sur le réchauffement du climat, les catholiques appellent à des mesures « drastiques » contre les gaz à effet de serre. Cette mobilisation catho-écolo est un fait grandissant, mais encore mal connu des médias : ils croyaient les catholiques « écolophobes », à l’image de la droite religieuse américaine. Ce dossier montre une réalité très différente : – Les catholiques français sont dans le combat écologique. – La pensée économique et sociale de l’Eglise catholique inclut l’écologie. – La « planète catholique » relaie l’engagement de l’Eglise.
L’engagement « catho-écolo »
un appel en 4 points : – Un appel au respect de la Création – Un appel à une révision hardie de nos modes de vie – Un appel à rompre avec le modèle consumériste – Un appel à changer notre vision économique Exemple : Le manifeste français, signé notamment par le Secours catholique et Pax Christi « Nous exprimons notre vive inquiétude face aux conséquences du réchauffement climatique qui menace la vie de millions d’êtres humains. Ce réchauffement est la conséquence d’un modèle économique aujourd’hui dans l’impasse : il encourage une consommation sans limite qui épuise la terre et il creuse le fossé entre riches et pauvres. La résolution de la crise écologique doit passer par une remise en question fondamentale du partage des richesses à l’échelle mondiale… Afin de signifier notre espérance qu’il est possible d’habiter la Terre sans la dégrader, nous nous engageons, en fonction de nos moyens, à modifier nos comportements dans un ou plusieurs domaines de notre vie quotidienne : l’alimentation, les transports, l’habitat, les loisirs, le travail. Nous décidons d’orienter nos existences vers des modes de vie sobres, responsables et solidaires… » Trois leçons à tirer de cette mobilisation « catho-écolo » – Sous l’impulsion de Rome, le peuple catholique mondial est appelé à devenir une force « alternative » dans le domaine économique et écologique. – Cette évolution agit aussi chez les catholiques français, où le préjugé antiécologique des milieux les plus conservateurs s’amenuise sous la pression persuasive de l’Eglise. – Ce phénomène est la véritable « révolution » en cours chez les catholiques, beaucoup plus significative et profonde que les vieux débats de la fin du XXe siècle. Patrice de PlunkettSommaire
– Les évêques de France interviennent p. 2-3 – Des groupes « cathos-écolos » s’engagent p. 4-5 – Le Vatican appelle à l’engagement écologique p. 6 à 8 – La “planète catholique” relaie l’engagement écologique p. 9 à 11 – En annexe : extraits de la lettre pastorale des évêques canadiens p.12-13 – Télécharger le dossier « Mobilisation catho-ecolo » au format .pdfLes évêques de France interviennent
La spécificité chrétienne consiste à se référer à la Création : – Cette terre est un cadeau du Créateur à tous les hommes qui n’ont pas pouvoir sur elle mais qui sont appelés à en être les humbles gérants – L’usage plus raisonnable des biens de ce monde appelle à une révision courageuse de nos modes de vie – Il nous faut revoir notre conception économique du monde. Extrait : Dans un document de décembre 2008 (La Création au risque de l’environnement, Bayard), les évêques français appellent les citoyens et dirigeants des pays riches à se comporter … « … non pas en maîtres conquérants mais en serviteurs attentionnés qui soignent une planète fragile et limitée, aux ressources non renouvelables. Sans cette conversion, c’est l’humanité qui risque de disparaître. Les menaces cumulées du réchauffement de la planète, de l’appauvrissement de la couche protectrice d’ozone, de la dégradation des sols du fait du déboisement, de l’érosion, de la désertification, de la salinisation et de la pollution de l’eau, de l’air et des sols, doivent être rapprochés des procédés industriels que les êtres humains ont inventés pour créer des biens de consommation de toute nature. Face à cette situation, ni la Providence mal comprise, ni la passivité, ni le fatalisme insouciant ne peuvent être la réponse adéquate. Il nous faut revoir notre conception économique du monde. » – Télécharger le dossier « Mobilisation catho-ecolo » au format .pdfDes groupes « cathos-écolos » s’engagent
Les récents débats publics au sein du monde catholique en France, ainsi que des livres et des revues, démontrent à la fois l’engagement concret de groupes au service de l’écologie et l’émergence d’une véritable réflexion catholique sur l’écologie, tant sur le plan philosophique et théologique que sur le plan économique et social. Exemples de débats publics récents – Lyon, 23-25 janvier 2009 : une paroisse catholique et l’association Chrétiens et pic de pétrole organisent trois jours de débats sur le thème : « Quelles ressources spirituelles pour faire face à l’épuisement des ressources naturelles ? ». – Paris, 10 février 2009 : au Collège des Bernardins (centre de recherches culturelles du diocèse), soirée-débat animée par le P. Jean-Marc Daul et relayée par la télévision KTO : « Bien-être ou environnement : faut-il choisir ? » ( « Faut-il procéder à de plus profondes remises en cause quant aux moteurs de nos sociétés ? »). Exemples de livres – Pour un Christ vert (Salvator, 2009), par Jean Bastaire : philosophie d’une révolution chrétienne contre la marchandisation du monde. « le rajeunissement du christianisme est de revenir à ses fondamentaux, en les interprétant selon les conditions de la société actuelle. A partir de sa tradition, d’inventer une nouvelle expression de la foi et une nouvelle manière de la vivre… » – Environnement et Eglise (Fides 2009), par le P. André Beauchamp : « La crise écologique constitue la plus importante crise éthique de notre époque, et la cause environnementale se manifeste aussi comme le lieu d’émergence où se posent aujourd’hui les questions de Dieu, de l’expérience spirituelle et de l’engagement éthique. » – L’Eglise et la question écologique (Arsis, 2009), par Dominique Lang, religieux, biologiste et journaliste : « la doctrine traditionnelle de l’Eglise dans son rapport à la terre, comme espace d’humanisation de la personne humaine, comme don de Dieu, comme terre à rendre habitable. » – L’Ecologie, de la Bible à nos jours (L’Oeuvre, 2008) : par Patrice de Plunkett, essayiste, journaliste. La crise de l’environnement et ses causes : économiques, mais aussi spirituelles. La Bible, seul texte sacré de l’humanité qui fonde l’écologie. Le productivisme industriel, né de la perte de la culture biblique. La montée de la conscience écologique chez deux milliards de chrétiens. Une revue nouvelle Les Cahiers de Saint-Lambert : animés par un prêtre catholique, Dominique Lang, et un journaliste écologiste, Fabrice Nicolino, ils entendent « aider tous ceux qui veulent agir, à quelque niveau que ce soit. Les Cahiers seront un lien, une passerelle, un passage entre différents univers…» – Dossier du n° 3, automne 2009 : « L’eau, ce droit vital pour l’humanité ». – www.lescahiers.fr – Télécharger le dossier « Mobilisation catho-ecolo » au format .pdfLe Vatican appelle à l’engagement écologique
L’Eglise considère que les questions concernant l’environnement et sa protection sont étroitement liées au développement humain intégral : – Il faut créer une solide alliance entre l’homme et la terre – La protection de l’environnement implique une action mondiale concertée en promouvant la solidarité avec les pays les plus faibles – Il faut promouvoir un tourisme sain et solidaire qui bannisse le consumérisme et le gâchis – Il faut éliminer les causes structurelles liées au système de gouvernement de l’économie mondiale qui destine la majorité des ressources de la planète à une minorité de la population – On ne trouvera pas de solution au problème écologique sans une sérieuse révision des styles de vie – Il faut une conversion authentique dans la façon de penser et dans le comportement – Le respect de la création découle du respect pour la vie et la dignité humaines. Extrait La pensée économique et sociale de l’Eglise catholique inclut l’écologie. Depuis quarante ans, les « papes verts » et le Vatican interviennent dans ce sens. Paul VI avait lancé le premier appel en 1971, dans sa (très anti-libérale) lettre apostolique Octogesima Adveniens : « L’homme en prend brusquement conscience : à travers une exploitation inconsidérée de la nature, il risque de la détruire et d’être à son tour victime de cette dégradation…» Benoît XVI (après Jean-Paul II) pousse dans ce sens, avec des propositions radicales. Benoît XVI Soucieux de ces problèmes depuis toujours (par exemple son livre Au commencement Dieu créa le ciel et la terre , Fayard 1986), le pape Ratzinger en fait un des volets majeur de son enseignement. u 1er septembre 2009 : Le pape appelle la communauté internationale à se mobiliser « contre les façons nuisibles d’exploiter l’environnement » : « Je souhaite apporter mon soutien aux responsables des gouvernements et des agences internationales qui se réuniront bientôt au sein des Nations-Unies pour discuter de la question urgente du changement climatique. […] L’Eglise considère que les questions concernant l’environnement et sa protection sont étroitement liées au développement humain intégral. Dans ma récente encyclique, Caritas in veritate, j’ai évoqué de telles questions en rappelant « l’urgente nécessité morale d’une solidarité renouvelée », non seulement entre les pays, mais également entre les personnes, car Dieu a donné l’environnement naturel à chacun, c’est pourquoi l’usage que nous en faisons comporte une responsabilité personnelle envers l’humanité en général, en particulier envers les pauvres et les générations futures. Il est donc important que la communauté internationale et chaque gouvernement envoient des messages adaptés à leurs citoyens et réussissent à lutter contre les façons nuisibles d’exploiter l’environnement ! Les coûts économiques et sociaux entraînés par l’utilisation des ressources communes doivent être reconnus de façon transparente et assumés par ceux qui les occasionnent, et non par les générations futures. La protection de l’environnement, et la sauvegarde des ressources et du climat, obligent tous les responsables à agir de façon concertée, en respectant le droit et en promouvant la solidarité avec les régions les plus faibles du monde […] » – Télécharger le dossier « Mobilisation catho-ecolo » au format .pdfLa « planète catholique » relaie l’engagement écologique
L’Eglise catholique, présente dans les organismes internationaux, plaide pour une écologie et une économie où le rôle central de l’homme soit respecté. Dans différents pays les conférences épiscopales alertent les gouvernants et les acteurs économiques et sociaux. Les notions de responsabilité et de solidarité et l’appel à un changement des modes de vie sont au coeur de message délivré par la « planète catholique ». Les appels du Vatican ont de l’écho dans les organisations internationales et dans certains pays. Quelques Exemples : – Ecologie à l’Unesco A la 35e session de la conférence générale de l’Unesco, ouverte le 6 octobre 2009 à Paris, Mgr Francesco Follo (observateur permanent du Saint-Siège) intervient « sur les problématiques de l’environnement, de l’eau, et du changement climatique » – Caritas et l’Ecosse 1er juillet 2009 – Climat : l’Ecosse se dote de la loi anti-réchauffement la plus forte au monde (réduction des émissions de gaz à effet de serre « de 42% d’ici 2020, et d’au moins 80% pour 2050 »). L’Eglise catholique a joué un rôle décisif dans l’adoption de cette mesure à travers Caritas Internationalis et Caritas Ecosse. – Commission des évêques d’Europe 17 juin 2009 : « Les changements climatiques constituent un défi pour les modes de vie, la solidarité et la justice dans le monde », déclare la COMECE (commission des épiscopats de la Communauté européenne) : « Une réponse efficace aux changements climatiques requiert à la fois un leadership politique et une réflexion et un débat éthique. Les deux sont essentiels afin de convaincre non seulement les esprits mais aussi les coeurs des citoyens et de rendre ainsi le changement effectif […] La question qui se pose est : « Qu’est ce qu’une vie bonne et heureuse ? ». S’appuyant sur de nombreux rapports d’experts et de documents de réflexion publiés par les Eglises et leurs diverses organisations ces dernières années, les participants ont indiqué que la nécessité de changer les modes de vie peut être transmise de la manière la plus efficace par l’éducation à tous les niveaux et par l’encouragement de modes de consommation plus responsables. En conclusion du séminaire, les représentants des Eglises ont fait part de leur volonté d’adresser un message d’espoir à tous les citoyens de l’UE, les encourageant à mettre en pratique les nécessaires changements dans leurs modes de vie. » – Télécharger le dossier « Mobilisation catho-ecolo » au format .pdf + d’infos sur CDURABLE.info : – Rubrique fraternité