Le 12 mars 2010, la Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution (FCD) et le ministère du Développement durable ont dressé le bilan de la convention d’engagement signé dans le cadre du Grenelle, il y a 2 ans. Cette convention a un double objectif : promouvoir une offre de produits plus respectueux de l’environnement et assurer une gestion durable des activités.
Depuis deux ans, les enseignes de la distribution réunies au sein de la FCD se sont mobilisées pour mettre en œuvre les engagements souscrits dans le cadre de ces conventions et des progrès ont été réalisés :Information environnementale des produits : les conditions de la réussite
– Les attentes des consommateurs. D’après une enquête réalisée par IPSOS pour la FCD[[Sondage « Les Français et l’étiquetage écologique » réalisé par IPSOS pour FCD/ANIA/ADEME, sur un échantillon de 1003 personnes, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Echantillon interrogé par Internet entre le 8 et 14 janvier 2010 selon la méthode des quotas.]], les Français se montrent majoritairement favorables à l’information environnementale : ils sont ainsi 86% à témoigner d’un intérêt très fort pour ce type d’information. A titre d’exemple, le niveau de connaissance de la définition de l’empreinte carbone d’un produit apparaît lui aussi assez élevé : 69% des Français en ont entendu parler et parmi eux, 32% affirment même savoir de quoi il s’agit. – Action : les enseignes de la distribution ont passé au crible de l’analyse multi-critères 300 produits de consommation courante (soit 150 références alimentaires et 150 références non alimentaires), en partenariat avec l’ADEME et l’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires). Cette expérience unique a mobilisé 10 distributeurs et plus de 120 industriels. Elle a porté sur plus de 300 références, alimentaires et non alimentaires, choisies au sein d’une trentaine de familles de produits représentatives de la consommation des ménages. Le panier ainsi constitué intègre des produits aussi divers que les produits frais, l’épicerie, la parfumerie, la droguerie, les textiles et articles de sport, les équipements électroménagers, etc. – Constat : 232 références sur plus de 300 retenues ont pu faire l’objet d’une évaluation environnementale au moins partielle (gaz à effet de serre et un ou plusieurs autres impacts). Ce taux de réponse a permis d’identifier les principaux impacts environnementaux des produits étudiés par étape du cycle de vie. Cependant, l’analyse effectuée met à jour plusieurs difficultés à lever, relatives à la complexité de la mise en œuvre d’une information environnementale à la fois nouvelle et multi-critères : les données sont actuellement plus ou moins disponibles tout au long de la chaîne de production et certains éléments méthodologiques restent à définir pour permettre l’évaluation d’impacts particuliers. A titre d’exemple, il n’existe pas de méthodologie de référence pour l’ensemble des familles de produits pour évaluer l’impact sur la biodiversité. C’est pourquoi la FCD préconise la création d’une base de données publique la plus complète possible couvrant les principaux composants et ingrédients des produits de grande consommation concernés, qu’ils soient fabriqués en France ou en dehors. Celle-ci permettra de lever une partie des freins identifiés. – Préconisation : le ministère du développement durable et la FCD invitent tous les acteurs de la chaîne (filières agricoles, industriels, distributeurs…) à mener des opérations tests, sur quelques catégories de produits, dans les conditions du réel, en tenant compte des enseignements tirés de l’expérimentation. Les retours d’expérience ainsi obtenus permettront d’alimenter les travaux conduits par les pouvoirs publics pour définir les meilleures conditions de mise en œuvre de cet engagement du Grenelle Environnement.Le décollage des écolabels
Deux écolabels officiels sont reconnus en France : l’écolabel français (marque NF Environnement) et l’écolabel européen. Gérés et délivrés par AFAQ AFNOR Certification, sur la base de cahiers des charges stricts, ces deux écolabels apportent au consommateur une double garantie : ils distinguent des produits de qualité et respectueux de l’environnement, c’est-à-dire avec un moindre impact écologique tout au long du cycle de vie (fabrication, utilisation, fin de vie). En 2008, les enseignes de la FCD se sont fixé pour objectif, à horizon de 3 ans, de doubler le nombre de produits mis en marché bénéficiant d’un écolabel. En 2009, toutes les enseignes ont enrichi leur offre de nouveaux produits écolabellisés dans les rayons où il en existe, notamment les produits d’entretien. L’accroissement du nombre de références, conjugué à la mise en avant de ces produits à travers des opérations promotionnelles, a permis une augmentation des ventes d’environ 10%. Ainsi, une enseigne a enregistré, en 2009, une progression des unités vendues de 13% au rayon DPH (droguerie-parfumerie-hygiène). Les enquêtes consommateurs montrent que le déficit de notoriété dont souffraient les écolabels se comble peu à peu, notamment grâce aux communications dont les écolabels ont bénéficié (avec par exemple, la campagne de communication télévisuelle, lancée lors de la Semaine du Développement Durable).Le développement de l’éco-conception des emballages
Selon la FCD, l’effort des distributeurs et des industriels s’inscrit dans la continuité : depuis plusieurs années, ils ont mené de nombreuses actions de prévention des déchets et de réduction à la source des emballages dans le cadre de leur politique de développement durable. Le catalogue de la prévention du Conseil National de l’Emballage témoigne de ces efforts : pour les 258 cas actuellement documentés, l’économie globale de matériaux est de 72 886 tonnes, pour un taux de réduction à la source de 9,4%. La réduction des déchets d’emballage est nécessairement le fruit du travail de toute une chaîne de partenaires : industriels, conditionneurs, transporteurs, distributeurs, etc. Elle permet de conjuguer bénéfice environnemental (préservation des ressources, réduction des émissions de CO2) et intérêt économique (économies de matériaux, d’énergie et de transport) et prend des formes variées : – évolution de la conception du produit et de son emballage – modification du procédé de conditionnement – simplification du système d’emballage – optimisation des dimensions de l’emballage – intégration des innovations technologiques – palettisation améliorée pour la phase de transport. Cependant, la marge de progression s’avère, avec le temps, de plus en plus étroite et les efforts buttent aujourd’hui sur diverses limites, notamment technologiques et comportementales. C’est pourquoi la FCD et ses adhérents souhaitent aujourd’hui engager une action collective, commune à tous les acteurs de la chaîne de l’emballage, sous l’égide du Conseil National de l’Emballage et des pouvoirs publics, afin de proposer, d’ici la fin de l’année 2010, des actions de ruptures sur quelques emballages emblématiques. Ces ruptures (technologiques, commerciales ou comportementales) devront être perceptibles par le consommateur et pourront être généralisées.Le boom des produits bio
Si les produits issus de l’agriculture biologique ne représentent qu’une part encore très minoritaire des produits alimentaires vendus, ils connaissent une très forte croissance, tirée par les volumes importants des grandes et moyennes surfaces. En janvier 2008, les enseignes de la FCD se sont donné pour objectif d’augmenter d’au moins 15% par an la part des produits issus de l’agriculture biologique dans le total des ventes alimentaires. Pour la deuxième année consécutive, les produits bio ont affiché en 2009 une croissance annuelle de plus de 20%, avec des pics de 50 à 70% dans certaines enseignes, soit un doublement en deux ans. Toutes les enseignes, y compris le maxidiscompte, misent sur le développement de ce marché et élargissent leur gamme à marques de distributeurs. En offrant des produits bio à prix compétitifs, elles contribuent à en démocratiser l’accès. Cependant, l’équilibre reste tendu entre l’offre et la demande, notamment pour les produits frais. Pour répondre à la demande des consommateurs, il importe aujourd’hui d’accroître la production agricole française afin de sécuriser l’approvisionnement et d’éviter le recours obligé à l’importation. Conformément à la convention signée entre le ministère du développement durable et la FCD le 29 janvier 2008, le ministère du développement durable et la FCD souhaitent accroître leurs efforts mutuels, dans le cadre des structures de dialogue existantes, pour contribuer à sécuriser l’approvisionnement ; faciliter la conversion des exploitations agricoles et promouvoir la consommation des produits bio.La gestion durable des activités
– Des bâtiments moins consommateurs d’énergie : Précurseurs dans la réalisation de bilans carbone, suivant la méthodologie définie par l’ADEME et adaptée conjointement avec elle aux spécificités de la profession, les enseignes ont élaboré, avec PERIFEM (association technique de la distribution) et la FCD, un guide collectif mis à disposition des magasins en 2009. Ce guide intègre des exemples de bonnes pratiques et une méthode d’auto-évaluation. Des indicateurs et valeurs de référence ont également été définis par les enseignes, en fonction des caractéristiques de leur parc, en cohérence avec la réglementation thermique. Enfin, une étude a été conduite par PERIFEM, conjointement avec l’ADEME, afin d’identifier les principaux leviers d’amélioration de l’efficacité énergétique des magasins. Les magasins ont ainsi amélioré leur efficacité énergétique : il est difficile de donner une moyenne significative car les consommations varient de 300 à 900 KWh/m²/an suivant la taille et les caractéristiques des sites mais, à travers l’identification des postes les plus énergivores (froid, climatisation, éclairage…) et la mise en place de solutions adaptées (pilotage à distance, récupération de chaleur et de froid, meubles frigorifiques plus performants, utilisation de l’éclairage naturel…), les consommations énergétiques des magasins ont baissé jusqu’à 6% en 2009 par rapport à 2008. – Une utilisation croissante des énergies renouvelables : L’étude réalisée conjointement avec l’ADEME montre que les bâtiments du commerce (magasins et entrepôts) peuvent apporter une contribution décisive au développement des énergies renouvelables en France, s’agissant notamment de l’énergie solaire (thermique et photovoltaïque) étant donné l’envergure des toitures : hors entrepôts, les grandes et moyennes surfaces représentent en France plus de 20 millions de m², dont plus de 15 pour les seules enseignes de la FCD. Ainsi, tous les projets de construction de sites nouveaux et la plupart des grosses rénovations intègrent désormais l’utilisation des énergies renouvelables. – Un effort généralisé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport : L’optimisation des transports amont (des fournisseurs aux entrepôts) et aval (entre entrepôts et magasins) est un facteur clé de la réduction de l’empreinte environnementale des activités du commerce et de la distribution. En application de la convention et conformément à leur politique de développement durable, les enseignes ont mis en place une stratégie qui fait jouer tous les leviers d’amélioration possibles, notamment : – Optimisation du remplissage des camions et rationalisation de leurs trajets par la mise en place de plate-formes de consolidation, l’incitation au regroupement (« pooling ») et le développement du « backhauling » (pour éviter les retours à vide, les camions qui ont livré un magasin chargent chez des fournisseurs proches pour approvisionner les entrepôts). – Renforcement des modes de transports alternatifs à la route : développement du multimodal (articulation rail/route notamment), recours au transport ferroviaire et fluvial pour la livraison des entrepôts. Suivant les possibilités propres à chaque enseigne, jusqu’à 65% des marchandises de grand import sont transportées par péniches depuis les ports maritimes jusqu’aux entrepôts. – Utilisation de technologies plus respectueuses de l’environnement : priorité donnée aux normes les plus contraignantes (camions appartenant aux catégories Euro 4 ou Euro 5), livraison des magasins par camions GNV, expérimentations diverses (nouveaux systèmes de motorisation, camions silencieux…). – L’insertion paysagère : une priorité pour l’avenir. Fortes de ces résultats, les enseignes de la distribution souhaitent, pour les années à venir, faire porter leurs efforts sur la limitation des impacts visuels et une meilleure insertion des sites dans les paysages. en tirant parti des réalisations exemplaires mises en œuvre pour les sites les plus récents.Le nouveau marché des ampoules électriques
La FCD s’est engagée à promouvoir les lampes basse consommation à travers une convention signée avec le ministère du développement durable, le 23 octobre 2008, et cosignée par 10 enseignes (Atac, Auchan, Carrefour, Casino, Cora, Francap, Lidl, Metro, Monoprix et Système U). Anticipant sur la réglementation européenne intervenue en mars 20094, cette convention définit plusieurs objectifs ambitieux : – le développement de la part de marché des lampes fluorescentes compactes (LFC) de 10,7% (à fin 2007) à 15% à fin 2008, 25% à fin 2009 et 35% à fin 2010 ; – le retrait progressif des ampoules à incandescence, entre le 30 juin 2009 et le 31 décembre 2012, en commençant par les ampoules de plus forte puissance ; – l’amélioration de la qualité des LFC mises en vente, en assurant leur conformité aux exigences de l’EcoProfile européen ; – l’augmentation de la collecte et du recyclage des LFC grâce aux opérations conduites par Récylum, l’éco-organisme agréé pour les lampes usagées ; – l’information et la sensibilisation des consommateurs, à travers les campagnes menées en partenariat avec l’ADEME et EDF et l’information relayée en magasin. Toutes les enseignes de la FCD sont partenaires de Récylum, l’éco-organisme agréé pour la collecte et le recyclage des lampes usagées. En application de la convention signée le 23 octobre 2008, plus de 2 000 meubles de collecte ont été installés dans les magasins tout au long de l’année 2009 et les 3 000 meubles seront atteints avant fin 2010. Ils permettront d’augmenter les tonnages collectés via la distribution qui ont représenté, en 2009, près de 40% du volume collecté total (soit 1 350 tonnes sur 3 500 tonnes). Depuis 2006, ce sont plus de 10 000 tonnes de lampes et tube fluorescents qui ont ainsi été recyclées, soit environ 70 millions d’unités.Vers la fin des sacs plastiques jetables
Parmi tous les metteurs en marché, ce sont les grandes et moyennes surfaces qui ont accompli le plus d’efforts pour réduire la distribution de sacs en plastique jetables au profit de solutions réutilisables : cabas souples en PEHD, sacs cabas en polypropylène tissé, sacs en tissus, etc. En six ans, le nombre de sacs de caisse jetables distribués en magasin a diminué de 85%, passant de 10,5 milliards en 2002 à 1,6 milliard en 20085. Ce résultat a été atteint grâce à une forte mobilisation des enseignes pour sensibiliser le consommateur et développer une offre alternative. L’efficacité écologique des sacs réutilisables est établie : utilisés en pratique jusqu’à 20 fois et plus, ils permettent d’économiser des matières premières et de l’énergie dès 5 utilisations. En décembre 2008, la FCD et ses adhérents ont pris la décision de supprimer tous les sacs de caisse jetables, d’ici fin 2011, dans tous les formats de magasins : magasins de proximité, supermarchés, hypermarchés. Les magasins en franchise seront invités à suivre la même démarche. Les enseignes se sont engagées à ce qu’au moins un article de la gamme reste échangeable gratuitement à vie, notamment les sacs réutilisables destinés au recyclage.La distribution, acteur de la gestion des déchets ménagers
Les enseignes de la distribution contribuent au financement et à l’organisation des différentes filières qui ont été mises en place, depuis 1992, pour assurer, aux côtés des collectivités locales, la collecte et le traitement des déchets ménagers. Ces filières dédiées reposent en effet sur l’effort de tous les metteurs en marché : fabricants et importateurs, bien sûr, mais aussi les distributeurs, pour les produits à leur marque propre et ceux qu’ils importent directement depuis l’étranger. Au total, 10 éco-organismes ont été créés par les metteurs en marché pour répondre aux obligations qui leur incombent en application des législations européennes ou françaises. Ils couvrent les flux de déchets jugés prioritaires du fait de leur volume ou de leurs impacts pour l’environnement : – Emballages (acier et aluminium, papier-carton, plastiques, verre) : Eco-Emballages ; Adelphe – Equipements électriques et électroniques (appareils électroménagers, télévisions, ordinateurs…) : Eco-systèmes ; Ecologic ; ERP – Lampes (LFC et néons) : Récylum – Piles et accumulateurs : Corepile ; Screlec – Papiers : EcoFolio – Textile (vêtements, linge de maison et chaussures) : Eco-TLC (en démarrage) Les lois issues du Grenelle Environnement prévoient, en 2011 et 2012, deux nouvelles filières de collecte sélective et de traitement : les déchets dangereux diffus des ménages (peintures, vernis, eau de javel, produits phytopharmaceutiques…) et les déchets issus de l’ameublement. En outre, les distributeurs prennent en charge la gestion de leurs propres déchets (emballages de transport, déchets fermentescibles…).