Cette boîte à outils de l’impact collectif, créée par l’Institut Tamarack, apporte les connaissances nécessaires pour ancrer solidement une initiative d’impact collectif. Des outils pour explorer les conditions préalables à la mise en œuvre et les différentes phases d’une initiative d’impact collectif à long terme.

Au delà de « faire ensemble » ou « co-construire », réussir une action collective structurée, durable et transformatrice est souvent la partie la plus difficile. Cette boîte à outils de l’impact collectif de l’Institut Tamarack propose une démarche claire et éprouvée pour aider des acteurs très différents à construire une stratégie commune, à la maintenir dans le temps et à produire des résultats tangibles.

LES CINQ CONDITIONS DE L’IMPACT COLLECTIF
6 enseignements clés par Pierre-Henry Dodart

- 1️⃣ Sans bases solides, l’impact collectif ne démarre pas : Le guide rappelle que trois préconditions sont indispensables : des personnes influentes capables de rassembler, un sentiment partagé d’urgence, et des ressources suffisantes (financières, humaines ou en nature) pour tenir sur plusieurs années. Dans une transition écologique marquée par la fragmentation des acteurs, ces trois éléments conditionnent la capacité à avancer ensemble.
- 2️⃣ Les cinq conditions fondatrices restent le cœur du modèle : Plan d’action commun, système d’évaluation partagé, activités qui se renforcent mutuellement, communication continue et infrastructure de soutien. Le guide montre comment les opérationnaliser, avec des outils très concrets pour éviter les malentendus et construire une vision réellement partagée.
- 3️⃣ La collaboration est un chemin, pas un slogan : Le continuum de collaboration permet de situer un collectif : simple coordination, coopération, ou véritable intégration. Un outil particulièrement utile pour des démarches TE où chacun n’a pas le même rythme ni les mêmes marges de manœuvre.
- 4️⃣ Le plan d’action commun doit être précis, réaliste et mesurable : Définir l’enjeu, clarifier la portée, identifier les données nécessaires, repérer les actions existantes, prioriser les changements déterminants sont proposé proposés comme des canevas pour structurer une action collective qui tient dans le temps.
- 5️⃣ L’évaluation n’est pas un reporting mais une culture d’apprentissage : Cartographie de l’écosystème d’évaluation, journal des effets, indicateurs partagés… L’enjeu n’est pas seulement de mesurer, mais de créer un apprentissage collectif continu. Un point essentiel lorsqu’on travaille sur des transformations longues et complexes.
- 6️⃣ La confiance, les valeurs et les relations sont la véritable infrastructure : Roue de l’engagement, principes communs, clarification des rôles… plusieurs outils visent explicitement à renforcer la qualité des relations entre partenaires et sans cette dimension, aucune dynamique de transition ne tient dans la durée.

Ce document montre qu’avoir un impact ne dépend pas seulement de l’ajout de nouveaux projets, mais de créer les conditions qui permettent réellement d’agir ensemble.
Pierre-Henry Dodart
Administrateur de l’État engagé pour la transition écologique

Une boite à outils de l’impact collectif
Les outils et les ressources de cette boîte à outils sont le fruit de plus de vingt ans de travail dans le domaine du développement des communautés et de partenariats avec des acteurs et actrices de changement qui agissent à l’échelle locale partout dans le monde.
Lorsqu’il allie un engagement à long terme et rassemble des expert·e·s des enjeux dont il est question et des personnes ayant une expérience vécue de ces derniers, l’impact collectif est une démarche efficace.
Ce livre électronique vous permettra de vous lancer avec suffisamment de connaissances tirées de l’expérience pratique pour vous aider à poser des questions pertinentes aux bonnes personnes tout au long de votre parcours.
Section 1 – Qu’est-ce que l’impact collectif?
L’impact collectif est une « approche structurée de collaboration intersectorielle ayant pour but de résoudre des enjeux sociaux et environnementaux complexes à grande échelle ». D’abord défini par John Kania et Mark Kramer de FSG dans un article publié dans le Stanford Social Innovation Review (en anglais) à l’hiver 2011, l’impact collectif comprend trois conditions préalables et cinq conditions de mise en oeuvre, qui, lorsqu’elles sont appliquées de manière rigoureuse, ont permis de démontrer une efficacité remarquable pour répondre à un vaste ensemble d’enjeux sociaux.
Section 2 – Les conditions préalables à l’impact collectif
Trois conditions sont préalables à toute démarche d’impact collectif : des personnes influentes, un sentiment d’urgence et des ressources adéquates. Réunies, ces trois conditions contribuent au démarrage réussi d’une initiative d’impact collectif. Une bonne analyse de ces conditions permet aux groupes d’entreprendre le travail de sensibilisation requis sur le terrain pour ultimement générer un élan autour de l’enjeu.
Section 3 – Un plan d’action commun
Il existe un certain nombre de facteurs à prendre en compte pour créer un plan d’action commun visant à générer un impact populationnel. Au-delà d’une vision partagée, un plan d’action commun inclut non seulement la définition collective d’un même enjeu par de multiples partenaires provenant de différents secteurs, mais il implique également une compréhension commune des partenaires autour de cet enjeu et des stratégies à mettre en place pour le résoudre.
Section 4 – Un système d’évaluation commun
L’engagement formel à évaluer les progrès accomplis à l’aide d’indicateurs communs préalablement convenus constitue l’une des caractéristiques distinguant l’approche d’impact collectif des autres formes de collaboration. Outre la nécessité de s’entendre sur quelques indicateurs populationnels sur lesquels votre initiative d’impact collectif tente d’avoir un impact, un système d’évaluation commun exige également la mise en place de systèmes permettant la collecte, l’analyse et l’interprétation de données de façon collective.

Section 5 – Des activités se renforçant mutuellement
Les activités se renforçant mutuellement désignent les programmes et les services offerts qui contribuent à générer les effets visés par votre initiative d’impact collectif. Cette condition de l’impact collectif implique d’abord de s’entendre sur les principaux effets visés; puis de définir les façons de coordonner les programmes et les services offerts; et d’identifier des points de jonction entre différentes activités ou différents programmes complémentaires afin de combiner les stratégies pour atteindre les effets visés.
Section 6 – Une communication continue
La quatrième condition de l’impact collectif réside dans la communication continue. Elle est essentielle pour que vos partenaires provenant de différents secteurs développent un langage commun et une même compréhension de ce que vous cherchez à accomplir ensemble. Plus largement, la communication continue permet d’informer et de sensibiliser les membres de votre communauté sur l’état d’avancement de votre initiative d’impact collectif.

Section 7 – Une infrastructure de soutien
Une étude approfondie des infrastructures de soutien menée par FSG est arrivée aux conclusions suivantes : les infrastructures de soutien ont une utilité indéniable; elles favorisent l’alignement autour de la vision et guident la coordination des stratégies; elles sont en mesure de s’adapter et de rectifier le tir au fil du temps; elles guident les travaux en se basant sur les données; et elles contribuent à influencer l’opinion publique et les politiques.
Section 8 – Passer à l’action
Cette section propose des outils pour rassembler les conditions dans un cadre pour la mise en oeuvre de votre initiative d’impact collectif, de façon simple et articulée.
L’impact collectif
Le cadre d’impact collectif a été lancé en 2011 par John Kania et Mark Kramer du FSG dans un article, paru dans le magazine Stanford Social Innovation Review, qui décrit certains des ingrédients clés permettant aux initiatives à l’échelle d’une communauté de passer d’une situation où les « actions et les résultats sont fragmentés » à une « action commune menant à un impact collectif profond et durable ». Ces conditions sont les suivantes : un plan d’action commun, un système d’évaluation commun, des activités se renforçant mutuellement, une communication continue et une infrastructure de soutien.
Pour Paul Born, ancien co-directeur général de l’Institut Tamarack, « Kania et Kramer ont si bien compris le travail que nous faisons, et l’ont décrit d’une manière si limpide qu’ils ont en fait jeté les bases d’une nouvelle approche pour le changement à l’échelle des communautés. »
Depuis 2011, la popularité de l’impact collectif a explosé. Il est actuellement utilisé à travers le monde par des coalitions et des initiatives collaboratives qui luttent contre la pauvreté, l’itinérance, le changement climatique, les injustices, l’échec scolaire et de nombreux autres enjeux.
Le cadre d’impact collectif développé par le FSG fait l’objet d’améliorations depuis une dizaine d’années grâce aux contributions de nombreux partenaires du Collective Impact Forum, une plateforme en ligne administrée par le FSG. Le Collective Impact Forum présente de nombreux exemples d’initiatives d’impact collectif en cours et rassemble régulièrement les leaders d’infrastructures de soutien et les membres des communautés pour faire évoluer cette approche.
L’Institut Tamarack joue le rôle de catalyseur aux côtés du Collective Impact Forum depuis sa création et bénéficie des connaissances et des ressources de cet important réseau de développement sur le terrain.
Pour le dixième anniversaire de l’impact collectif, le Collective Impact Forum et ses partenaires, dont l’Institut Tamarack, ont produit une série rétrospective d’articles qui ont contribué à façonner la pratique de l’impact collectif.
L’Institut Tamarack reconnait l’importance d’un engagement à long terme dans le cadre d’une initiative d’impact collectif.
Pour résoudre des enjeux aussi complexes que la pauvreté, une collaboration intersectorielle intentionnelle, sur plusieurs années et rassemblant des partenaires divers et investis, est essentielle.
En 2016, l’Institut Tamarack a publié l’article Impact collectif 3.0 qui se base sur le cadre décrit par Kania et Kamer et approfondit sa compréhension de l’impact collectif pour en tirer le meilleur parti.
L’initiative de l’Institut Tamarack, Communautés éliminant la pauvreté (CEP), rassemble plus de 400 municipalités à travers le Canada depuis 20 ans. Elle fait le lien entre la théorie de l’impact collectif et la pratique sur le terrain. En 2020, CEP a publié son rapport d’impact et d’actions locales qui, associées à des investissements publics fédéraux, provinciaux et municipaux, ont réduit la pauvreté pour près de 1,1 million de Canadien·ne·s. C’est donc une démonstration claire que le travail collectif génère un impact.

Plus récemment, l’Institut Tamarack a adopté une démarche d’impact collectif dans le cadre de son projet Communautés bâtissant l’avenir des jeunes, un partenariat sur cinq ans entre l’Institut Tamarack, le gouvernement du Canada et vingt communautés réparties au Canada dont l’objectif est de développer des approches impliquant la communauté pour favoriser la réussite des jeunes.
Dans chaque communauté, des organismes communautaires, des représentant·e·s du gouvernement local, des résident·e·s, des jeunes, des expert·e·s des enjeux dont il est question et des personnes ayant une expérience vécue de ces derniers se rassemblent et coordonnent des stratégies locales visant à accompagner la transition des jeunes de leurs études à l’emploi. Ces tables rondes offrent l’avantage supplémentaire de permettre aux communautés du réseau d’apprendre les unes des autres.
Les apprentissages d’une communauté sont ainsi partagés avec les autres. Il en résulte une intelligence collective et des connaissances qui sont transmises, évaluées et appliquées par d’autres partenaires. C’est ce qui fait la force de l’impact collectif à grande échelle.
L’Institut Tamarack croit au pouvoir et à l’importance de l’impact collectif pour résoudre des enjeux complexes qui touchent les communautés au Canada, en Amérique du Nord et ailleurs. Il a collaboré, soutenu et appris d’initiatives d’impact collectif en Amérique du Nord, en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, au Royaume-Uni, et ailleurs dans le monde.


