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Point de vue

LA POLITIQUE ECOLOGIQUE A LA FRANCAISE

ou comment la France se place au centre de la politique internationale

Depuis l’investiture de notre nouveau président et de son gouvernement, il semble que la donne a radicalement changé la position de notre pays sur la scène politique internationale. Quant au début du nouveau ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables, il laisse entendre que la France est présente, mais cela ne signifie pas forcément active…

Le ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables (Medad) se veut être exemplaire face aux défis que nous réservent actuellement l’activité humaine sur notre planète. Ainsi, notre super ministre Jean-Louis BORLOO, seul membre du gouvernement à avoir le rang de ministre d’Etat, souhaite incarner ce modèle. d’ailleurs il ne lésine pas sur les formules pour montrer comme son ministère est vraiment super «Bienvenue dans ce nouveau ministère» : «un ministère révolutionnaire», «le ministère du passage à l’acte». «Nous avons des objectifs ambitieux et précis, et ce ministère permet d’avoir tous les leviers pour mener ces objectifs à bien.» C’est magnifique toutes ces déclarations, pourtant, à ce même instant, des centaines d’ampoules brûlaient sur les lustres de l’hôtel de Roquelaure, à Paris, quand le numéro 2 du gouvernement a émis le souhait de limiter la consommation d’énergie avant d’exposer ses orientations en vue du «Grenelle de l’environnement» prévu fin octobre. Le Medad aura une «capacité d’influence, voire d’autorité, sur l’ensemble des actions menées par les différents ministères», s’est-il vanté. C’est sur ce point que l’attendent les écologistes. «Nous restons vigilants sur le découpage des ministères et la réelle influence de Borloo sur l’Agriculture, l’Education nationale ou l’Economie», indique les Amis de la Terre, l’une des neuf ONG associées à la préparation du fameux Grenelle. Selon elle, les discussions, qui ont été lancées dans le cadre de six groupes de travail (climat, biodiversité, santé, aménagement rural, compétitivité, gouvernance écologique), porteront notamment sur la rénovation thermique (l’isolation) des logements, deuxième cause d’émissions de CO2 après les transports. «Nous attendons moins des mesures fiscales que des efforts sur la formation dans le bâtiment», explique-t-elle. D’où le besoin d’un vrai impact sur l’Education nationale. Pendant ce temps, BORLOO le ministre écolo « exemplaire » enchaîne les voyages médiatiques. Début septembre, il passe 48h au Brésil. Programme: 11heures de vol jusqu’à Rio, des tables rondes, un saut en avion pour aller visiter VALLOUREC (un géant de l’acier qui tire son energie d’une forêt d’eucalyptus), visite d’un parc, puis « vite on va rater l’avion », « sirènes hurlantes, le convoi du ministre roule à tombeau ouvert sur l’autoroute de l’aéroport ». Quel bel exemple! Puis, le lundi d’après, BORLOO atterit au Groenland, accompagné d’une armada de scientifiques, disons plutôt une quarantaine de journalistes et personalités, dont l’inévitable Yann ARTHUS-BERTRAND, afin de vérifier de ses propres yeux que le fameux glacier Kangerlua fond bien à une vitesse record et le comparer à « un gigantesque distributeur de glaçons », quel poète notre ministre! Critiqué par les Verts qui ont jugé ce voyage « grotesque », le ministre s’est défendu en déclarant que ce voyage de 7000 km en avion avait certes émis pas moins de 65 tonnes de CO2, mais que le ministère allait se racheter en participant à la construction d’une centrale hydroélectrique à Pihuamo, au Mexique. Ça, c’est vachement exemplaire, non? Evidemment, au lieu d’aller se geler les neurones près du pôle Nord, le ministre aurait pu aller moins loin, à Berlin: ce même lundi, les représentants des 20 pays les plus gros consommateurs d’énergie se réunissaient pour essayer de se mettre d’accord sur une politique commune de lutte contre le réchauffement. Une vraie réunion de travail sérieuse et peu divertissante où le ministre BORLOO a préféré donc y envoyer sa secrétaire d’Etat Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. A elle de négocier à Berlin pendant qu’il serrait la main à des pingouins! Et c’est ainsi que l’écologie à la française fascine la planète : « A Rio, j’ai pu constater que tous les regards des instances politiques internationales convergeaient actuellement vers la France. » Pas parce qu’elle vient d’échapper de justesse à une énorme amende de Bruxelles à cause de ses rivières archipolluées depuis 20 ans, non, mais parce qu’elle poursuit le combat engagé par Jacques CHIRAC, lequel a lancé le projet d’un gand machin onusien de l’environnement. Et cette idée échauffe grandement BORLOO, que cette nouvelle structure fait rêver: « une seule gouvernance dotée d’un président médiatique susceptible de porter un message politique donnerait une formidable impulsion à un défi majeur: sauver la planète! » Evidemment, le mot important, ici, est: médiatique. La France semble depuis peu prendre une place capitale dans l’actualité internationale. N’est-ce-pas notre cher président, qui, le 25 septembre dernier, pour sa première intervention en tant que président du conseil de sécurité de l’ONU, a appelé « tous les Etats à se réunir pour fonder le Nouvel Ordre Mondial du XXIè siècle ». Ce nouvel ordre mondial qui ne veut que le bonheur de l’humanité et le respect de notre planète, quelle belle communication! Ce que l’on ne sait pas forcément, c’est le comment? Et si c’était par le contrôle total de tout à chacun, par une répression accrue, l’utilisation des nouvelles technologies notamment dans la surveillance planètaire, la démocratisation des OGM (qui, selon BORLOO, sont incontrolables du fait que l’on ne peut controler leur dissémination), le matraquage médiatique d’une information basée sur la création de la peur dans nos esprits, et ainsi la création d’un besoin frénétique de sécurité, et bientôt le développement d’une solution miracle à tous nos maux pas plus grande que la taille d’un grain de riz…j’en passe des vertes et des pas mûres… Pour revenir sur la place de notre cher pays, en outre de notre super président maintenant président du conseil de sécurité de l’ONU, nous avons déjà Jean-Claude TRICHET, président de la Banque Centrale Européenne depuis 2003, qui cela dit en passant est le lauréat du prix de la carpette anglaise de 2004 (qui décerne chaque année un prix d’ « indignité civique » à un membre des élites françaises qui s’est distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglais en France et dans les institutions européennes.), pour avoir déclaré « I am not a Frenchman » lors de sa prise de fonction en tant que directeur de la BCE. Puis nous avons également Pascal LAMY, directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis le 1er septembre 2005, fervent partisan de la mondialisation économique et financière, il œuvre sous égide de l’OMC pour l’Accord Multilatéral sur l’Investissement (AMI) ainsi que surl’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS). Des accords qui permettront encore plus de liberté sur les marchés financiers notamment en privatisant les services publiques. Au total, l’AGCS prévoit la libéralisation totale de 160 secteurs d’activité, dont certains représentent de fabuleux marchés mondiaux qui excitent depuis longtemps la convoitise du secteur privé (2000 milliards de dollars pour l’éducation, 3500 milliards de dollars pour la santé). Avant même la signature de l’AGCS, les gouvernements européens ont déjà commencé à mettre en oeuvre la privatisation des services publics. Les projets de privatisation déjà annoncées de certains services publics (GDF, Air France, La Poste…) sont en fait dictées par l’AGCS, que les gouvernements de droite et de gauche ont élaboré en secret, dans le dos des citoyens, et avec le silence complice des médias. L’AGCS vise à accorder toujours plus de liberté et de droits aux multinationales (rendant presque légaux les délits d’initiés, spécialité des oligarques de nos grands groupes multinatinaux), à réduire le pouvoir économique des Etats, et à démanteler méthodiquement l’ensembles des réglementations sociales et environnementales.. Et enfin, voici sûrement le plus coup de l’ouverture tant attendue de notre président tentateur, la propulsion de Dominique STRAUSS-KAHN à la tête du Fonds Monétaire International, institution très critiquée par son ingérence dans les politques nationales des pays du Tiers-monde, en les entrainant dans des politques d’ajustement structurel qui aggravent la pauvreté et les dettes en supprimant ou diminuant la capacité d’intervention de ces Etats. Nous avons donc 4 super pouvoir en place, qui projette la France dans un rôle capital sur la scène politique internationale, mais quand on étudie de plus près le fonctionnement de ces « corporations », on a du souci à se faire quand à nos libertés et nos droits dans un monde où des marchés libres étaient supposés conduire à des sociétés libres. Au lieu de cela, une économie mondiale gonflée à bloc est en train d’éroder le pouvoir des citoyens dans la plupart des démocraties de la planète…

 

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