Reporters sans frontières (RSF) demande aux responsables de culte en France de signer la Proclamation sur la liberté d’expression
Dans le cadre de sa campagne “La liberté d’expression n’a pas de religion”, Reporters sans frontières annonce le lancement d’une initiative nationale consistant à demander aux responsables de lieux de culte de toutes religions de signer la Proclamation sur la liberté d’expression rédigée par l’association, qui précise que “nul ne peut imposer son sacré à autrui” et que “chacun est libre d’exprimer des critiques, même irrévérencieuses, envers tout système de pensée politique, philosophique ou religieux”. L’enjeu est d’énoncer le lien étroit entre la liberté d’expression et la liberté de religion, de conjurer les tentations de limiter la liberté d’expression et, grâce au soutien des responsables religieux, de promouvoir une référence pour exercer une pression sur ceux qui tiennent des propos ambigus.
Lors d’une conférence de presse organisée le 3 février au Palais Brogniart à Paris, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a fait valoir qu’“après la tragédie survenue à Charlie Hebdo, la parution du numéro Tout est pardonné a suscité des réactions de toutes sortes dans le monde et en France qui montrent l’importance d’un message clair en faveur de la liberté d’expression”. Alors même que certaines voix réclament des ajustements au nom de la sensibilité des uns ou des autres, une société démocratique pluraliste et tolérante suppose que le débat public ne soit “pas contraint ou limité par les convictions ou les sensibilités des uns ou des autres”.
Le président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, qui s’engage en faveur de cette initiative, a de son côté affirmé que “cette proclamation importante rappelle que la liberté de conscience et la liberté d’expression sont intimement liées et complémentaires. La laïcité les rassemble parce qu’elle constitue le cadre permettant l’expression de toute opinion ou conviction, dans les limites de la liberté d’autrui.”
RSF a réclamé le soutien des représentants des grandes organisations religieuses en France. Le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, par ailleurs président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a signé la proclamation. Le président de la Fédération protestante, François Clavairoly a annoncé qu’il ferait de même. La présidente de l’Union bouddhiste de France, Marie-Stella Boussemart, évoque son soutien à titre personnel. Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, fait savoir qu’il est absolument d’accord sur le principe, qu’il ne saurait y avoir de “oui mais” à la liberté d’expression, mais souhaite une réponse collective des instances de la Conférence des responsables de culte en France, qui inclut également la Conférence des évêques de France et l’Assemblée des évêques orthodoxes de France. Christophe Deloire a demandé à être auditionné lors de la prochaine réunion de la Conférence, qui devrait avoir lieu le 11 février.
Proclamation sur la liberté d’expression
Le pluralisme au service de nos libertés
La liberté d’expression est garantie par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui affirme que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. ».
La loi française sanctionne l’injure, la diffamation et la provocation à la haine raciale, à la discrimination ou à la violence envers des personnes ou des groupes de personnes, mais non la critique des idées, des symboles et des représentations.
Elle ne reconnaît ni ne condamne le sacrilège ou le blasphème. Chacun est libre d’exprimer et de diffuser des critiques, même irrévérencieuses, envers tout système de pensée politique, philosophique ou religieux.
La liberté de conscience, qui est celle de croire, de pratiquer une religion, ou de ne pas croire, est aussi garantie par la Convention européenne des droits de l’homme et la Constitution. Elle doit naturellement s’appliquer sans discrimination.
Certains peuvent se sentir offensés ou blessés par la critique de leurs croyances, notamment sous la forme satirique. Mais la liberté d’information et d’expression, celle des journalistes comme des citoyens, ne saurait être contrainte ou limitée par les convictions ou les sensibilités des uns ou des autres.
Ce sont les conditions du respect du pacte républicain et des droits de tous dans une société démocratique pluraliste et tolérante.
Nul ne peut imposer sa conception du sacré à autrui.
Comité de soutien
Un comité de personnalités diverses soutient la Proclamation sur la liberté d’expression de l’organisation. Il est composé notamment de la présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), Catherine Lazerges, de la vice-présidente, Catherine Teitgen-Colly, le président du Conseil économique, social et environnemental Jean-Paul Delevoye (CESE), l’essayiste Elisabeth Badinter, l’avocat Robert Badinter, le philosophe Abdennour Bidar, le psychanalyste Fethi Benslama, l’anthropologue des religions Malek Chebel, la philosophe Cynthia Fleury, l’historien et journaliste Jacques Julliard, le journaliste Philippe Labro, l’avocat Henri Leclerc, l’avocat Richard Malka, le politologue Pierre-Emmanuel Moog, l’essayiste Alain-Gérard Slama, l’écrivain Philippe Sollers, le sociologue Alain Touraine et le mathématicien Cédric Villani.
Signer la proclamation
Les responsables des lieux de culte pourront signer par voie postale ou électronique. Pour le succès de l’opération, RSF diffusera le contenu de la proclamation dans des encarts dans la presse nationale et régionale. L’organisation met aussi sur pied un réseau de correspondants dans les régions pour promouvoir l’initiative.
Campagne Reporters sans frontières : La liberté d’expression n’a pas de religion
Ne pas confondre grégairement, SVP
NON, NON et NON
La liberté de blesser les pratiquants pacifistes d’une religion même si on les considère toutes non fondées ne fait pas partie de la liberté de la presse et de l’édition. Çà engendre quoi de positif et constructif ?
JE NE SUIS MEMBRE D’AUCUNE DE CES RELIGIONS, et ne suis pas davantage athée ou agnostique, mais je ne suis pas solidaire de ceux qui (se) font plaisir en les caricaturant.
Tout en désapprouvant sans réserve les criminels fanatiques évidemment et en étant plein de compassion pour les familles et autres survivants