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The Idiot Cycle : comment le cancer est devenu la maladie la plus lucrative de la planète

Aujourd’hui on nous bombarde de 18 millions de produits chimiques, dont beaucoup se mélangent dans l’environnement pour en créer de nouveaux. Seulement 2 000 de ces produits chimiques fabriqués par l’homme ont subis une analyse toxicologique complète. Aucun gouvernement au monde ne sait quels produits de consommation contiennent des produits chimiques, lesquels et en quelles quantités. Le film documentaire « THE IDIOT CYCLE » de Emmanuelle Schick Garcia décrit le cycle (pas si idiot) mis en place par les plus grands industries chimiques du monde : Dow Chemical, BASF, Bayer, Dupont, strazeneca, Monsanto… et comment ces industries, qui fabriquent et diffusent des substances cancérigènes, développent, produisent et financent les traitements (pour) le cancer : « la maladie la plus lucrative de la planète », estime la réalisatrice.

Il était une fois un roi qui avait accumulé tout l’or de son royaume. Ses sujets vivaient dans la misère, sans une terre pour produire quelque nourriture. Quand ils commencèrent à mourir de faim et voir leurs familles dépérir, il réalisèrent alors qu’ils n’avaient rien à perdre. Ils envahirent le château et trouvèrent le roi couvant ses montagnes d’or dans une pièce immense, les suppliant de ne pas voler son or. Les sujets ne volèrent pas l’or, mais ils quittèrent la pièce et y enfermèrent le roi. En partant, ils lui lancèrent : « maintenant tu saura la vraie valeur de ton or. » Le roi, piégé sans eau ni nourriture , réalisa alors que l’or était parfaitement inutile. Cette histoire a inspiré The Idiot Cycle… Le film de Emmanuelle Schick Garcia décrit avec précision le cercle « infernal » et surtout lucratif dont bénéficient les plus grandes compagnies chimiques du monde, qui d’un côté fabriquent les pesticides et autres substances chimiques reconnues responsables de nombreuses maladies, dont le cancer ; compagnies qui, dans le même temps, produisent et financent les traitements sensés soigner ces dites maladies. Ces mêmes compagnies développent et commercialisent les organismes génétiquement modifiés, dont les effets à long terme sur la santé, comme le cancer, n’ont jamais été testés. THE IDIOT CYCLE met en évidence l’impasse dans laquelle, aujourd’hui, ces questions de santé et d’environnement se retrouvent. Alors que nombre d’indicateurs, d’études ne cessent de tirer le signal d’alarme, le lien entre maladie et produits chimiques n’est toujours pas reconnu, et continue à se heurter à l’indifférence et au silence des pouvoirs publics… A l’occasion de la journée mondiale contre le cancer JPS Film organise une projection unique et exceptionnelle le vendredi 4 février 2011 à 18h30 au Cinéma Elysées Biarritz (22-24 rue Quentin Bauchart 75008 Paris). La projection sera suivie d’un débat en présence de François Veillerette, Président du MDRGF (Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures) et de Emmanuelle Schick Garcia, réalisatrice. Le film sera ensuite diffusé dans le cadre de la semaine sans pesticides en mars 2011.

Bande-annonce

Entretien avec Emmanuelle Schick Garcia

Quel a été le point de départ de votre film ? Emmanuelle Schick Garcia : J’ai perdu plusieurs amis qui ont été victimes du cancer. Certains sont décédés à 22 ans, d’autres avant 30 ans. Ils n’ont pas grandi dans des villes implantées sur des usines « pétrochimiques » ou d’incinérateurs, mais dans de simples banlieues. Ma mère a également été diagnostiquée avec un cancer à 49 ans, sans antécédents familiaux, elle ne fumait pas, elle vivait sainement. Je me souviens toujours des brochures sur le cancer à l’hôpital avec des descriptions de personnes les plus susceptibles de développer un cancer. Elles ne représentaient jamais les profils de mes amis ou de ma mère. Je ne comprenais pas pourquoi on ne nous parlait jamais des causes. Avez-vous rencontré des difficultés pour mener votre travail d’investigation ? Emmanuelle Schick Garcia : Oui, le film n’a pas pu obtenu l’assurance E&O. Cette assurance est importante pour pouvoir diffuser un film en Amérique du Nord sans entraves. Les compagnies d!assurances ont refusé de nous assurer simplement à cause du « sujet » du film. Ils n’ont pas voulu nous donner plus de précisions. Pendant le tournage, des voitures de sécurité appartenant aux différentes compagnies chimiques nous arrêtaient souvent. Ils nous demandaient nos papiers, notaient l!immatriculation du véhicule. Ils nous disaient que c’était soi-disant pour prévenir les actes de terrorisme. Et alors je ne pouvais m’empêcher de penser : « produire des produits chimiques auxquels sont exposés quotidiennement des enfants, des communautés entières ne relève t-il pas d’un acte de violence ? » Avez-vous essuyé des refus des principales firmes pharmaceutiques lorsque vous avez sollicité des RDV ? Emmanuelle Schick Garcia : C’était différent avec chaque compagnie. Certaines sociétés nous dirigeaient vers leurs associations de lobbying. Certaines ne voulaient même pas nous parler au téléphone, ils ont simplement refusé par email. D’autres nous ont parlé pendant des mois, avec d’hypothétiques perspectives d’interviews, puis ont fini par refuser. Vous avez tourné en Europe, aux Etats-Unis, au Canada : existe-il des différences de posture des pouvoirs publics sur le sujet ? Emmanuelle Schick Garcia : Il existe les mêmes conflits d’intérêt en Europe qu’en Amérique du Nord, les mêmes corruptions. Et partout, les études de long terme sur les produits chimiques ne sont exigées par aucun gouvernement au monde. On se trouve donc dans une impasse au niveau des études sur ces produits car certaines ne sont menées que sur du court terme avant de lancer ces produits sur le marché. À une époque, les lois Canadiennes étaient plus strictes concernant les produits chimiques qu’aujourd’hui ainsi qu’aux Etats-Unis. Au cours de ces vingt dernières années, il y a eu une évolution qui tend à aller contre ces lois de protection, au profit des marchés économiques et pour faire soi-disant « évoluer la science et la technologie. » J’entends ces mêmes discours aujourd’hui du côté des pouvoirs publics français. Les citoyens Européens se sont plus mobilisés contre les OGM qu’au Canada et aux Etats-Unis. Les pouvoirs publics se sont donc retrouvés face à une vraie résistance. En Europe, malgré les grosses sommes d’argent injectées dans les campagnes publicitaires, ainsi que dans lobbying, les compagnies chimiques n’ont pas réussi à ouvrir le marché européen comme ils l’ont fait en Amérique du Nord. C’est une énorme défaite pour eux. Ce qui montre que sans beaucoup de moyens, les citoyens ont plus de pouvoir qu’ils ne le pensent. Qu’avez-vous découvert en faisant ce film qui vous ait le plus choquée, interpellée, indignée ? Emmanuelle Schick Garcia : Qu’il y a beaucoup de justification et banalisation des conflits d’intérêt – au niveau des universités, du gouvernement, dans les laboratoires, dans les associations à but non lucratif. C’est tellement banalisé, que personne ne s’interroge réellement sur les impacts de ces conflits d’intérêts. Aimeriez-vous pouvoir aller plus loin encore dans la dénonciation du système, avec une suite de ce film qui s’attacherait à une enquête de fond sur les industries chimiques et pharmaceutiques ? Emmanuelle Schick Garcia : On me l’a proposé. J’y réfléchis. Quelles conclusions donneriez-vous ? Emmanuelle Schick Garcia : Que malheureusement les processus démocratiques sont dégradés par les conflits d’intérêts. Si vous deviez résumer votre film par une interpellation envers les pouvoirs publics, que leur diriez-vous ? Emmanuelle Schick Garcia : Les actes sont plus forts que les mots.

Pour voir le film

Emmanuelle Schick Garcia a décidé de confier son projet à la productrice Laila Tahhar, seule à avoir soutenu le projet depuis le départ. Afin de pouvoir réaliser ce projet de manière totalement indépendante, la société JPS Films a été fondée en 2006. Après trois ans de recherches, puis un an entre le tournage et la post-production, le film s’est finalement trouvé confronté aux refus des compagnies d’assurance américaines et canadiennes d’assurer le film, leur fermant ainsi les portes des chaînes de télévision outre-atlantique. Emmanuelle et Laila se sont donc naturellement tournées vers une diffusion « indépendante » partout dans le monde, aux Etats-Unis, au Canada, en France, en Italie… en s’appuyant sur des cinémas indépendants, des réseaux associatifs, des universités… Le film est disponible en streaming VOD pour le grand public en version anglaise et version française. Toutes les instructions pour le téléchargement du film se trouvent sur le site www.japanesepopsongs.com/films.php. Le prix de location est de 4,99 €.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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