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Réactions des Amis de la Terre et du Réseau Sortir du Nucléaire

Pourquoi le rapport Roussely sur l’avenir de la filière nucléaire est classé secret défense ?

François Roussely, l’ancien président d’EDF, a remis à Nicolas Sarkozy le 11 mai dernier son rapport sur l’organisation industrielle de la filière nucléaire civile française. Selon l’hebdomadaire Le Point, le rapport a été classé « secret défense » par l’Elysée. Le président de la République aurait voulu éviter toute fuite concernant ce rapport partiel auquel manque encore la partie consacrée au nucléaire militaire. « Il donnera lieu à des décisions dans les semaines qui suivent », ont indiqué les services de Nicolas Sarkozy.

Le Réseau sortir du nucléaire s’étonne du classement du rapport Roussely. « Il est révélateur que cette classification « secret défense » touche même la partie du rapport consacrée au nucléaire civil. On peut présumer qu’il s’agit de cacher des données « explosives » sur les très grandes difficultés traversées par le nucléaire français » estime l’association anti-nucléaire. Pour les Amis de la Terre, la classification « secret défense » de ce rapport confirme, si besoin était, combien toute distinction entre nucléaire civil et militaire est illusoire. Une information a toutefois filtré sur le contenu de ce rapport qui préconiserait, selon Les Echos, la création d’un groupement d’intérêt économique incluant Areva, EDF, Alsthom, GDF-Suez et le Commissariat à l’énergie atomique, afin qu’une coordination des alliances et partenariats évite le renouvellement de l’échec essuyé en décembre 2009 lors de l’appel d’offres d’Abou Dabi pour la construction de 4 réacteurs. Pourquoi le rapport est-il classé défense ? « Le rapport Roussely contient-il des éléments encore plus graves que ce qui est déjà connu ? » s’interroge le Réseau Sortir du Nucléaire qui estime que : – Le réseau électrique français est en piteux état, et particulièrement vulnérable : « en cas d’atteinte à un nombre même restreint de pylônes haute tension, le black-out est possible ». – Le parc nucléaire français est dans un état de délabrement extrêmement inquiétant. Ainsi, « la vétusté des générateurs de vapeur, composants majeurs des réacteurs nucléaires, reste un handicap majeur pour la production des centrales françaises jusqu’à leur remplacement qui ne sera effectif qu’en 2030 », estimait la semaine dernière l’autorité de sureté nucléaire (ASN). La France qui produit près de 80% de son électricité à partir de 58 réacteurs nucléaires, souffre depuis 2006 des arrêts fréquents des centrales à cause des générateurs de vapeur vieillissants. « Tous ces pépins sont liés au fait que les générateurs de vapeur ont vécu », reconnait Guillaume Wack, responsable des centrales nucléaires à l’ASN. « Pour la France, fière de son indépendance électrique et qui entend valoriser ses 35 ans d’expertise dans le nucléaire pour être à la tête de la renaissance de la filière, le coup est dur », constate Le Point. L’Hexagone a ainsi été en 2009 importateur net d’électricité durant 57 jours contre six en 2008 et 20 en 2007, selon le Réseau de transport d’électricité (RTE). L’an dernier, la part de la production d’électricité d’origine nucléaire est tombée à 78%, soit son plus bas niveau depuis 1992. – Du fait de la vétusté des réacteurs français, leur disponibilité est tombée à son plus bas niveau depuis 18 ans. Et la prolongation annoncée de la durée de vie des réacteurs français coûterait une fortune à EDF (35 milliards d’euros selon Henri Proglio), alors même que des pièces cruciales comme les générateurs de vapeur ne peuvent être remplacées qu’à un rythme extrêmement lent. De plus, avec le projet de loi sur la « nouvelle organisation du marché de l’électricité » (NOME), EDF, qui doit faire face à ces investissements faramineux, devra également revendre jusqu’à un quart de la production de son parc nucléaire à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie…), afin de permettre à ces derniers d’accéder à une électricité à bas coût tout en renforçant la concurrence sur le marché français, à la demande des instances européennes. Pour assurer ce bas coût, EDF n’aurait pas d’autre solution que d’augmenter les tarifs pour les particuliers et les petits professionnels. Selon des projections de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les tarifs pourraient être relevés de 11,4 % une fois la loi votée et de 3,5 % par an entre 2011 et 2025. Le gouvernement et EDF ont démenti l’information, dénonçant des « allégations totalement fausses et dénuées de tout fondement »… – Selon le Réseau Sortir du nucléaire, « à l’instar des autres installations nucléaires françaises, le réacteur EPR n’est pas conçu pour résister au crash d’un avion de ligne, et sa conception accroît dangereusement les risques d’accident nucléaire grave ». – En cas d’accident nucléaire majeur, les dispositifs prévus (plan ORSEC-Rad) seraient notoirement insuffisants pour protéger les populations. Même une distribution symbolique de pastilles d’iode à toute la population serait impossible, le nombre de lits d’hôpitaux disponibles dérisoire… et surtout, qui serait volontaire pour « liquider » les conséquences de la catastrophe au péril de sa vie ? « Enfin, l’information la plus explosive contenue par le rapport Roussely, pronostique l’ONG, celle que Nicolas Sarkozy souhaite soigneusement dissimuler, est peut-être la suivante : les difficultés gigantesques du nucléaire français rendent indispensable l’arrêt immédiat du programme EPR ». Réaction des Amis de la Terre Les Amis de la Terre sont scandalisés de voir les priorités énergétiques se concentrer à l’international sur l’exportation de technologies nucléaires quand chacun des 58 réacteurs de l’Hexagone produit déjà en moins de 15 jours les quelques kilos de plutonium requis pour fabriquer une bombe atomique comme celle qui détruisit Nagasaki. Et quand la radioactivité de quelques milligrammes à peine d’un cocktail de césium 137, strontium 90 et isotopes du plutonium déposés par km2 suffit pour atteindre le nombre de curies justifiant l’évacuation obligatoire et définitive des populations concernées. Pour Marie-Christine Gamberini, référente sur le nucléaire aux Amis de la Terre : « Les Français ont le droit de connaître les vrais risques, croissants, que leur font courir les dirigeants qui prétendent protéger leurs intérêts. Nous demandons donc la déclassification du rapport Roussely, et un débat parlementaire transparent et approfondi sur toutes les questions énergétiques, stratégiques, sanitaires et géopolitiques que ce rapport aborde. » Pour les Amis de la Terre, tout réacteur électronucléaire français ayant dépassé les 30 ans d’âge calculés suivant les critères de l’AIEA doit maintenant fermer, et être remplacé d’urgence par d’autres modes de production d’électricité. Par ailleurs, les encouragements à la surconsommation de courant et à la multiplication des usages de l’électricité dont les services commerciaux d’EDF se rendent coupables avec l’aval du gouvernement doivent immédiatement cesser.

 

Sources de l’article : communiqué de presse du Réseau sortir du nucléaire – communiqué de presse des Amis de la Terre – Le Point – Le Monde – Reuters – Les Echos

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Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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1 COMMENTAIRE

  1. Pourquoi le rapport Roussely sur l’avenir de la filière nucléaire est classé secret défense ?
    le rapport (http://www.elysee.fr/president/root/bank_objects/Synthese_ROUSSELY.pdf) dit notamment :
    « Le renforcement de la compétitivité du nucléaire civil français nécessite aussi de véritables engagements de l’Etat, dont les principaux axes pourraient être les suivants :  »


    « Planifier une hausse modérée mais régulière des tarifs de l’électricité (en euro constant) afin de permettre la préparation du financement du renouvellement du parc à long terme ;  » tout rapport avec les augmentations récentes des tarifs EDF serait certainement fortuite !

    Le rapport évoque également à plusieurs reprises la gêne causée par l’Autorité de Sécurité Nucléaire, pour suggérer que  » En France, il convient que l’État définisse un modus vivendi équilibré avec l’Autorité de Sûreté, c’est-à-dire réaffirme le rôle régalien qu’il ne devrait pas abandonner à une autorité indépendante. », ce qui pourrait aboutir à l’inclure de nouveau dans le fameux grand ministère de l’industrie, et en tout cas explicite la mesure 8 :
    « Réexaminer et réaffirmer la mission de l’ASN telle qu’elle est définie dans la loi Transparence et Sûreté Nucléaire du 13 juin 2006. » Autrement dit, l’Etat doit se faire l’instrument des industriels pour remettre les questions de sécurité sous le contrôle des intérêts économiques à court terme de ces industriels. Merci monsieur Roussely de cracher si nettement le morceau.