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Tribune

Pour des Etats Généraux de l’Agriculture

Dix présidents d’association et d’ONG dont Serge Orru pour le WWF France, Stephen Kerckove d’Agir pour l’environnement, François Veillerette de Générations futures ont signé aujourd’hui le 27 avril dernier dans le journal Le Monde un appel Pour des états généraux de l’agriculture. Les signataires de cette tribune pensent que le moment est venu pour réformer en profondeur le système agricole français et proposent aux deux candidats à l’élection présidentielle de s’engager sans détour en faveur de la tenue dans les trois mois d’états généraux de l’agriculture et de l’aménagement rural.

« Si les français aiment l’agriculture et en ont une bonne image ils sont en revanche 93 % à souhaiter une évolution du système actuel au profit de pratiques qui réduiraient l’utilisation des engrais et des pesticides dans un souci de limiter la pollution de l’eau, de l’air des sols et les risques pour la santé ou même à souhaiter un modèle basé sur l’agriculture biologique, majoritairement à base de produits locaux. Face à cette demande massive de changement du modèle agricole, force est de constater que peu de progrès ont été accomplis ces dernières années. Les déclarations intempestives opposant environnement et agriculture ont enterré les derniers espoirs suscités par le Grenelle, dont les premiers résultats en matière d’agriculture sont d’ailleurs très décevants : + 2,6 % d’utilisation de pesticides sur la période 2008-2010 alors que le plan Ecophyto en prévoit… la diminution de 50 % d’ici 2018 ! De même, la part de la surface agricole en mode de production biologique est passée de 2 % à 3 % de 2007 à 2010… Un progrès, certes, mais on est loin des 6 % en 2012 prévus par le Grenelle de l’environnement ! Dans ce contexte, les 20 % d’agriculture bio prévus pour 2020 apparaissent comme totalement hors de portée ! Pourtant, on peut noter que la Surface agricole utile en agrocarburants est passée en 5 ans à 6 % avec les moyens financiers adéquats. POURQUOI UN TEL ÉCHEC ? Il est clair que cette incapacité à réformer notre système agricole est liée à un vrai manque de courage politique pour sortir d’une cogestion des affaires avec le syndicat majoritaire depuis plus d’un demi-siècle. Cette cogestion qui rend l’Etat impuissant permet, certes, d’acheter la « paix sociale » avec le dit syndicat, mais ne répond en rien aux demandes légitimes de la société en matière de production agricole et d’alimentation. Pouvons-nous continuer ainsi longtemps à tolérer un écart toujours plus grand entre les attentes de la population et les politiques agricoles mises en œuvre, alors même qu’une toute petite partie des agriculteurs est très largement subventionnée par des fonds publics et touche environ plus de 80 % des 10 milliards d’euros de subventions par an (Insee) dans le cadre de la Politique agricole commune ? LE TEMPS DU CHANGEMENT Cette situation n’est évidemment plus supportable. Au contraire, les signataires de cette tribune pensent que le moment est venu pour notre agriculture d’accomplir la véritable mutation que tant attendent et que nécessitent l’urgence climatique et environnementale. Alors que notre pays traverse une séquence électorale qui va dessiner les grandes lignes de ses politiques publiques pour les cinq prochaines années, les deux candidats à l’élection présidentielle doivent aller bien au-delà des vagues promesses et prendre des engagements clairs sur quelques points fondamentaux pour réorienter notre politique agricole. Ainsi, nous attendons d’eux la reconnaissance de modes d’agricultures productives, à faible utilisation d’intrants chimiques et à forte valeur sociale (pour des systèmes économes et autonomes). Et nous souhaitons qu’ils s’engagent à les promouvoir en priorité sur l’ensemble des territoires français, en remplacement des pratiques actuelles. Nous demandons également une reconnaissance claire de l’agriculture biologique comme agriculture à part entière, avec un objectif de 20 % en 2020 et la mise en place d’un comité interministériel (environnement, alimentation, santé) qui devra écrire avec les professionnels concernés un plan d’action à cinq ans. Des évolutions institutionnelles doivent également intervenir comme l’évolution du ministère de l’agriculture en ministère de l’alimentation et du développement rural, ou encore la fin de la cogestion comme seul mode de décision. Une reforme de la gouvernance des chambres d’agriculture devra être engagée. De même, des engagements clairs doivent être pris par les candidats quant à la position française sur la PAC qui doit être en rupture avec celle proposée et intégrer l’environnement et l’emploi dans ses critères d’attribution des aides. POUR UN PACTE AGRICOLE Mais, au-delà de ces quelques mesures fortes, à engager prioritairement, il convient d’aller plus loin pour réformer en profondeur le système agricole français. Ces quelques mesures, fussent elles excellentes, ne peuvent pas, à elles seules, suffire à réaliser cette profonde transition dont l’agriculture a besoin. Pour retisser les liens entre la société française et ses agriculteurs il conviendra de lancer un grand chantier de refondation du contrat qui les liens. Nous proposons donc aujourd’hui aux deux candidats de s’engager sans détour en faveur de la tenue dans les trois mois d’états généraux de l’agriculture et de l’aménagement rural. Réunissant autour de la table toutes les parties prenantes, selon le modèle de la gouvernance ouverte mise en œuvre pendant le Grenelle de l’environnement, en concertation avec les régions qui devront tenir demain un rôle clé dans ce domaine, ces états généraux devront permettre de faire émerger des solutions efficaces pour la décennie à venir. Il y a urgence car, face à la raréfaction du pétrole, au dérèglement climatique, à la souffrance paysanne, notre pays a plus que jamais besoin d’un pacte agricole susceptible de promouvoir une agriculture vivrière et structurante pour les territoires, rémunératrice pour les agriculteurs, respectueuse des sols, de l’eau, de l’air, de la biodiversité, à forte valeur patrimoniale, créatrice d’emplois, porteuse d’innovations et source de santé pour nos citoyens ». Les signataires – Serge Orru, directeur général, WWF France ; – Dominique Marion, président, Fédération nationale d’agriculture biologique ; – François Veillerette, porte parole, Générations Futures ; – Olivier Belval, président, Union nationale de l’apiculture française ; – Paul François, président, Phytovictimes ; – Cyril Dion, directeur, Colibris ; – Christian Pacteau, Ligue pour la protection des oiseaux ; – Franck Laval, président, Ecologie sans frontière ; – Philippe Desbrosses, Intelligence verte ; – Stephen Kerckove, Agir pour l’environnement.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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