Introduction du rapport
En octobre 2007, le Grenelle de l’environnement se prononçait pour le développement des énergies renouvelables. L’année suivante, en décembre 2008, l’Union européenne, sous présidence française, adopte une série de propositions – sous l’appellation de paquet « Énergie Climat » – en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Elle préconise notamment pour 2020 un objectif européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % et une part de 20 % des énergies renouvelables dans la consommation énergétique européenne. Le « partage du fardeau » (burden sharing) traduit ce second objectif en un objectif français de 23 %. Endossant ces engagements européens, l’Assemblée nationale puis le Sénat ont adopté le projet de loi relatif à la mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement, dit Grenelle I.
Dans le plan de développement des énergies renouvelables, présenté en novembre 2008, le ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat a annoncé une clarification des procédures administratives ainsi que des objectifs précis : 19 GW de capacité éolienne terrestre devraient être installés à l’horizon 2020, ainsi que 6 GW en mer, alors que le parc actuel ne se compose que de 3,4 GW1 au total (objectifs réaffirmés par la programmation pluriannuelle des
investissements datant de juin 2009). Dans les conditions techniques actuelles, l’énergie produite à cet horizon de temps par l’ensemble des éoliennes terrestres en France s’élèverait à plus de 40 TWh, soit l’équivalent de l’électricité issue de quatre réacteurs nucléaires.
Développé depuis de nombreuses années dans les pays européens comme l’Allemagne et le Danemark, l’éolien est la technologie renouvelable la plus mature. La capacité éolienne mondiale a atteint 121 GW en 2008, dont 65 GW pour l’UE-27. Cette année-là, l’essor de la filière a été en partie tiré par les États-Unis et la Chine. La croissance de 39 % de l’éolien français entre 2007 et 2008 n’a pas à rougir devant celle de ses voisins, même si un développement tardif du secteur explique le
phénomène de rattrapage des cinq dernières années.
Le contexte actuel de récession économique et d’urgence climatique offre à l’éolien l’opportunité d’un développement de grande ampleur, même si certaines barrières techniques restent à dépasser. Les critiques restent nombreuses en Europe et semblent s’intensifier dans l’espace français, où la prédominance du nucléaire, énergie non carbonée au coût de production particulièrement compétitif, fragilise l’argumentaire éolien. Qu’en est-il réellement et quels sont les paramètres majeurs déterminant le coût de l’éolien pour la collectivité ? Quelques pays ont parié sur l’énergie du vent : l’examen attentif de leurs politiques publiques permet de souligner certains leviers intéressants.
Le document qui suit traite d’abord des critiques adressées à l’éolien puis des spécificités françaises. Il évoque ensuite les leviers de développement mis en oeuvre à l’étranger et propose enfin un certain nombre de moyens d’incitation dans le cas français.