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"Land grabbing" : l'accaparement de terres en Afrique se poursuit

Land grabbing au Kenya : main basse sur les terres du delta du Tana

« Nous pouvons être expulsés à n’importe quel moment. Il vont devoir assécher la zone et tout ce qu’il nous restera sera la pauvreté » déplore Bernard Onyongo, pêcheur de 65 ans qui voit son mode de vie menacé par la ruée sur les terres arables africaines. Confrontés à un projet agricole qatari et trois autres de bio-carburants sur des dizaines de milliers d’hectares, Bernard et 20.000 villageois du delta de la rivière Tana, dans le nord-est du Kenya, ont fait ces dernières mois l’amère découverte d’un phénomène mondial, le « land grabbing » ou accaparement de terres. Cette pratique du land grabbing s’est accélérée a la faveur de la crise alimentaire de 2008. Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit a l’alimentation, s’est récemment inquiété dans un entretien dans Le Monde de cette extension rapide des acquisitions et locations de terres agricoles dans des pays en développement par des Etats riches et des fonds d’investissement. Découvrez en fin d’article un extrait du magazine de France 2, Complément d’enquête. Le 6 juin dernier dans le cadre de l’émission intitulée « Alimentation : main basse sur la terre », Emilie Lançon et Claire-Marie Denis sont revenues du Sénégal qui se transforme en grenier à sésame… pour la Chine !

Les faits : un paradis terrestre en péril au Kenya

François Ausseill, correspondant de l’AFP dresse un constat alarmant de la situation. « Une ressource vitale et abondante, l’eau, a modelé dans cette région un paradis terrestre, exemple rare d’harmonie entre l’activité humaine – pêche, agriculture, élevage – et une faune sauvage foisonnante d’hippopotames, crocodiles et autres oiseaux », décrit le correspondant de l’AFP. Malheureusement, ce fragile équilibre est menacé de mort par plusieurs projets du gouvernement kényan et de compagnies étrangères qui veulent y cultiver de la canne à sucre et du jatropha pour produire des bio-carburants. Le plus avancé est mis en œuvre par la principale compagnie sucrière kényane, la Mumias Sugar Compagny (MSC), en collaboration avec l’agence gouvernementale de gestion du site. De même, un protocole d’accord passé fin 2008 entre le Kenya et le Qatar, confirmé à l’AFP par une source à la présidence kényane, prévoit l’allocation au Qatar d’environ 40.000 hectares pour des fins agricoles en échange de la construction d’un port moderne sur l’île voisine de Lamu. Si les communautés locales affirment de pas être opposées par principe à ces projets susceptibles de générer des revenus, elles rejettent catégoriquement celui de la MSC, qui entraînerait selon elles le déplacement de 22.000 villageois et l’assèchement des terres humides. En dépit du soutien d’ONG kényanes, elles ont perdu leur première bataille : la Haute cour de Malindi (est) a rejeté courant juin leur plainte, permettant de fait la reprise du projet gelé depuis fin 2008. Les habitants du delta ne sont pas les seuls concernés par ces projets: la rivière Tana et un réseau complexe de petits lacs attirent des dizaines de milliers de têtes de bétail du grand nord-est kényan à la saison sèche. « Depuis de nombreuses années, le delta est utilisé par les pastoralistes pour les pâturages, surtout en saison sèche. Si vous enlevez le delta (…) leur mode de vie disparaîtra », résume Hadley Becha, président de l’East African Wildlife Society, une ONG environnementaliste. « Le bétail n’aura d’autre site de pâturage qu’une fine bande entre la rivière et le projet (…) Les crocodiles vont se retrouver concentrés dans la rivière, une situation dangereuse pour les troupeaux et les humains », s’alarme Maulidi Kumbi Diwayu, responsable associatif local. Au cœur de ce litige figure la question – centrale au Kenya – de la propriété foncière: l’ultra-majorité des populations locales Orma ou Pokomo n’ont pas de titre de propriété et l’Agence (gouvernementale) pour le développement des rivières Tana et Athi affirme être le vrai propriétaire foncier. Rares sont ceux – à l’image du chef de village de Didewaride, le septuagénaire Worede Dela Godana Jara – à pouvoir exhiber un titre de propriété délivré en 1923 à son aïeul par l’administration coloniale britannique… Reste un mince espoir pour les communautés locales: leur site pourrait être prochainement classé au sein de la Convention internationale « Ramsar » sur les zones humides qui, sans exclure les projets agricoles, prévoit une gestion durable des ressources naturelles.

Le LAND GRABBING un nouveau FLÉAU mondial

Selon les estimations, de 15 a 20 millions d’hectares (ha) – l’équivalent des terres arables françaises – ont fait l’objet de transactions depuis trois ans, essentiellement en Afrique. La Chine aurait acheté 2,8 millions d’ha en République démocratique du Congo pour y développer la plus grande exploitation mondiale d’huile de palme. La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et l’Égypte ont acquis, au total, plus de 1,5 million d’ha au Soudan. L’Arabie saoudite aimerait louer un demi-million d’ha en Tanzanie. Les experts estiment que, d’ici a 2030, il faudra trouver 120 millions d’ha de terres agricoles supplémentaires pour répondre a la demande de produits alimentaires. Si « ces investissements peuvent représenter une chance de développement, créer des infrastructures et de l’emploi, permettre a des agriculteurs d’accéder a la technologie et au crédit, note M. De Schutter, ils peuvent aussi avoir des conséquences très négatives et menacer tant le droit a l’alimentation que les autres droits des populations concernées. » Interrogé par le quotidien Le Monde (17/06/09), il poursuit : « le paradoxe, relève le représentant spécial, est que parmi les personnes les plus exposées au risque alimentaire se trouvent 500 millions d’hommes et de femmes dont dépend en grande partie l’avenir de la planète : ce sont les ouvriers salariés du secteur agricole ». « Leur assurer une protection adequate constituerait une contribution majeure », estime-t-il. M. De Schutter réclame également que les investissements soient couplés à des projets à haute intensité de main-d’œuvre, ce qui donnerait de l’emploi et des revenus aux groupes locaux. Ils devraient, en outre, se voir réserver une partie des récoltes, à mettre en vente sur les marches locaux. Le représentant spécial demande encore que les principes du développement durable et d’une approche agro-écologique soient respectés partout. Seule une approche multilatérale, conclut-il, permettra d’éviter la concurrence entre les pays pauvres désireux d’attirer des capitaux.

Vidéo : « Afrique, le far west chinois »

Ouyang Riping, PDG d’une société agricole chinoise, a une mission : transformer le Sénégal en grenier à sésame… pour la Chine ! Dakar lui cède 60 000 hectares pour cultiver et exporter le sésame vers Pékin. En échange, les chinois apprennent aux paysans sénégalais à obtenir deux récoltes de riz par an. Coopération originale ou marché de dupes ?

 

Sources de l’article : AFP (14/07/09) – Le Monde (17/06/09) : Jean-Pierre Stroobants – France 2

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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1 COMMENTAIRE

  1. Land grabbing au Kenya : main basse sur les terres du delta du Tana
    Ne pourrait-on pas imaginer d’acheter ces terres comme cela c’était fait dans le Larzac pour éviter un projet de l’état français?
    Ainsi des milliers d’investisseurs deviennent chacun propriétaire d’une parcelle modeste pour un prix modique. Ces mini investissements assurent aux populations locales de rester sur leurs terres et aux états de ces pays un financement des projets de développement, ce qui n’est même pas au programme du land grabbing.