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Boues rouges en Hongrie : une catastrophe européenne majeure et prévisible

Et en France que fait la seule usine de production d'alumine de ses boues rouges ?

La Hongrie redoute une catastrophe écologique majeure suite à la rupture du réservoir d’une usine de production de bauxite-aluminium située à Ajka, à 160 kilomètres de Budapest. Un million de mètres cube de boue toxique s’est répandu dans un rayon de 40 km2 et dans sept villages alentours. On dénombre sept morts et plus d’une centaine de blessés. Le flux toxique provoqué par ces boues rouges a atteint jeudi matin le Danube, menaçant l’écosystème du grand fleuve, avec un taux alcalin légèrement au-dessus de la normale, a annoncé à l’AFP un responsable du Service des eaux. D’ores et déjà, des centaines de poissons morts flottent dans les rivières et une grande partie de la végétation de la région a été anéantie, vraisemblablement pour des années, a indiqué jeudi le Fonds mondial pour la nature (WWF). Selon le secrétaire d’État à l’Environnement hongrois, le nettoyage et la reconstruction des villages pourraient prendre des mois, voire un an. Que ce sont les boues rouges ? Quelles peuvent être les conséquences sanitaires et écologiques ? Et en France, que faisons-nous de nos boues rouges ?

L’association Robin des Bois nous rappelle les caractéristiques des boues rouges : Les boues rouges sont les résidus de l’extraction d’alumine à partir du traitement de la bauxite. Elles contiennent de la soude caustique, du fer, de l’alumine, du silicium, du sodium, du calcium, du titane, du manganèse, du vanadium, du chrome hexavalent, du plomb et du cadmium. Le cumul de tous ces métaux et minéraux fait des boues rouges un déchet toxique pour la faune aquatique, les animaux domestiques et d’élevage. Des animaux ont été intoxiqués en Australie suite à l’épandage de 20 tonnes de boues rouges par hectare contenant 1,8 kg d’alumine, 24 kg de chlorure, 6 kg de chrome. En eau douce, l’alumine est mortelle pour les truites à partir de 1,5 mg/litre, et 3 mg de fer par litre suffisent à empêcher la reproduction et à ralentir la croissance de nombreuses espèces de poissons. Ces chiffres sont à rapporter au million de m3 qui se sont déversés hors de l’enceinte de confinement. Par ailleurs, les boues rouges provenant du traitement de la bauxite sont très légèrement radioactives. La radioactivité naturelle renforcée des boues rouges par du radium 226 et du thorium 232 est reconnue par l’Union Européenne et par la France. Les boues rouges sont trois fois plus radioactives que la bauxite. Concernant l’accident survenu près d’Ajka en Hongrie, l’association Robin des Bois précise les causes possibles à l’origine de cette rupture de digue : Ce type d’évènement a plusieurs causes possibles : des séquences de fortes pluies qui augmentent considérablement le niveau d’eau, le sous-dimensionnement des digues, leur rehaussement mal calculé ou leur maintenance défectueuse. Un autre site en Hongrie près de Tata au Nord-Ouest du pays témoigne d’une très mauvaise gestion des déchets dangereux. Les décharges de boues rouges couvrant plusieurs dizaines d’hectares sont situées directement au bord du Danube, sont soumises aux inondations et les villages voisins aux envols de poussières. Pour réduire ces envols, rapporte Robin des Bois, les autorités hongroises et le producteur des boues rouges n’ont pas trouvé d’autre solution que de les recouvrir avec des cendres d’incinérateur mélangées à des plastiques et à des mâchefers.
Décharge de boues rouges surplombant le Danube près de Tata, recouverte de déchets dangereux comme des cendres et des mâchefers. © Christine Bossard-Charlotte Nithart/Robin des Bois.
Décharge de boues rouges surplombant le Danube près de Tata, recouverte de déchets dangereux comme des cendres et des mâchefers. © Christine Bossard-Charlotte Nithart/Robin des Bois.
Conséquences de l’accident d’Ajka. Le volume de déchets liquides déversés est l’équivalent de 5 Amoco Cadiz ou d’environ 70 Erika. Si comme les autorités hongroises le planifient, les boues répandues dans le bâti et la voirie sont nettoyées au kärcher, elles vont être mélangées à l’eau de décapage puis rejoindre les cours d’eau, et se jeter à terme 110 km plus loin dans le Danube après avoir impacté de nombreuses zones humides. Les mortalités de poissons, d’oiseaux aquatiques, de biodiversité ordinaire vont être massives, autant par les effets du colmatage que par ceux de la toxicité. Les effets sanitaires immédiats pour les habitants sont des brûlures externes ou internes par contact ou ingestion d’eau contenant de la soude caustique. Les mêmes effets sont prévisibles pour les animaux domestiques et les animaux d’élevage. Les effets sanitaires différés relèvent des risques de contamination des chaînes alimentaires, des produits agricoles, et de la contamination de l’eau par les métaux lourds. Un autre vecteur de transfert et de contamination pour les usagers des territoires pollués sera la transformation rapide des boues en poussières inhalables. Greenpeace a déjà envoyé une équipe sur place, afin de garantir que des recherches et des évaluations soient conduites en toute indépendance. Selon Greenpeace, des années avant que ne se produise cette catastrophe, les organisations écologistes hongroises avaient déjà attiré l’attention des autorités sur le fait que les contrats de privatisation restreignent et atténuent la responsabilité des entreprises. Les ONG avaient demandé l’instauration d’un système d’assurance obligatoire pour les entreprises, ainsi que la création d’une réserve de fonds en cas d’accident. En 2006, le groupe Clean Air Action avait demandé au gouvernement de rendre publics ces contrats, afin que les responsabilités de chacun soient connues de tous…

Selon le WWF, le réservoir fuyait depuis trois mois

Le WWF-Hongrie a publié samedi dernier une photo aérienne prise en juin dernier du réservoir à l’origine de la coulée de boue toxique. Sur cette photo, on voit très clairement que le réservoir était endommagé et laissait déjà s’écouler de la boue. La pollution des cours d’eau, y compris du Danube, aurait pu donc être évitée… – Pour en savoir plus, cliquez ici.
Photo aérienne du réservoir de l'usine d'aluminium prise il y a 3 mois et montrant déjà des fuites. ©WWF
Photo aérienne du réservoir de l’usine d’aluminium prise il y a 3 mois et montrant déjà des fuites. ©WWF

Les boues rouges en France

Selon Rue89, il existe en France une seule usine de production d’alumine. Elle appartient à l’entreprise Rio Tinto Alcan et est située à Gardanne, près de Cassis (13). Depuis 1967, ces boues rouges sont rejetées pour moitié en pleine mer et, pour moitié, stockées dans un bassin près de l’usine. Alain Pavillon, directeur de l’usine de Gardanne, précise : « Ces boues sont nettoyées et séchées, avant d’être stockées dans un bassin qui fonctionne en circuit fermé. Ce procédé permet de gagner de la place et surtout de limiter les impacts environnementaux ». Un comité scientifique est chargé quant à lui de surveiller les impacts des 250 000 tonnes de boues annuelles rejetées en mer. Robin des Bois précise que ces boues « sont principalement rejetées dans la fosse de Cassidaigne près de Cassis en Méditerranée. Le cumul actuel est d’environ 20 millions de tonnes. Une canalisation souvent sujette à des fuites à cause de la causticité de l’effluent relie l’usine de production d’alumine de Gardanne à l’exutoire en mer ». « Ces fuites sont assez rapidement repérées et ont pollué des rivières locales », affirme l’association. Selon Rue89, l’usine se prépare à trouver des solutions alternatives : les rejets en mer seront interdits dès 2015, et les bassins de rétention, à partir de 2021. Ainsi, depuis dix ans, l’usine de Gardanne développe une technologie de revalorisation des boues rouges. Une fois nettoyées, elles sont transformées en « bauxaline ». Ce matériau inerte est proposé dans les secteurs des travaux publics, du bâtiment ou encore de l’horticulture et présente l’avantage de pouvoir être réutilisé. Reste que l’usine de Gardanne est la première du groupe Alcan à développer ce type de procédé en Europe. En attendant, « il n’y a pas de solution miracle », selon Jacques Bureau de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), si ce n’est « renforcer la sécurisation des digues qui peuvent posséder des défaillances dans leur conception ».

Le contexte juridique européen

Robin des Bois précise qu’après les catastrophes analogues (quoique mettant en jeu des effluents toxiques différents), de Aznalcollar en Espagne (Andalousie) en 1998 et de Baia Mare (Roumanie) en 2000, l’Union Européenne a établi une directive sur la gestion des déchets de l’industrie extractive exigeant des Etats-membres un inventaire des sites de stockage de résidus de minerais, un renforcement des mesures de sécurité et de stabilité, et la mise en œuvre de bonnes pratiques garantissant la sécurité du public et de l’environnement. Cet inventaire est en cours en France. D’autre part, menaçant d’autres pays riverains du Danube comme la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Moldavie, l’Ukraine et la Roumanie, la catastrophe doit être considérée comme trans-frontalière et faire l’objet de procédures d’information et de suivi dans le cadre de la Commission Internationale pour la Protection du Danube qui dispose d’un système d’alerte d’urgence en cas d’accident.

 

Sources : Robins de Bois – Rue89 – AFP – Greenpeace – WWF

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Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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4 Commentaires

  1. Boues rouges en Hongrie : une catastrophe européenne majeure et prévisible
    Encore une , mince , c’est pas d’ bol , pourtant les écolo contrôlent , les états ont des ministères spécialisés en analyse des risques environnementaux et humains : » vous connaissez la directive SEVESO 2″ les assurances imposent à ces sociétés d’avoir une maitrise des risques sans faille , ces sociétés ont donc des services qualités ayant des ingénieurs spécialisés en Analyse de Défaillance, et de leurs Effets et niveau de Criticité sur le vivant sous toutes ces formes , ça fait plus de 60 ans que l’on utilise ces méthodes l’armée américaine a formalisé cela : MIL-P-1629 , aujourd’hui utilisé dans toutes les technologies de pointe donc valide et conforme ,alors pourquoi des telles catastrophes ? que ce passe t’il ? sommes nous devenu complètement irresponsable ,et toujours du cours terme tout pour ma gueule ben nos gosses ils feront comme nous , ils feront du fric après tout c’est ça la réussite , les AMDEC ont c’est même pas ce que c’est … , le développement durable c’est pas rentable , le vivant c’est nous la vie c’est grace à nous … et dans notre bulle on respirent bien et ont ne manque pas air … , les autres tous des loosers qui ont peur que le ciel leur tombe sur la tête !…

    • Boues rouges en Hongrie : une catastrophe européenne majeure et prévisible
      J’habite à Gardanne à côté de l’usine Française de production d’alumine qui appartient à Rio Tinto Alcan anciennement nomée PECHINEY.

      Pire que la Hongrie, depuis 50 ans cette usine rejette ses boues rouges toxiques directement dans la Méditerranée avec la bénédiction des autorités locales.

      A ce jour 20 millions de tonnes soit un volume égal à 600 pétroliers de boues rouges hautement toxiques qui ont été déversées directement dans la mer!!!

      Le service communication de Rio Tinto a réussi jusqu’à aujourd’hui à masquer l’impact nocif de son usine sur l’environnement, mais la catastrophe survenue en Hongrie va enfin ouvrir les yeux des Français.

    • Boues rouges en Hongrie : une catastrophe européenne majeure et prévisible
      le probleme des boues rouges n’existe qu’a court terme, par la presence de soude, mais elle se carbonate rapidement pour revenir a un etat neutre, les metaux sont un faux probleme, il y a du fer…. oui on appelle ca de la rouille….mon dieu!!!. Robin de bois fait son commerce sur la peur et la méconnaissance avec des pseudo scientifique, les boues rouges sont 3 fois plus radioactive que la bauxite.. grand dieu!!! la bauxite est 10 fois moins radioactive que notre bon vieux granit breton…brestois brestoise fuillaient on vous a menti. ne faisons pas d’amalgame
      il y a des chauffards sur la route tous les automobiliste ne sont pas de asassasins. Certains roulent en 4×4, jette leur canette pa r la fenetre et mange bio…. cherchez l’erreur

  2. Boues rouges en Hongrie : une catastrophe européenne majeure et prévisible
    J’habite à 11km de Dombasle en Meurthe et moselle, un des gros producteur de soude en europe, difficile d’avoir des infos précises sur les déchets de fabrication de la soude mais je suis allé me promener il y a longtemps au bord d’un bassin de rétention de résidu de fabrication de la soude et je me suis fait virer avec insultes et menaces d’arme à feu par le gardien chargé de la surveillance du bassin; depuis on a construit 2 autres bassins de plusieurs dizaines de mètres de haut en bordure de Meurthe (qui se jette dans la moselle laquelle se jette dans le Rhin…) c’est tout ce qu’on sait faire, stocker en clamant bien haut qu’aucun accident n’est possible, jusqu’au jour où il arrive!