La France peine à mettre en œuvre une politique agricole ambitieuse pour préserver la biodiversité. Tout récemment, la Commission européenne s’est dite préoccupée par le faible niveau d’ambition environnementale et climatique du PSN français. Pourtant, des filières agricoles plus vertueuses ont fait leurs preuves, notamment celle de l’agriculture biologique, qui, de l’amont à l’aval, est la plus à même de préserver la biodiversité.
Et si la sixième extinction de masse se passait dans nos assiettes ? C’est le constat alarmant que dresse l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) en 2019. « La biodiversité est en déclin dans le monde. Une fois perdues, les espèces de plantes, d’animaux et de microorganismes qui sont critiques pour nos systèmes alimentaires ne peuvent être récupérées. L’avenir de notre alimentation est donc gravement menacé. »
De nombreuses études permettent aujourd’hui d’attester que les pesticides chimiques de synthèse sont largement responsables de cette extinction massive.
Les insectes sont les plus directement touchés par les pesticides. 80% de la biomasse des insectes volants ont disparu depuis 30 ans [1]. En cause selon les chercheurs, l’agriculture et son utilisation massive de pesticides, notamment les néonicotinoïdes, des neurotoxiques utilisés comme insecticides.
Les petits mammifères et oiseaux utilisant les champs comme source de nourriture sont également directement exposés aux effets des pesticides. Un rapport publié en 2018 par l’ONCFS montre que sur 3 000 cas suspects d’oiseaux empoisonnés sur 20 ans, 239 cadavres ont été récupérés près de champs fraîchement semés. Dans les 2/3 des cas, les oiseaux avaient mangé des semences traitées. La mortalité par empoisonnement a donc été déclarée probable dans 70 % des cas.
Mais les impacts des pesticides sur la biodiversité ne se limitent pas aux quelques jours qui suivent les traitements phytosanitaires. Sur le long terme, une exposition chronique à des doses faibles peut avoir des effets tout aussi dévastateurs sur la survie ou la reproduction des individus [2] [3].
Pourtant, il est possible de concilier préservation de la biodiversité et agriculture en adoptant des pratiques plus respectueuses, qui, comme l’agriculture biologique, ont déjà fait leurs preuves.
« Contribuer à atteindre un niveau élevé de biodiversité » est l’un des objectifs fondamentaux de l’agriculture biologique [4].
En interdisant strictement l’usage de la chimie de synthèse, l’agriculture biologique réduit de manière directe et indirecte la pression exercée sur la biodiversité. De plus, en l’absence de chimie, les agriculteurs bio sont pionniers du développement de pratiques agroécologiques permettant de conserver un bon niveau de rendement en coopération avec le vivant : rotations culturales longues et diversifiées ; couverture des sols ; fertilisation organique ; introduction d’infrastructures agroécologiques (haies, bosquets, zones humides...).
Cela se traduit par des résultats tangibles :
A leur échelle, les transformateurs et les distributeurs bio jouent également le rôle de pionniers dans la diversification des ingrédients utilisés dans les recettes (ex : légumineuses, semences paysannes, variétés et races anciennes, cultures “mineures” [8]… ). Ils permettent ainsi de créer des débouchés pour ces cultures.
Ces pratiques vertueuses ont un coût non négligeable qui est principalement pris en charge par les entreprises et les agriculteurs à ce jour et qui, faute d’aides publiques, se répercute sur les prix. Les consommateurs se retrouvent pénalisés en termes de pouvoir d’achat s’ils souhaitent choisir des produits plus durables. Généraliser ces pratiques supposerait donc de mieux les financer et la PAC devrait être le bon outil pour cela.
Il est urgent de mettre en place une politique solide pour mieux préserver la biodiversité. Pour cela, nous appelons le gouvernement français à opérer cette révision, en profondeur, afin de répondre aux insuffisances signalées par la Commission européenne, notamment par :
Plus largement, il est primordial de mobiliser davantage la recherche publique en matière d’agriculture et d’évaluation des externalités environnementales des différents modes de production, notamment pour dépasser l’angle univoque et biaisé de l’analyse du cycle de vie.
Comment s’inscrire dans une démarche de progrès en matière de biodiversité ? Quels outils ? Quels indicateurs ? Quelle stratégie ?
Ce sont à ces questions que ce guide répond. Son objectif : vous permettre de mieux comprendre les enjeux de préservation et de restauration de la biodiversité spécifiques au secteur de la bio et de vous accompagner dans une démarche de progrès. Cette publication intervient dans la continuité du travail collectif mené depuis plus d’un an par le groupe de travail biodiversité du SYNABIO.
En effet, si l’agriculture biologique constitue une base solide pour préserver la biodiversité, le SYNABIO considère qu’il est essentiel pour le secteur de se fixer des objectifs de progrès complémentaires aux exigences du règlement bio européen en cohérence avec la progression des connaissances scientifiques et des attentes de la société civile.
La bio doit rester un modèle pionnier et exemplaire en matière de biodiversité !
Le SYNABIO invite l’ensemble de ses adhérents à s’engager rapidement dans une trajectoire de progrès en partenariat avec leurs filières.
AU SOMMAIRE
+ Notre position vis-à-vis des démarches HVE et de conservation des sols.
+ Un glossaire biodiversité et une liste de ressources utiles
[1] More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas, Hallmann et al (2017)
[2] Bird exposure to fungicides through the consumption of treated seeds : A study of wild red-legged partridges in central Spain 2022, Environmental Pollution
[3] Feeding partridges with organic or conventional grain triggers cascading effects in life-history traits, Environmental Pollution (2021)
[4] Règlement européen RCE 848/2018
[5] Land-use intensity and the effects of organic farming on biodiversity : a hierarchical meta-analysis, Tuck et al (2014)
[6] Effects of organic farming on seasonal dynamics of honeybee colony performance. Wintermantel Dimitry, Odoux Jean-François, Chadœuf Jöel, Bretagnolle Vincent, Journal of Applied Ecology (2019)
[7] Feeding partridges with organic or conventional grain triggers cascading effects in life-history traits, Environmental Pollution (2021)
[8] Cultures représentant moins de 150 000 ha de la SAU française (avoine, seigle, riz, lin, petit épeautre, grand épeautre, millet, sarrasin, chanvre, cameline, légumineuses, châtaigne, amande, olive…)
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