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Une étude du CRÉDOC et de EDF R&D

Performances énergétiques dans le tertiaire : l’apprentissage des occupants est l’enjeu majeur

La maîtrise des consommations d’énergie dans les locaux d’activité tertiaire est devenue un enjeu majeur, à la croisée des objectifs du Grenelle de l’Environnement et des stratégies des entreprises pour réduire leurs charges. La tendance est à l’automatisation et à la centralisation des systèmes de chauffage, de ventilation et d’éclairage. Les normes de type HQE (Haute qualité environnementale) ou BBC (Bâtiment basse consommation) sont la traduction technique de ces objectifs et concourent à la diffusion de dispositifs de gestion automatisés.

L’enquête menée par le CRÉDOC et EDF R&D publiée aujourd’hui montre que cette diffusion est encore limitée et intéresse des profils d’entreprises spécifiques, principalement des grandes entreprises investissant dans le développement durable autant pour des raisons d’affichage que pour des raisons d’économies de charge. Cette mutation technologique a des conséquences profondes sur le mode d’occupation des bâtiments par les salariés. Les usagers doivent respecter des normes d’utilisation imposées, comme la non-ouverture des fenêtres. Mais les comportements ne s’adaptent pas d’emblée à ces normes en raison d’un déficit d’apprentissage aux nouveaux dispositifs, qui peut constituer un frein important à l’atteinte des objectifs de performance. La maîtrise de la consommation d’énergie dans les entreprises ne peut passer uniquement par une approche technologique de la performance énergétique. Les explications de Anne Dujin, chef de projet au département « évaluation des politiques publiques » au CRÉDOC : – Pour consulter les résultats de de cette étude, télécharger la synthèse en cliquant ici (Consommation et modes de vie N°251 une publication du CRÉDOC – Mai 2012).

Pour en savoir plus

– Lire le cahier Les usages de l’énergie dans les entreprises du secteur tertiaire : des systèmes techniques aux pratiques. Il est téléchargeable gratuitement en cliquant ici. Voici la synthèse de cette étude rédigée par Anne Dujin, Bruno Maresca, Xavier Mordet et Isabelle Moussaoui et publiée par le CRÉDOC, (Cahier de recherche n° 287, décembre 2011) : Principale priorité de la politique française de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’efficacité énergétique est aujourd’hui un nouvel impératif fait aux entreprises par les pouvoirs publics. La réalisation de ces objectifs fixés par le Grenelle de l’Environnement à l’horizon 2020 repose sur des dispositifs réglementaires et incitatifs qui encadrent la construction, l’exploitation et la rénovation du bâti. Les études menées sur les consommations d’énergie dans le secteur tertiaire font cependant émerger le « paradoxe de l’efficacité énergétique » (efficiency gap) : le niveau de consommation énergétique visé par le Grenelle de l’environnement est techniquement réalisable, mais les consommations finales observées se révèlent supérieures à ce qu’elles devraient être compte tenu des performances théoriques des nouveaux systèmes. Ce constat nécessite, de la part des pouvoirs publics, une meilleure compréhension des logiques à l’œuvre en matière de consommation d’énergie dans les entreprises, tant pour ce qui est des décisions d’investissement et de travaux, que pour ce qui relève des usages des bâtiments par les salariés. L’impératif de maîtrise des consommations et sa traduction sur le marché de la performance énergétique et dans les instruments de politique publique. Depuis l’émergence de la problématique de la maîtrise des consommations d’énergie, la notion d’«efficacité énergétique» a focalisé l’attention des politiques publiques et des concepteurs de nouvelles technologies, en tant que solution à la hausse continue des consommations d’énergie. Il en a résulté, jusqu’aux années 1990, une polarisation sur la dimension technique du phénomène de consommation, selon laquelle l’accroissement de l’efficacité des appareillages permettrait de garantir le même niveau de confort avec une consommation d’énergie moindre. Les orientations technologiques à l’œuvre depuis les premières règlementations thermiques vont dans le sens de l’automatisation et de la gestion centralisée des dispositifs permettant de tempérer, aérer, éclairer et alimenter en énergie les locaux de bureaux. Ce paradigme technique s’est traduit, pour le secteur tertiaire, par le développement d’un marché de la performance énergétique à destination des entreprises, consacré par différents labels de performance (HQE, BBC…) et soutenu par des mécanismes d’incitation à la réalisation de travaux. Les technologies performantes considèrent l’usager du bâtiment comme un agent passif, vecteur de pratiques prédéterminées par les systèmes techniques. L’automatisation des usages (à travers les systèmes de thermostat, de détecteurs de présence…) repose en effet sur l’établissement de modes d’utilisation type, qui présupposent de l’utilisateur final qu’il soit un agent « normé » au comportement prévisible. Face à l’écart entre résultats attendus et consommations effectives, les concepteurs de bâtiments, relayés par les dispositifs de politique publique, superposent à l’approche technologique une approche «comportementale» de la réduction des consommations d’énergie, qui consiste à sensibiliser les usagers à une utilisation efficiente des technologies disponibles. La décentralisation de la responsabilité de la diminution des consommations vers l’usager final du bâtiment tend cependant à faire oublier toute une chaîne de décisions et d’introduction de nouveaux dispositifs technologiques qui sont porteurs d’intentions en matière de consommation d’énergie. Les usages ne se déploient pas dans un cadre « neutre ». Ce travail de recherche a fait apparaître deux niveaux charnières de traduction de l’impératif d’efficacité énergétique dans les entreprises : celui de l’investissement ou non dans les technologies performantes d’une part, et celui de l’appropriation de ces technologies par les salariés d’autre part. La diffusion des dispositifs de performance énergétique dans le parc tertiaire français La ré-exploitation de l’enquête Consommation d’énergie 2009, conduite par le Crédoc auprès de 200 établissements d’entreprises du secteur tertiaire, permet de rendre compte du processus d’automatisation et de centralisation des systèmes, et d’apprécier son degré de diffusion dans le parc existant des immeubles de bureau. Pour cela, l’enquête auprès des entreprises s’est attachée à évaluer les caractéristiques d’un certain nombre de dispositifs parmi lesquels : le système de chauffage, le système de climatisation, le système de ventilation, le système d’occultation de la lumière, le système de programmation du chauffage, de la climatisation, de l’éclairage, le réglage de la température (chaud et froid), le dispositif de suivi des consommations d’énergie. La construction d’un score, qui calcule le nombre de dispositifs de régulation/automatisation/centralisation présents dans les locaux, permet de caractériser les bâtiments, et donc les entreprises qui les occupent, au regard du degré de « modernité » des dispositifs techniques de distribution de l’énergie de nature à maximiser l’efficacité énergétique. Pour approfondir cette analyse, une typologie permet de croiser les différentes composantes de ces dispositifs de manière à établir différents types de bâtiments d’activités tertiaires selon les dimensions qui ont été privilégiées en matière d’efficacité énergétique. L’exploration de l’échantillon montre, qu’à la fin des années 2000, de l’ordre de 30% des entreprises occupent des locaux ayant un niveau élevé de régulation/automatisation/centralisation des dispositifs de gestion de l’énergie. Et de l’ordre de 40% sont engagées dans une mobilisation significative sur l’enjeu de l’efficacité énergétique. Pour autant, le processus d’automatisation des systèmes, dans le but d’une meilleure maîtrise des consommations d’énergie, concerne inégalement les entreprises, qui se révèlent plus ou moins actrices d’un investissement cohérent et maîtrisé, principalement en fonction de leur taille et de leur appartenance ou non à un groupe. Ces deux critères renvoient notamment à l’existence de services de gestion internes qui prennent en charge les questions de consommation d’énergie, et à l’effet des réglementations thermiques en vigueur à partir de 1988. La difficile appropriation des technologies performantes par les usagers des locaux Le second niveau de traduction de l’objectif d’efficacité énergétique dans les entreprises est celui de l’appropriation des technologies performantes par les usagers de ce bâtiment. Une enquête qualitative par focus groups a été menée auprès de deux entreprises du tertiaire, appartenant toutes deux au secteur de l’énergie, donc concernées par la problématique de la maîtrise des consommations, l’une ayant fait l’objet d’une rénovation de ses locaux, l’autre de la construction de nouveaux locaux. A partir d’un projet commun, développer un « bâtiment performant » en énergie, les deux entreprises ont mis en place des processus de traduction assez différents. L’une d’elle a déployé un modèle central et intégré, reposant sur une construction de l’entreprise « familiale », avec une figure forte du dirigeant et de jeunes salariés. Culture d’entreprise (valeurs, sens au travail), compétences et savoir-faire, dispositifs destinés à améliorer la performance énergétique, renvoient à une « norme » comprise et acceptée par les salariés. L’autre entreprise a réalisé un projet servant de vitrine, où l’enjeu environnemental est un enjeu stratégique supplémentaire, considéré comme un atout potentiel. Ce modèle se caractérise par la confrontation, plus que co-construction, entre d’une part une prescription « top-down » de la hiérarchie, prônant l’automatisation et concevant le bâti comme « structurant » les comportements, et, d’autre part, une pratique « bottom-up » des usagers, qui se confrontent au modèle venu du haut pour mettre en pratique leur propre conception de l’efficacité énergétique. Mais au niveau des usages de l’énergie dans l’activité quotidienne, il apparaît dans les deux cas que les technologies nouvelles n’induisent pas spontanément le comportement normé qu’elles présupposent. Un processus d’adaptation se met en place, qui n’est pas d’emblée vertueux. Les systèmes génèrent un processus adaptatif lent, fait pour partie d’adhésion, pour partie d’inadaptation, pour partie de résistance. On constate également l’absence quasi complète de dynamique d’apprentissage associée à ce renouvellement technologique. Outre des enseignements originaux sur le parc tertiaire français et la complexité des logiques de décision et de mise en œuvre de l’efficacité énergétique dans les entreprises françaises, ce travail ouvre des voies de recherche possibles autour d’une question qui intéresse l’ensemble des politiques publiques touchant à la transition énergétique, aussi bien vis-à-vis des entreprises que des ménages : la question des technologies comme vecteurs de pratiques plus durables, c’est-à-dire des technologies en tant qu’elles sont porteuses d’une intention politique. Il s’agit notamment de savoir si les pouvoirs publics peuvent et doivent laisser l’offre technologique inventer les systèmes qui reconfigureront peu à peu les usages de l’énergie. Une conclusion majeure de ce travail exploratoire est que les usages de l’énergie ne peuvent être pensés séparément des dispositifs techniques qu’ils mobilisent. La performance énergétique ne peut être uniquement prise en charge par des systèmes, auxquels les pratiques devraient s’adapter. La co-construction de la performance énergétique, qui passe par une adaptation réciproque usages/systèmes, reste un chantier ouvert pour l’action publique, tant à l’égard des entreprises que des ménages.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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