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La Pluie et le beau temps : le portrait paradoxal d’une mondialisation à l’envers

La pluie ou le beau temps ont depuis toujours décidé des récoltes. Sauf que le monde change et qu’une nouvelle météorologie s’impose, faite de spéculation, de gestion de stocks et d’échanges internationaux. La Normandie produit à elle seule près de la moitié du lin mondial. Pour conserver cette culture millénaire, les agriculteurs du Pays de Caux se sont tournés vers un nouveau et presque unique client : la Chine. 10 ans après Les Terriens, Ariane Doublet filme des paysans qui tentent de s’adapter et troquent leur pluviomètre pour une connexion internet. Elle suit des négociations âpres et burlesques entre filateurs chinois et cultivateurs normands, raconte le destin d’une petite coopérative entre Fécamp et Dieppe et s’intéresse au quotidien d’un groupe d’ouvrières chinoises. La pluie et le beau temps dresse ainsi le portrait paradoxal d’une mondialisation à l’envers.

Voici un film où deux regards se croisent, celui d’Ariane Doublet, réalisatrice du film, et celle de son correspondant chinois, le cinéaste Wen Hai. Le dispositif de narration fait ainsi écho au propos lui-même, comme si le monde multipolaire ne pouvait désormais plus être raconté par les seuls occidentaux. Avec ce gros camion aux inscriptions chinoises qui traverse la campagne normande, voici la mondialisation à nos portes. Résultat inattendu : loin d’entraîner la fermeture des usines voici qu’au contraire l’arrivée des Chinois redonne du souffle à la coopérative agricole de lin. On se gardera d’en tirer des conclusions à usage général, mais le film tire parti de ce paradoxe apparent et des situations imprévues qu’il suscite. L’ambition n’est pas ici de faire le bilan de la mondialisation. Plutôt d’être attentif à une ouverture nouvelle sur le monde, aux fantasmes qu’elle fait naître, à ses effets réels, néfastes, absurdes,… et parfois positifs. On retrouvera ici l’attention portée par la cinéaste au travail des hommes, à ce qu’il charrie de valeurs et de culture, et à la façon dont il s’ancre sur un territoire jusqu’à parfois en façonner les contours. Les allers-retours entre les plaines normandes et les filatures chinoises viennent mettre en perspective les situations, et créer de la relation là où beaucoup ne voient que des antagonismes. Ariane Doublet raconte ici une histoire de notre nouveau monde. Et voilà que ce monde nous apparaît soudain beaucoup plus petit que l’ancien…

Extraits

Entretien avec la réalisatrice

Comment est né le film ? Ariane Doublet : « Je tourne souvent au Pays de Caux. Un jour, j’ai vu passer un container « China Shipping » sur une toute petite route de campagne. Ça m’a interpellée. J’ai parlé avec des agriculteurs qui m’ont dit : “mais c’est certainement du lin, on l’exporte vers la Chine”. En creusant un peu, j’ai découvert que c’était la plus grosse production mondiale et que depuis déjà quelques années, les Chinois avaient commencé à venir acheter. Ça m’a tout de suite intéressée. Je pars souvent de ce petit coin de terre pour élargir sur des questions plus générales. Finalement, le film a ce même mouvement ». Que représente t-il dans votre parcours de réalisatrice ? Ariane Doublet : « C’est un film sans doute plus ample que les précédents. J’ai eu assez vite le désir qu’il y ait ce contrechamp chinois. Mais je me suis dit que, ne parlant pas chinois, j’allais me retrouver à filmer ce qu’on voudrait bien me montrer. Ma façon de travailler, c’est toujours d’aller à la rencontre des gens, ceux dont on ne parle pas forcément, ceux à qui on ne donne pas la parole. J’ai donc pensé que ça serait mieux que je cherche un cinéaste intéressé par un travail en binôme. J’ai d’abord vu les films de Wen Hai. Il a cette relation aux gens qui pouvait être un peu semblable à ma façon de travailler. Nous nous sommes rencontrés, chacun a fait ses repérages. Le financement a été difficile à trouver ; c’est un projet qui a mis quatre ans à se faire. En cela, je pense que le film est très différent de mes autres films. Il a peut-être moins d’empathie avec les gens qui sont filmés, c’est-à-dire que je suis moins dans le quotidien des agriculteurs et davantage sur des questions qui sont celles de l’agriculture aujourd’hui : la mondialisation, la spéculation et les matières premières ».. Avez-vous voulu passer un message sur les dérives de la mondialisation ? S’agit-il d’un film militant ? Ariane Doublet : « C’est un film engagé, pas militant. C’est un film qui soulève des questions politiques. Au cours du tournage, j’ai mesuré les conséquences que pouvaient avoir la spéculation financière sur l’exploitation des matières premières et j’ai commencé à tourner à un moment où la situation s’est exacerbée. Je voulais parler de la circulation des marchandises. Tout se croise. On marche sur la tête. Le lin est envoyé en Chine pour revenir plus tard au Havre. Est-ce qu’à un moment, on va en mesurer les conséquences ? Sans doute, mais est-ce qu’il y aura une façon de faire les choses différemment ? Il faut le souhaiter. Je suis assez intuitive, je vais vers les choses qui m’intéressent sans a priori. En ça, ce n’est pas du militantisme. J’essaie d’être au temps présent de ce qui se passe. C’est pour ça que mes films ne peuvent pas apporter de réponse, parce qu’ils questionnent le présent ». Propos recueillis par Manon Guichard – Extraits du Journal du festival « Cinéma du réel »

Programmation

France – 2011 – 1h14 – Couleur – 1.77 – Stereo – Visa n°130933 – Distribué par Editions Montparnasse (Programmation : Fleur Delourme) – 12 villa Cœur de Vey 75014 Paris – Tél : 01 56 53 56 82.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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