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Sarkozy et l’écologie : loin de la rupture

"Je veux l'emploi pour tous par le développement durable"
Il y avait plus de 10 000 personnes le 1er mars dernier à Bordeaux, pour venir écouter et supporter Nicolas Sarkozy au Parc des Expositions. Thème de ce « gros » meeting régional : le « développement durable », une matière chère (récemment) à Alain Juppé. A cette occasion, le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle Nicolas Sarkozy a dénoncé ce qu’il juge être des excès de l’écologie : « On ne sauvera pas l’humanité en faisant de l’écologie une idéologie totalitaire, qui se donnerait pour objectif de libérer l’homme de la civilisation pour le renvoyer à l’état sauvage », a déclaré le ministre de l’Intérieur devant plusieurs milliers de personnes, lors d’une réunion publique à Bordeaux consacrée à l’environnement. « On ne sauvera pas l’humanité en appauvrissant tout le monde et en partageant le travail. Je refuse que l’on somme l’homme de choisir entre la croissance et le respect de l’environnement », a-t-il poursuivi. « Je veux le progrès économique dans le respect de la planète, et c’est possible ! Je veux l’emploi pour tous par le développement durable. » Nicolas Sarkozy avait choisi de consacrer la plus grande partie de son discours à la « politique de la vie » qu’il promet de mener s’il est élu le 6 mai, en particulier dans le domaine de l’environnement. Il a cependant lancé une mise en garde contre la tentation de passer d’un excès à l’autre. « Hier, l’homme avançait sans réfléchir (…) causant des dégâts à jamais irréparables. Aujourd’hui, le même homme n’ose plus bouger, lesté par les remords, la culpabilité et le principe de précaution », a-t-il déclaré. « Hier on faisait trop. Aujourd’hui, on a la tentation de ne plus rien faire. » « Certains proposent de tout arrêter, de revenir en arrière, de récuser la science (…) Je ne partagerai jamais cette opinion que le progrès est dans l’immobilisme », a-t-il ajouté. « Je veux être le candidat qui prépare la France aux changements inéluctables qui lui permettront d’épouser le monde de demain. » Il a énuméré ses propositions, déjà exposées à plusieurs reprises, en matière de protection de l’environnement et de promotion d’un développement durable, dont l’instauration d’une responsabilité « illimitée » des maisons-mères pour les dégâts causés à l’environnement par leurs filiales. « Je n’accepte pas que l’on puisse saccager un territoire et fuir du jour au lendemain sans avoir de compte à rendre sur ses actes », a-t-il souligné. « C’est une révolution par rapport au droit commun de la responsabilité limitée. » Le président de l’UMP a promis, s’il est élu, de faire inscrire cette responsabilité illimitée des maisons-mères dans le droit européen et réaffirmé qu’il proposerait la création d’une « organisation mondiale de l’environnement ». Alors que Nicolas Sarkozy tenait ce meeting à Bordeaux, Greenpeace lui demandait au même moment d’adopter une position claire pour un moratoire sur les cultures d’OGM en plein champ et d’abandonner le projet de nouveau réacteur nucléaire EPR. Sur les OGM, le contrat de législature 2007-2012 de l’UMP précise : « Nous pensons que le service rendu par les OGM n’est toujours pas probant au regard des risques et des inquiétudes qu’ils soulèvent […] Ne pas accepter l’utilisation des OGM en l’état des connaissances scientifiques, mais poursuivre la recherche et associer tous les partenaires (chercheurs, représentants des agriculteurs, associations de défense de l’environnement…) à son contrôle et à son évaluation ». La seule traduction crédible de cette position est l’engagement d’un moratoire sur les cultures en plein champ d’OGM. « Toute autre stratégie constituerait une validation de fait des cultures d’OGM en France. Nicolas Sarkozy doit entendre que 86% des français réclament une interdiction des OGM (sondage CSA.06) » explique Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France. Sur l’énergie, Nicolas Sarkozy propose notamment de « maintenir et renouveler le parc nucléaire ». Loin d’une rupture, il s’agit là de la poursuite pure et simple de la politique énergétique française engagée depuis plus de 40 ans avec des résultats pour le moins contrastés : la France ne parvient pas à réduire ses émissions de gaz à effet de serre ; elle consomme en moyenne autant de pétrole que ses voisins européens ; elle accuse un retard considérable en matière d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables, un marché de plusieurs dizaines de milliards d’euros, qui double tous les trois ans avec à la clé des centaines de milliers d’emplois non délocalisables. « 78% des français pensent qu’il faut développer en priorité les énergies renouvelables contre 19% qui défendent le maintien du nucléaire comme source principale d’énergie. Les budgets ne sont pas illimités. Mettre au minimum 3,5 milliards d’euros dans un projet EPR empêchera de développer en parallèle les renouvelables et de mettre en place des politique d’efficacité énergétique. C’est pourtant indispensable pour répondre à l’urgence du défi des changements climatiques » commente Yannick Jadot. Nucléaire civil, nucléaire militaire. Le nucléaire est un enjeu majeur de sécurité mondiale. Les coréens et les iraniens ont tout deux initiés leur programme d’armement nucléaire sur la base de programmes de coopération nucléaire prétendument civil. « Nicolas Sarkozy devrait d’abord tirer les leçons désastreuses de l’implication de la France dans le nucléaire irakien et iranien. Encourager la vente de la technologie nucléaire est irresponsable en terme de prolifération nucléaire. Les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables, qui sont aussi des énergies de paix, sont les seules solutions réalistes et existantes pour réduire notre dépendance énergétique et permettre comme l’a évoqué Mr Sarkozy de développer l’accès à l’énergie pour les pays du Sud. » conclut Yannick Jadot En conclusion, des propositions bien loin de la rupture promise par le candidat UMP aux débuts de sa campagne. D’ailleurs le parti ne récolte qu’un 8,5/20 par l’Alliance pour la Planète qui juge qu’il serait illusoire de penser pouvoir financer et le nucléaire et les énergies renouvelables, de financer et le développement du réseau autoroutier et celui des transports en commun. Il n’est pas possible de prôner une baisse de la production des déchets et leur valorisation par le recyclage, la méthanisation, le compostage, etc. si l’incinération se poursuit. La culture des OGM en plein champ condamne l’agriculture biologique, de même que le maintien des subventions à l’agriculture et la pêche européennes condamne les capacités de production des paysans et des pêcheurs des pays pauvres. Tant que ces contradictions ne sont pas levées, la crédibilité du projet du candidat est fragilisée.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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