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La terre d’au-delà : Une fable prémonitoire

de François Belpaire, artiste peintre, graveur et sculpteur

Sur la terre dévastée par toutes les calamités que les prophètes de malheur nous avaient pourtant annoncées, des groupes d’humains se réinventent un mode de vie à même les débris du passé. Deux jeunes gens partent à l’aventure pour explorer la variété des solutions adoptées par chacun. Chemin faisant, ils font des rencontres tantôt surprenantes, tantôt inquiétantes ou émouvantes. Le lecteur constate que « plus ça change, plus c’est pareil ». Nos jeunes voyageurs voudraient bien aider leurs semblables à éviter les erreurs de leurs pères, avec des résultats discutables sinon catastrophiques. Une fable morale pour ceux qui se demandent où s’en va le monde…

«Partout on nous parle des changements climatiques, de l’épuisement du pétrole et des nappes phréatiques, de la fin de la croissance économique et de l’effondrement du système capitaliste, des risques de pandémie, de la surpopulation qui nous guette, des guerres mondiales à venir ou déjà commencées, de l’holocauste nucléaire qui ne manquerait pas de se produire… Plusieurs ouvrages se consacrent à évaluer les effets de chacun de ces facteurs de risque. Personne ne s’aventure cependant à imaginer ce qui résulterait de tous ces dangers, s’ils agissaient de concert, en interaction les uns avec les autres. Dans ce roman, j’ai essayé de brosser un tableau de ce que ça pourrait donner. Ce n’est pas très scientifique, bien sûr, et nul ne peut prédire le futur de façon certaine au-delà d’un horizon rapproché – et encore! Mais ce n’est guère rassurant. Ce récit imaginaire, cette fable, est pourtant basée sur une étude bien documentée de l’évolution présente de notre monde. Dans la post-face, je tente de démontrer les fondements de la prospective qui sert d’assise à ce roman. J’ai écrit cette histoire pour moi-même d’abord, juste pour voir, comme on fait un croquis d’un projet pour se faire une idée de ce que ça donnera. Puis j’ai pensé que ça valait d’être communiqué à d’autres qui se posent le même genre de questions. Aucun des nombreux éditeurs auxquels j’ai soumis le manuscrit n’a partagé mon idée, je n’ai collectionné que des refus. J’ai donc résolu de diffuser ce texte via internet, par le site www.lulu.com, qui permet de faire de l’autoédition accessible à tous. Le lecteur intéressé pourra y acheter une copie imprimée du livre ou encore, télécharger une copie gratuite en format PDF, qu’il pourra lire à son aise sur son écran d’ordinateur ou sur sa liseuse électronique. » François BelpaireContacter l’auteur
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Les fondements de ce livre

Postface et justification par l’auteur : L’histoire [«La Terre d’au delà»] est une fiction, que j’aime qualifier de fable prémonitoire. Rien ne nous assure que les désastres que j’y ai imaginés se produiront, ni surtout qu’ils se produiront de la façon que j’ai évoquée ou selon la chronologie proposée. Tout indique cependant que nous sommes bien partis pour ça. Ou pour pire encore. Et qu’on pouvait le voir venir de loin. Sans prétendre à une revue exhaustive de la documentation sur le sujet, rappelons ici quelques points de repère. La fin de la croissance Dans leur fameux Rapport au club de Rome[[D.H. Meadows, D.I. Meadows, J. Randers & W.W. Behrens III, The limits of growth. A report to The Club of Rome. Abstract by E. Pestel, . ]], une équipe du MIT concluait dès 1972 (ma traduction) : Si les tendances actuelles du développement de la population mondiale, de l’industrialisation, de la pollution, de la production alimentaire et de l’épuisement des ressources se poursuivent sans modification, les limites de la croissance sur cette planète seront atteintes quelque part dans le courant du prochain siècle. Le résultat le plus probable de ceci sera un déclin plutôt brutal et incontrôlable tant de la population que de la capacité industrielle. Notons que l’étude du MIT exclut expressément l’impact d’événements « discontinus » tels que les guerres ou les épidémies, il faut donc la considérer comme particulièrement optimiste. Quelles que soient les valeurs accordées aux différentes variables du modèle mathématique utilisé, ces chercheurs arrivent au même résultat : compte tenu de sa nature exponentielle, la croissance mondiale bute sur un mur avant l’an 2100. La pollution atmosphérique et le réchauffement de la planète Il est de bon ton, ces jours-ci, de s’alarmer de la pollution, et plus particulièrement des gaz à effet de serre et de leur impact sur le « réchauffement du climat ». De 1990 à 2007, plusieurs rapports successifs du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), créé par les Nations Unies en 1988, ou du Programme environnemental des Nations Unies (UNEP) [[On trouve les résumés de ces rapports sur le site : www.unep.org.]], confirment et précisent d’année en année la menace que ceci constitue pour le milieu terrestre. Comme le lecteur intéressé à pu le lire ou l’entendre à satiété, les changements climatiques sont déjà en marche et ils ont commencé à perturber sérieusement l’environnement de notre planète, quoiqu’en dise l’administration Bush. Hubert Reeves[[H. Reeves, Le mal de terre. Éditions du Seuil, 2003.]] nous a fourni récemment une bonne synthèse de l’état de la situation. Augmentation de la fréquence et de l’intensité des écarts météorologiques, désertification de régions jadis fertiles, recul des glaces et du pergélisol dans l’arctique, migration et menace de disparition d’espèces animales et végétales, élévation du niveau des mers, affaiblissement de la couche d’ozone, tous ces phénomènes se poursuivront pendant le siècle à venir, même si on ramenait le taux de pollution à 10% au dessous du niveau de 1990, comme le voudrait le traité de Kyoto. Or, tout indique que les champions pollueurs du monde sont en train de torpiller même cette timide tentative de sauver le vaisseau du naufrage. La vie comme telle n’est sans doute pas à risque de disparaître. Elle a prouvé sa résilience depuis plusieurs centaines de millions d’années, à travers bon nombre de glaciations et autres impacts de météorites. Des espèces disparaissent, d’autres s’adaptent et évoluent. Ce grand jeu du vivant a en soi une beauté grandiose. Homo sapiens est cependant une des espèces menacées dans un avenir prévisible et il ne démontre guère de capacité d’adaptation à la hauteur du défi ! La fin du pétrole Mais il y a pire, et plus urgent peut-être que le réchauffement de la planète. On peut prévoir que le taux d’émission des GES (gaz à effets de serre) diminuera de façon draconienne au cours des années à venir, malgré l’incurie des pays industrialisés, à mesure que la production de pétrole diminuera inexorablement alors que la demande d’énergie augmentera prodigieusement avec la croissance des économies émergentes (la Chine et l’Inde notamment). Les prix de l’énergie exploseront (Ça ne fait que commencer !) et l’économie énergivore s’effondrera face à l’incapacité de la majorité du monde à en payer le coût. M. King Hubbert calculait, en 1959, que la production de pétrole des États-Unis atteindrait un pic en 1969 et ne pourrait que décliner par la suite, à mesure que les meilleurs gisements s’épuisent et que l’on serait obligé de se rabattre sur d’autres champs pétrolifères moins rentables. Les événements lui ont donné raison. Appliquée à la production mondiale de pétrole, la « courbe de Hubbert » prédit, selon les auteurs, qu’on atteindrait le pic mondial de production quelque part entre 2005 et 2015 environ – autant dire maintenant[[Voir notamment : wolf.readinglitho.co.uk.]]. L’énergie fossile – et plus particulièrement le pétrole – sont des ingrédients incontournables de tous les éléments constituants de notre « civilisation » technologique. Quel que soit l’objet manufacturé, les procédés de fabrication en sont tributaires, que ce soit pour sa matière première, pour sa fabrication même ou pour son transport. Les matières plastiques, les fibres synthétiques, un grand nombre de produits chimiques (dont des engrais, des pigments et des médicaments), un nombre croissant d’objets sont produits à partir du pétrole. Pourtant nous nous soucions à peine d’en assurer la récupération et le recyclage. Même si on ne considère le pétrole que dans sa dimension « source d’énergie », aucune combinaison de produits de rechange ne peut actuellement compenser son absence, en quantité, en coût et en qualité[[Voir notamment www.dieoff.org/synopsis.htm.]] . Le gaz naturel ? Il obéit à une courbe semblable et on calcule que la demande dépassera l’offre dans quelques années. Les sables bitumineux ? Même si leur extraction devient rentable avec la hausse du prix du brut, leur exploitation exige des quantités d’eau et produit des lacs de boues toxiques gigantesques, tout en n’assurant l’approvisionnement que pour quelques années. Le charbon ? Il paraît qu’il en reste pour plusieurs siècles, mais à quel prix pour l’atmosphère terrestre ? L’hydrogène, comme on sait, ne constitue pas une source d’énergie, seulement une façon – qui peut être commode, dans certaines circonstances – de l’entreposer, puisqu’il faut toujours davantage d’énergie pour la produire que ce qu’on peut en tirer. Le nucléaire produit des déchets qui demeurent radioactifs pour des siècles, mais surtout, les stocks mondiaux d’uranium qui constituent son intrant de base n’assurent guère plus d’un demi-siècle d’approvisionnement. La fusion nucléaire ? On est loin d’avoir trouvé le moyen de la réaliser de façon contrôlée pour plus qu’une infime fraction de seconde et l’énergie produite n’a pas dépassé, dans les meilleurs cas, 65% de l’énergie requise pour la produire. Les bio-carburants ? Il faudrait doubler la superficie cultivée du monde pour répondre aux besoins des véhicules actuels (voir plus bas pour la crise agricole appréhendée). L’énergie éolienne ou les cellules solaires ? Les superficies requises pour les installer sont telles qu’elles ne pourront jamais répondre qu’à une fraction des besoins d’énergie du monde. Quant à l’énergie hydroélectrique, la majeure partie des rivières exploitables sont déjà harnachées. Et encore, je ne considère ici que de la valeur énergétique du pétrole, sans considérer aussi son importance comme source de matières premières. Enlevez le pétrole – ou seulement le pétrole bon marché – et la très grande majorité des objets de notre confort quotidien disparaissent ou deviennent hors de prix. Quand le coût en énergie pour pomper un baril de pétrole dépassera la valeur en énergie que l’on peut extraire de ce baril, la limite absolue sera atteinte et « l’or noir » sera condamné à devenir un produit de luxe tout à fait marginal.[[Pour une bonne synthèse de toute cette question de « la fin du pétrole », voir: Paul Roberts, The end of oil : on the edge of a perilous new world. Boston, Houghton Mifflin, 2004.]] Et qu’arrive-t-il à une denrée dont la disponibilité diminue alors que la demande croît impérieusement ? D’abord il y une flambée des prix, avec les effets que l’on peut prévoir sur l’économie. Puis ceux-ci se répercuteront inévitablement sur les tensions mondiales entre les pays riches qui s’accaparent de la marchandise convoitée et le reste du monde, qui contemple à la télévision (s’ils y ont accès) comment l’écart se creuse entre les uns et les autres. Quand l’injustice devient trop criante, la violence éclate et tente de ramener l’équilibre. Cela est déjà commencé : quel autre enjeu justifie la guerre menée actuellement par les puissances occidentales au Moyen- Orient ? S’il n’y a plus assez de pétrole pour tout le monde, on se l’accapare pour maintenir notre propre confort (« the american way of life… »), et tant pis pour les autres. Et si les autres, les Chinois par exemple, sont puissants, cela ne se fera pas sans opposition. D’aucuns considèrent la guerre en Irak comme le prélude de la troisième guerre mondiale[[Par exemple: El Hassan Bin Talal, The Third World War is now. In: The Globe and Mail, Toronto, April 7, 2004, Page A19.]]. Face à la pénurie d’un denrée considérée essentielle pour la vie, plusieurs solutions sont possibles. On peut faire un grand effort concerté pour l’économiser et la partager. On peut limiter le nombre des utilisateurs (en contrôlant la croissance de la population mondiale). Ou on peut s’approprier de force la chose convoitée pour se retrancher, avec quelques autres privilégiés, derrière des fortifications infranchissables dont on interdit l’accès au reste de l’humanité. N’est-ce pas cette dernière option qui est actuellement en train de s’installer dans le monde, derrière les murs et les frontières qui se consolident et les puissances militaires qui s’affirment ? Jacques Attali[[Notamment : J. Attali, Fraternités : une nouvelle utopie. Fayard, 1999.]] avance les termes d’archipel ou de bunkers des riches pour décrire comment une élite se barricade dans des îlots protégés contre la convoitise des nomades laissés pour compte, comme cela se voit déjà dans ces banlieues clôturées et défendues par une milice privée. Je n’ai donc pas eu à chercher très loin pour imaginer les forteresses des Kyriarches (chapitre II). Pour bien marquer le point, le géologue Richard C. Dunkan[[R.C. Dunkan, The Olduvai Theory. Institute for Energy and Man, 1996.]] a avancé la théorie d’Olduvai : pour lui, l’apogée de la civilisation industrielle que nous vivons ne sera jamais qu’un bref intermède de quelques dizaines d’années (de 1930 à 2025 environ) dans l’histoire de l’humanité, qui s’étend sur plusieurs dizaines de milliers d’années. Après un sommet, rendu possible par la disponibilité d’immenses quantités d’énergie à bon marché, et que Dunkan situe vers 1990, il ne peut y avoir qu’une régression abrupte qui nous ramènera – ironise-t-il – à l’âge de pierre. Nous vivrons alors comme ces hominiens dont L.S.B. Leakey a trouvé les crânes et les outils de pierre taillée dans les gorges d’Olduvai en Tanzanie. On a vu comment le « professeur Holloway » a fait son profit de cette théorie (chapitre III). Quant à la troisième guerre mondiale, peut-être l’éviterons-nous ? Peut-être les hommes au pouvoir seront-ils devenus des sages ? Peut-être au moins auront-ils assez de retenue pour résister à la tentation de déchaîner leur arsenal nucléaire, qui dort toujours dans les soutes ? Espérons, c’est tout ce qu’on peut faire. Mais devant un enjeu aussi immense que la survie, les humains sont prêts à tenter n’importe quoi. On sait à peu près comment une guerre commence, on ne sait jamais comment elle finira. La pénurie d’eau douce Et puis il y a une autre menace, toute proche. Avec une vision plus large, le spécialiste des questions agricoles mondiales, conseiller de plusieurs présidents des États- Unis, Lester R. Brown[[L.R. Brown, Plan B : Rescuing a Planet under Stress and a Civilization in Trouble. New York, W.W. Norton & Co, 2003. Notons que l’auteur produit des mises à jour continuelles de son diagnostic de la planète, notamment par ses rapports annuels (State of the world, depuis 1984) et par son site web www.earth-policy.org.]] publiait son « Plan B » (2003). Il y prévoit l’effondrement prochain de la capacité de nourrir la population du monde. C’est principalement l’épuisement des ressources en eau douce qui en sera la cause. La fameuse « révolution verte » qui a permis d’augmenter la productivité agricole depuis un demi-siècle et de mieux nourrir la population grandissante de la planète, repose principalement sur des moyens plus efficaces d’extraire l’eau des nappes phréatiques souterraines ou des cours d’eau pour irriguer les cultures (et un peu aussi sur la disponibilité d’engrais chimiques et de pesticides, produits notamment à partir du pétrole). Or, les cours d’eau sont surexploités au point que plusieurs grandes rivières s’assèchent avant d’atteindre la mer (le Nil, le Fleuve Jaune, l’Indus, le Colorado…). Les glaciers, qui servent de régulateurs de débit pour de nombreux grands fleuves, fondent à vue d’oeil. De nombreuses réserves d’eau souterraines s’épuisent plus vite qu’elles ne se reconstituent. Certaines d’entre elles sont des nappes dites « fossiles », qui furent constituées à la fin de la dernière ère glaciaire (il y a 12 000 ans !) et dont les géologues prévoient l’épuisement au cours des quelques années à venir sans qu’elles ne puissent se renouveler. Ceci serait notamment le cas dans les grandes plaines productrices de céréales, tant en Chine et aux Indes qu’aux États-Unis. Or s’il y a des solutions de rechange partielles à la pénurie de pétrole, il n’y en a guère au manque d’eau douce (le dessalement de l’eau de mer n’est évidemment pas envisageable, car trop coûteux en énergie). Ajoutez à cela l’érosion des sols et la désertification qui sont des problèmes largement répandus dans le monde, les changements climatiques déjà mentionnés et les inégalités sociales qui s’accentuent, avec leur train de conséquences (analphabétisme, épidémies, croissance démographique hors contrôle, tensions sociales et situations de guerre, migrations massives vers les pays riches…) Il y a là tous les ingrédients pour provoquer une déflagration majeure au niveau de la planète. Que faire ? Heureusement, il y a un remède, nous explique encore L.R. Brown. C’est ce qu’il appelle le « Plan B ». Pour aussi peu annuellement qu’un dixième de ce que les grandes puissances dépensent en matériel de guerre, soit 62 milliards de dollars (contre les 662 milliards des budgets militaires), il propose un ensemble de mesures qui inverseraient l’évolution fatale. Le plan est relativement simple. Il comprendrait, au niveau planétaire, l’instruction élémentaire pour tous, un programme d’alphabétisation des adultes, une vaste campagne d’hygiène reproductive et de planification familiale, l’utilisation généralisée du condom, un programme de repas scolaires pour les 44 pays les plus pauvres, l’assistance aux jeunes mères et aux enfants d’âge préscolaire pour ces mêmes pays, et un régime universel de soins de santé. (Les changements dans les pratiques d’irrigation et d’exploitation agricole, chers à cet auteur, suivraient sans doute par surcroît.) Ce plan d’attaque ressemble beaucoup à celui qu’on trouvait déjà dans le rapport du Club de Rome, que nous mentionnions plus haut, et dans d’autres sources similaires. Le temps presse cependant et il y a urgence. Brown compare la situation à celle qui prévalait aux États- Unis d’Amérique après l’attaque sur Pearl Harbor : en quelques mois seulement, toute l’économie américaine a été convertie d’une entreprise commerciale à une industrie de guerre, ce qui fut un exploit gigantesque. Un virage aussi colossal est nécessaire, et tout de suite, pour éviter la catastrophe. Or, rien ne se passe. Au sommet du G8 à Gleneagles, en Écosse (Juillet 2005), le communiqué final promet un peu d’aide pour l’Afrique mais remet à plus tard les actions envisagées concernant l’environnement. À Bali, en décembre 2007, la 13ème conférence des Nations Unies sur les changements climatiques arrive péniblement à une résolution finale où l’on s’entend qu’il faut prévoir une suite au protocole de Kyoto, qui expire en 2012, et réduire sérieusement les gaz à effets de serre, mais sans préciser d’objectif chiffré. Au Canada, l’automne 2008 marque l’échec fracassant d’une campagne électorale courageuse, basée sur un « virage vert » qui prévoit une taxe sur les émissions de carbone et, à terme, une bourse de carbone avec des plafonnements rigoureux. Même l’élection de Barack Obama à la présidence américaine ne promet peut-être pas de changements majeurs dans les orientations, malgré les espoirs qu’elle suscite à travers le monde. Une crise économique mondiale qui s’amorce relègue aussitôt à l’arrière-plan tout ce qui ne concerne pas directement le sauvetage du système capitaliste, et toujours on cherche la solution dans la même direction: croissance, croissance, croissance. Personne ne songe vraiment à remettre en question le fonctionnement sociopolitico- économique qui nous conduit à l’impasse. Si on veut que ça bouge, il va falloir pousser fort sur les instances décisionnelles. Il faut alerter l’opinion mondiale, il faut créer une vague de fond dans la mentalité collective. Il faut penser un peu plus loin que notre petit confort acquis, puisqu’il ne l’est pas pour longtemps de toutes façons. C’est ce genre de réflexions qui m’a amené à écrire cette fable, en imaginant un monde qui se situe au-delà des grands cataclysmes appréhendés. Cette projection futuriste n’a pas de prétention scientifique, mais elle est fondée sur les évaluations les plus crédibles que j’ai pu trouver de l’état de la situation du monde. Je reconnais aussi que j’ai triché un peu, peut-être… : je me suis facilité la vie en faisant mourir les neuf dixièmes de l’humanité, dans les divers cataclysmes antérieurs à ce récit, de manière à laisser de l’espace à ceux qui restent pour s’y refaire une existence. De tels élagages de la population mondiale semblent pourtant s’être produites à quelques occasions, au cours de l’histoire ou de la préhistoire. Peut-être, dans un livre prochain, tenterai-je d’imaginer le monde futur avec l’hypothèse d’une population mondiale qui dépasserait les dix milliard. Ce sera hallucinant ! Je sais, mon histoire convaincra les croyants et laissera sceptiques ceux qui ne veulent pas entendre. Mais sait-on jamais. Partout où je passe, ces jours-ci, j’entends parler des craintes des gens. Je veux joindre ma voix au concert grandissant de ceux qui veulent arrêter la machine infernale. Nous vivons dans l’époque la plus riche, la plus gâtée de l’histoire humaine, et nous sommes de plus en plus nombreux à croire que cela ne peut pas durer, que la dégringolade est inévitable… À moins que ? Mais si quelque chose doit changer, il faudra faire plus que troquer la voiture pour la bicyclette de temps en temps ou manger végé une fois par semaine. Il faut une redistribution rigoureuse de la richesse et une révision draconienne des moyens de production au niveau mondial. Et pour cela, il faut mobiliser un poids politique et social assez fort pour faire bouger la structure du pouvoir et l’inertie du confort de Monsieur Toutlemonde. Mais que peut-on faire ? Tout comme Jean et Pierre dans notre histoire, chacun se sent tragiquement impuissant face à un système global qui semble s’emballer tout seul. Personne cependant ne peut plaider l’ignorance pour justifier son inaction. Depuis au moins trente ans, sans répit, les experts nous indiquent la voie à suivre et nous avertissent que le temps d’agir efficacement s’abrège dangereusement.

La solution est simple et épouvantablement difficile

Sans prétendre être expert en la matière, je connais quelques pistes évidentes. Aucune contribution n’est insignifiante mais c’est la somme de toutes qui fera une différence. Tous les moyens pour remédier à la menace existent. Un certain nombre de ces moyens relèvent de la technologie et peuvent être mis en place pour soulager, mais non pour annuler le problème (production d’énergies alternatives, techniques agricoles « durables », limitation de la production des déchets et technologie sérieuse du recyclage, etc., etc.) Rien cependant ne bougera vraiment sans un nouveau pacte social au sein de l’humanité, basé sur le souci de l’équité et du bien-être d’autrui. À la base, il faut une volonté collective (politique), partagée par suffisamment de monde sur la planète pour infléchir la trajectoire du monstre que nous avons engendré. J’imagine un immense parti vert mondial, dont la charte énoncerait, sous l’article un, le principe fondamental : Prendre soin de la vie sous toutes ses formes. Et cela va du souci de ma voisine malade, en passant par le respect du petit marais au bord de la rivière, jusqu’à l’abolition des subventions déloyales à l’agriculture des pays riches et la remise des dettes des pays pauvres. Cela demandera évidemment une inversion majeure de la hiérarchie des valeurs mercantiles et dominatrices qui prévalent actuellement. Cela prendra de la générosité, de l’humilité, de la compassion et une immense détermination partagée par tous. Je repense souvent à cette fable, entendue quelque part (si j’en connaissais l’auteur, je lui en reconnaîtrais volontiers le crédit) : Un voyageur arrive en enfer. Il y voit de nombreux convives attablés à un immense banquet. Les mets les plus riches et les plus savoureux débordent des plats. Pour manger, chaque convive dispose d’une grande fourchette d’or pur, trop longue cependant pour qu’il puisse la porter à sa bouche. Chacun se contorsionne pour attraper un morceau et l’espace résonne des hurlements de rage des malheureux, qui meurent éternellement de faim et de gourmandise frustrée faute de pouvoir engouffrer une bouchée de ces délices inaccessibles… Le même voyageur continue sa route, il arrive au paradis. Il y trouve un grand nombre de convives attablés à un immense banquet. La table déborde des plats gastronomiques les plus fins. Chaque convive dispose, pour s’en servir, d’une longue fourchette d’or pur, trop longue pour qu’il puisse se la porter à la bouche. Alors chacun choisit avec soin une bouchée… et l’offre à un autre convive, assis un peu plus loin, juste à portée de sa fourchette. Des murmures de satisfaction et de bonheur remplissent la place, pour l’éternité… Ah, et puis encore ceci : certains lecteurs auront peut-être reconnu, dans le cheminement de Jean (au chapitre XVI), l’inspiration du Cantique des créatures de François d’Assise. On a beau être mécréant, mon saint patron, le poverello, je crois bien qu’il tenait là quelque chose.

 

La terre d’au-delà, une fable prémonitoire, par François Belpaire.
2009. 214 pages. Autoédition distribuée par Lulu.com.

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