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Résilience des initiatives agroécologiques en temps de crise par Terre & Humanisme

A l’heure où les frontières se ferment et où les déplacements des individus et des marchandises sont fortement limités à cause de la crise du Covid-19, l’hyper-dépendance de nos systèmes économiques est questionnée. Les enjeux de souveraineté alimentaire, d’autonomie des paysans, de relocalisation territoriale des systèmes alimentaires, promus depuis de nombreuses années par Terre & Humanisme et ses partenaires à travers la diffusion de l’agroécologie, prennent tout leur sens. t_h.jpg.png La regrettable crise sanitaire actuelle permet de mettre en lumière les nombreuses failles de nos systèmes agricoles et alimentaires, trop dépendants des importations ou de la main d’œuvre étrangère. Aujourd’hui apparait clairement le caractère vital, pour chaque pays, chaque territoire, d’être en mesure de produire son alimentation localement, afin de nourrir sa population et de ne pas dépendre de produits importés. Cela passe par plusieurs moyens : le soutien aux paysans et à l’agriculture paysanne, la préservation et la diffusion de semences paysannes diversifiées, mais aussi la création de systèmes de circuits-courts et de partenariats directs entre producteurs et consommateurs. Les initiatives mises en place par Terre & Humanisme et ses partenaires témoignent aujourd’hui de la pertinence de s’inscrire dans une démarche agroécologique à l’échelle des territoires, créant ainsi de la résilience pour surmonter la crise du Covid-19 et préparer le monde d’après.

Au Maghreb et Proche-Orient

Au Maroc, les marchés paysans éco-solidaires ainsi que d’autres ventes en circuits courts de plusieurs grandes villes (Rabat, Casablanca, Mohammedia, Marrakech, etc.), soutenus par le RIAM (Réseau des Initiatives Agroécologiques au Maroc), ont été suspendus en raison des règles de confinement. Néanmoins, les producteurs locaux ont trouvé d’autres moyens pour maintenir les liens avec les consommateurs. Ils ont mis en place un système de livraison pour alimenter les consommateurs à domicile, ou bien dans des points de rencontre par quartier. « Les circuits-courts répondent parfaitement aux besoins des citoyens dans ces moments de confinement » nous confie Rachida Mehdioui, présidente du RIAM. En Egypte, l’initiative « Rdna » située à Kmt House dans le quartier de Maadi au Caire s’est également transformée pour livrer les consommateurs du Caire en produits frais issus des fermes environnantes. Avant le confinement, on trouvait à Kmt House un restaurant et une boutique paysanne, alimentés par plus de 50 producteurs. Face à la crise, cette initiative a su s’adapter et permet aujourd’hui de fournir de la nourriture aux habitants du Caire et de maintenir un revenu pour 30 personnes qui assurent la logistique et la livraison des produits. soraya2.jpg En Algérie, les jardins partagés créés à Alger par le Collectif Torba offrent à 80 familles une source de nourriture saine. Ce sont autant de parcelles qui permettent aux jardiniers de tendre vers l’autonomie alimentaire en fruits et légumes de saison. D’autre part, les distributions hebdomadaires de couffins de fruits et légumes type « AMAP », en vente directe, sont toujours opérationnelles. Elles permettent aux producteurs de continuer à écouler leur production et aux consommateurs d’accéder à des produits sains, locaux et de saison sans besoin de faire la queue au supermarché, où les rayons sont souvent peu remplis actuellement.

En Afrique de l’Ouest

A Ouagadougou, au Burkina Faso, le confinement n’est pas encore d’actualité mais les autorités burkinabè préconisent les mesures de distanciation sociale et ont ordonné la fermeture des marchés. Les compagnies de transport qui faisaient la liaison entre les différentes villes sont fermées et les villes où des cas de COVID-19 ont été détectés, mises en quarantaine. Ces mesures de lutte contre la propagation du virus ne permettent plus à l’association Béo-Nèeré d’écouler sur les marchés biologiques de la capitale la pomme de terre et l’oignon produits par les groupements qu’ils accompagnent à Ouahigouya (Région Nord). C’est donc sur les capacités d’écoulement des circuits de commercialisation locaux que reposent les revenus de nombreuses familles paysannes. A Ouagadougou, Abel et Hamidou, les ouvriers de la ferme-école de l’association sont à pied d’œuvre pour participer à l’approvisionnement des habitants de la ville en légumes maraichers agroécologiques. Ivette et Djamila, les chargées de commercialisation, sont également très sollicitées depuis le début de la crise sanitaire. L’ensemble de l’équipe de l’association a participé à la promotion sur les réseaux sociaux des produits maraichers agroécologiques disponibles issus de la ferme-école. Au regard du nombre de coups de téléphone reçus et des commandes en ligne, il semblerait que les produits locaux gagnent de nouvelles parts de marché et que les habitudes d’achats changent en faveur d’une consommation très locale. Les livraisons à domicile sur commande ont presque doublé depuis la mi-mars. Les habitués des marchés biologiques et agroécologiques de Ouaga 2000 le samedi matin et de l’Etrier le dimanche matin ne se déplacent plus ; ce sont les légumes qui viennent à eux. De même, sur la ferme on ne rencontre plus les clients adeptes de la vente directe. Gants, masques, gels hydro-alcooliques et gestes « barrière » sont de mise lors des récoltes et du conditionnement des légumes sur la ferme. Dans les paniers, ce ne sont pas seulement les légumes frais que l’on retrouve mais également les produits transformés, séchés au soleil pour la plupart. Séchés, le persil, céleri, moringa, et boulvanka se conservent plus longtemps et améliorent merveilleusement bien les sauces, tout en préservant leurs nutriments.

En Ardèche, France

Durant cette période exceptionnelle, avec l’arrêt de marchés de plein vent et d’autres systèmes de vente, les flux de produits bio sont amenés à être réorganisés afin de maintenir les débouchés des producteurs bio et d’approvisionner les consommateurs. Le développement de points de vente à la ferme, ou des tournées de livraison, sont des solutions déjà opérationnelles qui rencontrent un vif succès. Agri Bio Ardèche propose « un outil d’échange entre les producteurs Ardéchois et éventuellement les structures de distribution de produits bio. Il ne s’agit pas de faire de l’intermédiation entre producteurs et consommateurs, simplement de faciliter les échanges pour que chacun puisse s’adapter en cette période spéciale ». Le Réseau des CIVAM en régions (cela concerne à l’heure actuelle l’Auvergne, l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et le département de la Loire) a créé une cartographie collaborative, pour maintenir et développer la vente en circuits-courts par différents moyens (groupements d’achats, AMAP, boutique paysanne, vente à la ferme…). Les AMAP en place continuent, et les producteurs s’assurent de pré-remplir les paniers pour leurs adhérents, afin de limiter les contacts. De nombreux consommateurs prennent conscience du risque accru de se fournir dans les grandes surfaces, et privilégient donc les petits marchés ouverts, encore en place dans certains villages, ou les paniers en livraison. Avec notre partenaire Habitat & Humanisme, le projet de jardins solidaires prend encore plus de sens lui aussi en cette période, où les populations les plus fragiles sont souvent les plus touchées par la crise. Bien que les ateliers réguliers de jardinage soient suspendus actuellement, les habitants des foyers d’hébergement et de centres d’accueil continuent, en autonomie, à bénéficier de leurs « jardins solidaires ». Ces espaces extérieurs restent un accès privilégié pour s’évader de la morosité ambiante, et leur permettent parfois aussi de toucher du doigt une certaine forme d’autonomie, car certains produisent assez pour savourer en cuisine le fruit de leur labeur. Ce projet porteur d’espoir nous conforte dans l’idée d’une nécessaire consolidation après la crise, pour essaimer ces espaces vivants et en faire bénéficier un plus grand nombre de personnes. plants-225x300.jpgA la campagne, on note que le confinement offre plus de temps aux familles pour cultiver leur lopin de terre. En témoignent plusieurs salariés de Terre & Humanisme et connaissances locales, ravis de trouver des ressources gratuites sur internet pour optimiser leur jardin en ce printemps confiné, ainsi que de pouvoir accéder à des graines et plants potagers en vente autorisée, depuis début avril. Les jardiniers-animateurs de Terre & Humanisme, qui habituellement passent le plus clair de leur temps à transmettre les techniques agroécologiques aux différents publics accueillis dans les jardins, consacrent depuis un mois leur temps aux cultures, pour maintenir la terre fertile et produire des plants pour la saison chaude. Il va sans dire que l’agroécologie trouve tout son sens en cette période particulière, où l’on se relie à l’essentiel. Chacun prend conscience de la richesse qu’offre le fait de produire sa propre nourriture, et/ou de consommer les produits cultivés par ses paysans locaux, ses voisins, ou amis. Et si cette crise nous permettait, ensemble, de construire un « après » plus résilient, plus juste et plus durable ?

L’agroécologie se cultive pour un monde meilleur

terre_humanisme.png Depuis 25 ans, Terre & Humanisme partage, transmet et soutient une agriculture écologique, humaine et solidaire inspirée de Pierre Rabhi. Parce que l’agroécologie se cultive ensemble pour réussir la transition, Terre & Humanisme s’adresse aux particuliers comme aux professionnels, et s’appuie sur un solide réseau de partenaires et d’animateurs en agroécologie, en France et à l’international. – 10000 paysans accompagnés à l’international et 160 organisations de producteurs soutenues dans leur démarche agroécologique. – 20000 personnes sensibilisées à l’agroécologie en France chaque année par le réseau des animateurs en agroécologie (ATH). – 14000 heures de formations en agroécologie dispensées tous les ans, en Ardèche et dans nos 7 lieux partenaires en France.

 

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